Personne ne savait où ils allaient, même à ce moment-là. Et alors quand on est montés à bord du bateau, on nous a dit qu’on allait débarquer à un endroit appelé la Normandie. Et notre travail c’était de prendre un groupe par exemple moi j’avais une trentaine de recrues, bon, des renforts. Une des choses intéressantes à ce propos, c’est que les renforts étaient censés être super entrainés et quelqu’un avait sauté une étape et ils, au lieu de les envoyer à un endroit où ils aurait été entrainés correctement pour être ensuite utilisés comme renforcement immédiat, ils ont sauté cette étape et nous les ont envoyés directement. Et puis on a découvert que nombre d’entre eux étaient soldats depuis un bon moment mais bien peu avaient été dans l’infanterie.
Et il a fallu qu’on organise un entrainement pour essayer de compenser les manques, et ça comprenait une attention particulière accordée aux fusils. Et moi j’avais fait une formation de maitre armurier alors on pouvait faire un fusil qui tirait trop bas, on pouvait limer le guidon comme ça il pouvait tirer assez haut mais s’il tirait trop haut, on ne pouvait rien faire, on n’avait pas les outils et on pouvait faire des ajustements de cette façon.
On a abordé la plage (le Canadian Scottish Regiment) là où on nous avait dit d’arriver et la seule chose intéressante qu’il y avait là-bas, il y avait une grand lieutenant qui faisait beaucoup de bruit, c’était un vrai moulin à paroles et quand la rampe a basculé, il pensait qu’il était arrivé au bout et il a cru qu’il était sur la plage mais il se trouvait juste au bout de la rampe. Et il a dit, oh ça va être un débarquement à pied sec et il a fait un pas de plus et ça faisait au moins 1m50 de profondeur. Et il est tombé dedans, c’est un peu bête mais il y est allé la tête la première et la moitié d’entre nous se demandait si on devait le sortir de là ou non, il faisait tellement de tapage. Mais on l’a fait quand même. Mais ensuite on a tous été trempés. Et tout ce qui s’est passé avec nous, on a couru sur la plage pour combattre le diable sur la plage. On a rassemblés les hommes et puis on nous a dit où se trouvait la sortie de la plage. Et j’ai commencé à descendre par là et quand on a commencé à bouger, on s’est fait mitraillés par un avion allemand. La première fois qu’on se faisait vraiment tirer dessus. Et vous pouviez entendre les balles frapper la plage et puis ils se sont rapprochés de plus en plus et elles sifflaient et nous ont manqués de peu. Avant qu’ils aient le temps de repasser, on est arrivés à la sortie.
Dans tout ça la partie la plus choquante, quand même, ça a été que dès le moment où on a débarqué, on a vu des soldats canadiens de notre bataillon et d’autres bataillons qui venaient s’échouer au gré du ressac. Et c’était la première fois qu’on a vraiment, quelqu’un a dit, ils doivent utiliser des munitions légères. Alors on a traversé et on s’est arrêtés à moins de deux kilomètres de la plage et on a creusé pour la nuit. Et c’était comme si on était dans un bol avec des néons qui montaient et avec tout les tirs anti-aériens sur quelques, il n’y avait pas beaucoup d’avions allemands mais assez et ça les maintenait assez bien à distance.
Et il y avait le, c’était très animé mais on a assez bien dormi et le lendemain matin, j’ai écrit un mot à ma famille et on est allés jusqu’à un endroit qui s’appelait Secqueville-en-Bessin. La 3ème division (d’infanterie canadienne), bon, la 7ème brigade, notre brigade a avancé de dix à douze kilomètres. La 9ème brigade était allée encore plus loin et une partie, je veux dire, quelques uns d’entre eux, se sont faits coincés en plein dans l’eau je pense. Ils ont essuyé de très lourdes pertes.
La tête de pont était bien enfoncée. Une partie de la 9ème brigade est presque arrivée jusqu’à Caen mais là ils ont eu des problèmes. Notre travail (en tant que réserve) L’assaut avait lieu jusqu’à la voie ferrée qui allait de Caen à Banville je crois ou quelque part dans le coin. Et nous on devait contre-attaquer et on devait être juste sur la coupure où se trouvait la voie ferrée. Nous ne sommes jamais arrivés jusqu’à la voie ferrée, mais on a fait une percée jusqu’à la coupure et on a fait reculer les allemands qui avaient écrasé les Winnipeg (Royal Winnipeg Rifles à Putot-en-Bessin). C’était le 12ème SS (La division Panzer des jeunesses hitlériennes). C’était d’excellents soldats mais le fait est, le seul mot qui me vient à l’esprit c’est, bâtards fanatiques. Ils étaient, bon en fait, comme je l’ai dit, ces prisonniers et tout pendant ces deux premiers jours, (154) canadiens qui avaient été capturés ont été descendus.