Project Mémoire

Joan Elaine Glustien Baker

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Joan Glustien
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Joan et son époux, le Lieutenant A.E. Glustein, Aviation Royale Canadienne, le jour de leur marirage : le 10 juin 1945 à Stamford en Angleterre.
Joan Glustien
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Certificat de Démobilisation de l'Aviation Royale Canadienne de Joan Glustein, il est daté du 31 janvier 1945.
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Aaron et Joan Glustein le 10 juin 1995 : leur 50<sup>ème</sup> anniversaire de mariage.
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Boîte à bijoux en chêne offerte à l'Aviateur-Chef joan Glustien par les habitants de Stamford, Lincolnshire en Angleterre pour la remercier de ses services pendant la Seconde Guerre Mondiale.
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Joan lors de son service sur la base d'Oakington à Cambridgeshire, Angleterre en 1944.
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Je faisais un travail qui s’appelait opératrice des renseignements aériens parce que les messages arrivaient des stations radar tout le long des côtes britanniques et on était autour d’une table qui était aussi grande que la salle avec une carte de l’Angl

Je me suis engagée dans l’armée de l’air en 1941. En Angleterre à cette époque, pour les femmes il y avait la conscription à l’âge de 18 ans avec la signature de leurs parents. Et vous pouviez prendre l’armée de terre, la Marine, l’armée de l’air, la (Women’s) Land Army (NDT : pendant les deux guerres mondiales, corps composé de femmes, chargé des travaux agricoles en l’absence des hommes). Et j’étais fana de l’armée de l’air, depuis que j’étais toute petite, parce qu’on avait une petite base aérienne près de chez nous et on avait souvent ces avions qui venaient, vous savez, ceux où les femmes marchaient sur les ailes et des choses comme ça. Je les trouvais tout simplement fantastiques.

Et alors la question ne se posait même pas j’allais entrer dans l’armée de l’air mais je n’étais pas assez vieille. Alors j’ai imité la signature de mon père ; le jour de mes 17 ans, j’étais dans l’armée de l’air. Et je me demandais ce que j’allais faire parce qu’à ce moment-là, je n’avais pas vraiment pensé à quitter la maison.

Et j’ai été envoyée dans une base dans le sud. Et vous ne saviez pas vraiment où vous alliez, il y avait le blackout, il n’y avait pas d’essence, pas de carburant, alors vous n’aviez que les transports militaires pour y aller. Et ça a été ma première expérience, on m’a donné un uniforme, un couteau, une fourchette et une cuillère ; très important. Si vous les perdiez, vous n’aviez pas à manger.

Il y avait des femmes qui venaient de toute l’Angleterre, des centaines de femmes. Ils commençaient, on devait se lever le matin avec un haut-parleur à 6 heures et sortir et apprendre à saluer et comment défiler et comment marcher au pas. Même la marche pour les funérailles, qui était très difficile. Mais ensuite est arrivé le moment où on choisissait, mon beau-frère était un pilote de la bataille d’Angleterre et il avait beaucoup d’expérience. Mais il m’a dit, bon, si tu fais ça, chaque fois que quelqu’un te demande où tu veux être, dis simplement, commis, fonctions spéciales. Et il a dit, ne t’éloigne pas de ça, répète tout le temps ça, parce que c’est quelque chose de très nouveau qui vient d’être crée et c’est juste les débuts pour la formation du personnel. Et il a dit, tu as fait de bonnes études, ce serait très bien pour toi. Alors j’ai fait ça. Et c’était les radars, c’était la première fois que la Grande-Bretagne avait des radars. Les allemands en avaient et quand nos bombardiers allaient là-bas, ils les attendaient, parce qu’ils savaient exactement où ils étaient.

Et puis j’ai fait ma formation à Stanmore (Park) à Londres et c’était une formation très complète. Je faisais un travail qui s’appelait opératrice des renseignements aériens parce que les messages arrivaient des stations radar tout le long des côtes britanniques et on était autour d’une table qui était aussi grande que la salle avec une carte de l’Angleterre et une carte de la côte au retour de l’Allemagne, l’Écosse et l’Irlande. Et on portait des écouteurs sur les oreilles branchés sur la table et puis tout à coup une voix arrivait d’une des stations sur la côte qui vous donnait un nombre d’appareils et à quelle altitude ils pensaient qu’ils étaient. Et à l’étage, il y avait un officier supérieur qui faisait le tour sur une espèce de balcon et il regardait tous les plots qui étaient sur la table. Et de là il pouvait dire combien d’avions, à quelle altitude ils étaient et où ils se trouvaient exactement et vers où ils se dirigeaient.

