Je suis John Arthur Newstead et je suis né dans le canton de Muskoka le 23 janvier 1925. Bon, je pense que mon père attendait de moi que je m’engage, évidemment, à 18 ans. C’était normal à cette époque. Ma mère, elle, je ne crois pas qu’elle était vraiment pressée. Mais c’était une unité de renforts, et seulement, il y avait des gens qui venaient de partout qui y allaient, moi je suis allé dans le groupe de l’artillerie. La seule personne dont je peux, un gars qui s’appelait Noffke, avec qui j’ai pris mon pied, et il y avait Turk Broda qui était avec moi sur le bateau et il était gardien de but dans l’équipe des Maple Leafs de Toronto.
Alors je me souviens d’un bombardier, alors qu’on était encore à quai, il avait le mal de mer ; et il l’avait toujours quand on est arrivés en Angleterre. On y a passé environ une semaine et ils sont venus me voir et m’ont dit que j’allais conduire une ambulance et voilà. Pendant la période qu’on a passé là-bas, il n’y avait pas de panneaux routiers. Tous les panneaux avaient été enlevés au cas où l’ennemi débarque avant, c’était pour ça qu’on les avait enlevés. Alors vous, vous étiez livré à vous-même. Il y avait un aide-soignant avec moi dans l’ambulance. J’étais le chauffeur et lui c’était l’aide-soignant. Vous ne faisiez pas du 100 à l’heure ou de la vitesse, on allait à 15 km/heure, 25 km/heure – aussi vite que possible sans sortir de la chaussée, c’était ça le truc. Si je me souviens bien, les grands brûlés allaient à Basingstoke (Hôpital de Park Prewett). On détestait toujours prendre en charge des gens qui allaient à Basingstoke. Ils étaient en très, très mauvais état. Ils avaient été grièvement brûlés, vous savez, et ceux qui étaient blessés à la tête allaient là-bas eux aussi et c’était un autre problème. Si vous vouliez dormir un peu, il fallait vous arrêter quelque part et faire un petit somme parce que si vous retourniez, il y avait un autre groupe à charger. C’était une période très tendue, évidemment, en Angleterre à ce moment-là.
Une partie de la souffrance générée, ce qu’on voyait, vous savez, c’était épouvantable, évidemment. Je me souviens d’une fois, on avait un malade qui allait très mal et l’aide-soignant m’a demandé de m’arrêter au premier hôpital qu’on allait croiser. On y va pour lui faire une piqûre ; et c’était un joli petit hôpital civil, ils nous l’ont fait descendre de notre brancard, pour le mettre sur leur brancard, et lui faire la piqûre et le remettre sur notre brancard. Ça pouvait aller jusque là dans le ridicule. Il y avait de nombreux patients dont vous ne saviez pas s’ils allaient s’en sortir ou pas, et vous les ameniez là-bas et, ils étaient encore en vie quand vous arriviez là-bas, alors vous étiez content.
Il y en avait beaucoup de ceux-là parce qu’il y a eu un nombre énorme de blessés le jour J donc c’est à ça que ressemblaient les blessés à ce moment-là. Et ce dont je me souviens le mieux à propos du jour J c’est du ciel noir d’avions en route pour l’Europe, pour bombarder et des Tigre (Moth avions d’entrainement) aussi, mais il y avait surtout des bombardiers. Des milliers et des milliers. Et c’est un sentiment étrange en fait, d’en faire partie parce que vous êtes, vous ne réalisez pas, vous réalisez l’importance jusqu’à un certain point mais vous, vous êtes davantage intéressé par ce que vous avez à faire qu’à ce que tout ça peut bien vouloir dire.
On a débarqué à Anvers, et on est allés d’Anvers jusqu’en Hollande. Les choses qui m’ont tarabusté plus que tout autre chose, quand vous êtes dans un endroit comme un campement, les choses s’organisent mieux que quand vous êtes sur le terrain, si vous vous déplacez. Il y avait des enfants qui venaient dans la queue du mess, des enfants hollandais. Vous savez, ils mouraient pratiquement de faim, ils mouraient sans doute de faim ; et plus d’une fois, vous leur donniez vos rations et vous en repreniez. Je ne pense pas que les gens réalisaient à quel point ça atteint les enfants et des choses comme ça, et ce que la guerre ça leur fait à eux. Vous savez, des enfants de huit ou dix, onze ans et ils sont en train de mourir de faim. Alors ce n’est pas joli à voir.
Ces enfants ils devaient manger ce que vous aviez sur place parce qu’on n’avait que nos gamelles. Il y avait deux gamelles dans lesquelles on vous servait votre nourriture, dans une tasse, c’est ce que vous utilisiez pour mettre votre nourriture dedans. Et vous deviez les rapporter sinon vous ne pouviez pas en avoir plus. (rire) Donc il fallait que les enfants mangent sur place ; ils ne pouvaient rien emporter chez eux à moins d’avoir quelque chose avec eux pour l’emporter. Mais il n’y avait pas de conserves ou des choses comme ça qui trainaient par là comme on le voit aujourd’hui. La guerre tout le monde en bave. Ce n’est pas la réponse à quoi que ce soit. Vous savez, je suis peut-être un peu philosophe, je ne sais pas, mais c’est ce que j’ai toujours ressenti après la guerre, que c’était un tel gâchis. C’était le chaos total. C’était, vous savez, plat.
Et il n’y a qu’une seule chose dont je me souvienne au sujet de, une seule chose au sujet de la guerre. C’était toujours la guerre, on était dans un endroit qui s’appelait Leer, c’était en Allemagne. Il y avait un gendarme devant ce bâtiment et il a dit, à l’arrière, les gars. On a contourné le bâtiment et c’était une brasserie, et vous pouviez remplir vos jerrycans vides avec de la bière. (rire) Donc ça a été une des choses les plus légères qui se soient passées.
La plupart des gens, vous rencontrez toutes sortes de gens dans l’armée, la plupart d’entre eux c’était plutôt des bons gars. Et, bien sûr, ils étaient tous dans la même galère et ils espéraient tous que ça allait bien se finir. Et je pense que c’est une chose que vous, vous avez l’impression qu’il y a du bon dans presque tout le monde quelque part. C’est peut-être un peu dur à trouver par moments, mais dans l’ensemble ils étaient plutôt bien.