Project Mémoire

John Alan Yeomans

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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John Yeomans à Régina, Saskatchewan, mars 2010.
L'Institut Historica-Dominion
John Yeomans
John Yeomans
Médailles miniatures de service de John Yeomans.
John Yeomans
Mais nous avons pu voir et nous avons compris que même si c’était parfois très dur pour nous, ça pouvait être mille fois pire pour d’autres.

A la fin du mois de février 1942, on était en route pour Augsbourg au sud de l’Allemagne. On était censés partir en avant, avant les forces principales. Et pendant qu’on roulait doucement vers la sortie, on a eu des problèmes de moteur et on avait le choix entre deux choses. Soit d’annuler notre vol ou alors demander au personnel au sol de venir réparer. Bon, le personnel au sol est venu et a essayé de réparer, ils ont travaillé dessus pendant une vingtaine de minutes, ce qui veut dire que tout le reste de l’escadron était parti, et qu’on avait 20 minutes de retard pour être prêts à partir, et pendant ce temps, notre mitrailleur arrière, qui était l’américain de la RCAF a été malade, et avait dû être sorti de l’avion et un autre gars avait pris sa place. Alors tout ça a retardé d’autant notre décollage ce qui fait qu’on n’était désormais plus en tête de la force, on était complètement derrière.

Et en tout cas, on a fait notre sortie sur Augsbourg. Au retour, on s’est fait descendre et j’ai été blessé à la jambe gauche et à la tête et je n’étais pas en état d’éviter de me faire capturer et le jour suivant, j’ai été pris et je suis devenu un prisonnier de guerre.

Ensuite j’ai fait mon temps dans trois camps différents, et pour commencer en Prusse-Orientale. Ensuite quand les russes ont commencé leur poussée vers l’est, ils nous ont déplacés vers la Pologne. Quand les russes ont continué à gagner du terrain, ils nous ont emmenés en Rhénanie Westphalie dans ce bouge du nom de Fallingbostel, qui était un endroit atroce, et c’est là que j’ai passé l’hiver 1944.

Et en passant d’un camp à l’autre, comme je l’ai dit, de la Prusse-Orientale à la Pologne et en Allemagne, certaines marches ont été vraiment très dures et rigoureuses, vous savez, ils appelaient ça les marches de l’enfer et ils les appelaient aussi les marathons de la mort et des choses de ce genre. Elles n’étaient pas très agréables. Au début du mois d’avril, quand on a senti que, bon, ça ne prendra pas plus d’un mois ou deux avant que les gens qui sont de notre côté arrivent. Les allemands ont décidé de sortir les équipages et les officiers de Fallingbostel, de les faire retourner à pied en Allemagne pour être gardé comme otages. Alors on nous a donné des rations pour ça, on nous a mis en rangs et on est partis à 7h30 du matin environ pour faire cette marche qui n’était pas nécessaire et qui pourrait bien être un marathon de la mort.

En tout cas, quand on s’est arrêtés au début de l’après-midi, pour utiliser un champ à toutes fins utiles, avec deux autres gars, on a pris la fuite. Et j’ai été en cavale pendant trois semaines jusqu’à ce que je sois récupéré par des éclaireurs britanniques.

J’ai fait l’expérience d’entrer à bord d’une voiture de reconnaissance britannique à l’intérieur du Vorlager, le quartier d’habitation du personnel du camp de concentration de Bergen-Belsen. Et il avait été repris par les britanniques juste avant ça et j’ai pu constater les conditions épouvantables là-bas avec les tas de corps et tout ce genre de choses. Et au moment où on était là-bas, on n’était pas censés se trouver là bien-sûr, mais on a eu l’occasion de regarder tout ça et ça vous faisait réaliser que, alors que vous pensiez que ça avait été très dur pour vous, pour d’autres gens ça avait été bien pire. Et pendant qu’on était là-bas, ils ont amené des allemands des villages voisins pour aider à enterrer une partie de ces corps qui étaient toujours là.