Et tous les avions anglais à l’époque étaient équipé de quelque chose qui s’appelait le IFF, identification ami/ennemi, alors c’était très facile parce qu’on pouvait séparer les ennemis de nos propres avions. C’était une très, très bonne chose.

Alors après mon premier poste, parce que je croyais, bon, j’ai des frères et des sœurs, j’avais deux frères dans l’armée de terre, un frère dans l’armée de l’air et une sœur dans la marine. Mais quand ils nous ont donné nos affectations, ils ont dit, vous avez beaucoup de chance, vous êtes les premières WAAF (Personnel féminin auxiliaire de l’armée de l’air) à aller en Irlande du Nord. J’ai pensé, oh mon Dieu, ils nous envoient outre-mer. Et ça me contrariait un petit peu et le voyage jusqu’en Irlande a été épouvantable. Vous savez, la mer d’Irlande est terrible.

Et nous sommes arrivés en Irlande et, une fois encore, je ne suis pas sur une base aérienne. Et maintenant, on travaille comme des troglodytes, on est sous terre tout le temps. On est dans le ; les centres de renseignements étaient toujours construits en souterrain. Alors j’étais très contente d’être là. C’était très dur parce que sur la carte de l’Irlande, il y avait une grande ligne en travers qui marquait la frontière évidemment parce que l’Irlande du Sud n’était pas en guerre.

Et on avait entendu dire que, vous savez que les sous-mariniers (allemands) pouvaient aller là-bas pour qu’on s’occupe d’eux en Irlande du Sud. Alors c’était un petit peu risqué. Mais la première fois qu’on m’a placée sur la table, j’étais branchée avec une fille qui savait ce qu’elle faisait et pour moi c’est la première fois sur la table. Et tout à coup, cette voix arrive dans mon casque et je commence à répandre ces plots et toutes ces infos sur la table et tout à coup le contrôleur en haut hurle : « Mais qu’est-ce qu’elle fabrique cette fille-là ? » Et j’étais en train de placer ces appareils dans le sud de l’Irlande, qui remontaient vers l’Irlande du Nord sans IFF.

Et alors il y a eu une grosse panique et puis tout à coup le sergent a compris ce que je faisais et en fait le positionnement était censé se porter sur un exercice de chasseur autour de Belfast, je mettais les plots dans le sud. Alors c’était la panique totale parce qu’ils ont pensé que c’était quelque chose qui était vraiment en train de se passer dans le sud de l’Irlande et qu’ils se dirigeaient sur Belfast. Grands débuts. Ça a pris un certain temps avant qu’on me la pardonne celle là.

Et puis de Belfast, on m’a envoyée à Nottingham (Angleterre) et à nouveau, sous terre. Et on a passé un bon moment à Nottingham et c’était assez près de chez moi, alors ça me plaisait bien, je pouvais rentrer à la maison en permission. On travaillait par périodes, de longues périodes de travail et je me suis fait deux très bonnes amies là-bas.

Ça a été une très bonne expérience. Je n’étais que sur la table des plots et c’était déjà très palpitant. Et puis on s’est occupés de positionner des milliers de raids aériens et c’était très excitant parce que on avait tous ces machins là dessus. Et ensuite on était toujours en train de suivre avec les plots, alors on les avaient à leur retour d’Allemagne et très souvent, quand un avion s’arrêtait, le petit spot qui venait de cet avion en particulier ou un groupe d’avions stoppait, neuf fois sur dix, c’était quelqu’un qui avait bu la tasse. Et alors on mettait une marque spéciale à cet endroit-là comme ça les recherches et les équipes de secours du lendemain savaient où aller. Alors c’était, vous saviez que vous faisiez quelque chose qui était vraiment vital et c’était merveilleux. Je veux dire, ce n’était pas merveilleux parce qu’il y avait la guerre mais j’adorais ce que je faisais et j’étais vraiment bonne là dedans.