Project Mémoire

John Campbell Jack or Tug"" Wilson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John Wilson
John Wilson
Portrait de John Wilson en uniforme.
John Wilson
John Wilson
John Wilson
Une photographie de l'équipage du NCSM <em>Rosthern</em>.
John Wilson
John Wilson
John Wilson
Une photographie des médailles et d'un portrait de John Wilson.
John Wilson
À tour de rôle on essayait la respiration artificielle mais généralement on n’arrivait pas à les faire revenir et bien sûr, ensuite on les inhumait en mer.
Être un opérateur radio, ça impliquait de copier les messages et nombre de ces messages venaient de l’état-major qui nous tenait informés de toute l’activité sous-marine et des meutes de sous-marins allemands (groupe de sous-marins allemands qui opèrent ensemble) qui risquaient de se trouver sur votre chemin. Alors on mettait tout en œuvre pour changer le cap du convoi, ce qui était assez difficile, de changer de cap, pour pouvoir les éviter. Mais inévitablement, on n’arrivait pas à s’en débarrasser et à chaque traversée ou presque on avait, on se faisait attaquer par les sous-marins. Lors de la plupart des traversées, on perdait au moins un navire. Plus tard dans la guerre, ce n’était plus aussi intense mais au début, avec les meutes de sous-marins allemands et en 1942, c’était la période de pointe en ce qui concerne les U-boot (sous-marins allemands), et on a perdu beaucoup de navires. Lors d’une traversée, on a perdu 18 navires je crois. Mais sur les 18, il y a 13 sous-marins dans cette meute. Alors ils se plaçaient tous ensemble en dessous et en attendant que le convoi passe au dessus d’eux et là ils remontaient et ils commençaient à les allumer. Et avec six bateaux d’escorte, c’était impossible de les empêcher. Alors ils ont payé un lourd tribut. Mais pour la majorité de nos navires, on avait des convois de 80 navires et on en a perdu 18. Évidemment, c’était terrible parce qu’il y avait toujours des survivants et bien sûr, on était affectés à, nos bateaux étaient toujours affectés au repêchage des survivants s’il y en avait. Et on, la première fois qu’on a fait ça dans une vague de froid, et de la glace partout, on a repéré un bateau avec une personne dedans et il s’est avéré qu’il s’agissait d’un gamin écossais d’une quinzaine d’années. Et on l’a repêché et il était très content d’être repêché mais il était presque congelé. Et il avait un sifflet dans la bouche mais il n’arrivait même pas à souffler dedans. D’autres fois, quand on a perdu les 18 navires, on avait dans les 80 survivants sur notre bateau, qui avaient été repêchés, on les tirait par dessus bord. Certains en vie, d’autres morts mais on les montait à bord et on essayait de les ramener à la vie. À tour de rôle on essayait la respiration artificielle mais généralement on n’arrivait pas à les faire revenir et bien sûr, ensuite on les inhumait en mer. (Le convoi) un de soixante-six navires, oui, c’était un terrible celui-là. Le garde-côte Spencer était l’un de nos navires de tête et il avait trouvé un sous-marin. Et on était tous occupés à récupérer des survivants et aussi conduire des attaques sur les sous-marins. Ce n’était pas facile de se prendre une attaque mais c’était dur de les faire remonter et il fallait être pile au dessus d’eux. Mais quand on voyait un navire marchand à la traîne on savait qu’ils ne seraient plus là le lendemain. Mais les sous-marins allemands, ils nous pulvérisaient tout simplement et les navires étaient coulés les uns après les autres. Et naturellement nous on devait aller récupérer les survivants. Et on les a ramenés sur un sous-marin. On pensait qu’on les avait mais on était dans le coin juste pour récupérer, ou donner des preuves comme quoi il avait été coulé et des quantités de preuves sont remontées à la surface, y compris des soldats allemands. Et bien sûr, on était juste dans les parages et on a entendu un autre cliquetis (détection acoustique appelée sonar qui produit un son distinct, un cliquetis, quand il détecte un objet submergé), Alors c’était un cliquetis qui annonçait un autre sous-marin. Alors bien sûr on ne pouvait pas rester, alors on est juste partis et on n’a pas repêché de survivants allemands. C’était quelque chose. Ce n’était pas bien mais il le fallait parce qu’on était des proies faciles à ce moment-là. C’était tellement sinistre au milieu de l’Atlantique dans la tempête, c’est difficile de s’expliquer comment un bateau peut rester à flot. Il fallait se bagarrer avec les vagues et le roulis, il vous arrivait d’être à deux doigts de chavirer et vous continuiez et en haut, en bas, c’était impossible. Et bien sûr, les postes d’équipage ne sont pas étanches, ça entrait quelque part, alors très souvent on marchait dans l’eau. Et bien sûr c’est aussi très fatiguant, et vous deviez faire votre quart, il fallait se lever et aller à son poste de combat, peu importe quand ça arrivait, il fallait quand même assurer votre quart, alors c’était très dur. Et le cuisinier vivait un enfer, vous savez, c’était, je ne sais même pas comment il s’y prenait mais c’était un gars formidable et il faisait tout son possible pour qu’on se sente bien et il nous cuisait du pain frais au milieu de l’Atlantique. Et je vais vous dire, sentir l’odeur du pain qui sort du four au milieu de tout ça c’est vraiment très, très agréable.