Project Mémoire

Joan Longley

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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Photo de Joan Longley en 2010.
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Joan Longley
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Photo du couvre-chef du Service Territorial Auxiliaire de Joan Longley.
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Photo de Joan Longley en 1943 au Fred Ash Studio en Angleterre.
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J’avais une profession donnant droit à l’exemption du service militaire. Je travaillais dans un hôpital militaire et on a commencé avec un convoi au large des plages de Dunkerque, ce qui était plutôt sombre. Certains d’entre eux étaient là depuis deux ou trois jours, et ça n’a pas été une nuit plaisante.
J’avais une profession donnant droit à l’exemption du service militaire. Je travaillais dans un hôpital militaire et on a commencé avec un convoi au large des plages de Dunkerque, ce qui était plutôt sombre. Certains d’entre eux étaient là depuis deux ou trois jours, et ça n’a pas été une nuit plaisante. Mais c’était avant que je sois dans l’armée de terre (Service territorial auxiliaire). Et c’était un emploi qui donnait droit à l’exemption du service militaire, mais j’y suis restée pendant deux ans et ensuite je suis entrée dans l’armée de terre. Mais ce convoi qui venait de Dunkerque, certains d’entre eux avaient passé deux ou trois jours allongés là, et n’avaient que des pansements de premiers soins appliqués à la va-vite sur leurs blessures. Ça a été une nuit tragique, vraiment. Mais ils étaient tous joyeux. Ils sont tous descendus du train sur des brancards et emmenés à l’hôpital sur des brancards ; et le lendemain matin, la moitié d’entre eux étaient debout, tout vifs et joyeux. C’était incroyable, ahurissant. Je me souviens d’un jeune écossais qui avait, je crois qu’il avait tout juste 18 ans, un char lui était passé sur le côté gauche de la tête. Et il avait juste un pansement de combat là dessus et quand ils ont enlevé ce bandage, son oreille est partie avec. Je me souviens, parfois je l’entends encore hurler. Triste à cet âge-là. Mais ensuite il y avait des moments heureux. Ils étaient tous gais, tout simplement contents d’être de retour, et qu’on s’occupe d’eux. On a appris le Morse, évidemment, parce que c’est ce qu’on utilisait pour les messages au téléphone Fuller (appareil portable qui recevait et transmettait en morse et qui ne pouvait pas être écouté) ; et on a appris comment démonter un appareil sans fil et le réparer. On a été très déçues quand on nous a envoyées là-bas et qu’on a découvert que c’était les hommes qui faisaient ce travail, pas les femmes. On avait passé tant de temps à apprendre. C’était, Strathpeffer avait été choisi parce que c’était un endroit très isolé tout au nord de l’Écosse. Et les gens qui étaient là-haut pour la plupart étaient des canadiens du corps forestier, qui arrachaient les arbres dans les montagnes parce qu’on avait besoin de bois. La semaine avant le jour J, on était tous confinés dans les casernes. On n’avait pas le droit d’appeler chez nous, écrire chez nous ou faire quoi que ce soit. On savait que quelque chose de très important était sur le point de se produire, mais on n’a pas su de quoi il s’agissait jusqu’après que ça ce soit passé en fait. Mais on était très occupé à ce moment-là, en attendant avec tous les mouvements de troupes et tout le monde qui se préparait à partir outre-mer. L’Irlande était divisée. L’Irlande du Nord était en guerre, l’Irlande du sud elle ne l’était pas. On a fait la traversée en mer jusqu’à Belfast et ensuite on est descendus jusqu’à Dublin en train. À la frontière, le train s’est arrêté et tout le monde devait présenter ses papiers d’identité. Bon, la seule preuve d’identité que j’avais c’était un laissez-passer de l’armée britannique, qui n’était pas valide en Irlande du Sud parce qu’ils n’étaient pas en guerre. Ils étaient neutres. Alors ils ont fait descendre mon mari du train et l’ont mis sur le grill pendant une dizaine de minutes à peu près, et puis… Je n’étais pas en uniforme, je portais des vêtements civils, mais c’était mes papiers d’identité. Il sont finalement décidé de nous laisser passer, alors j’ai quand même eu une lune de miel pour finir. Et, bien sûr, en Irlande du Sud ça a été la surprise. Il n’y avait pas de rationnement ou quoi que ce soit là-bas ; c’était incroyable. Vous aviez la ration de viande d’une semaine entière quand vous alliez au restaurant.