Project Mémoire

John Garnet O'Neill

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John Garnet O'Neill
John Garnet O'Neill
Cours de formation physique, Aldershot, Angleterre, 1944. John O'Neill est à droite dans le rang du milieu.
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John O'Neill pendant une pause en Italie, alors qu'il servait dans le régiment irlandais du Canada, 1944.
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Un samedi matin de nettoyage avant l'obtention d'un laisser-passer pour le samedi après-midi, Newmarket, Ontario, 1943.
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John O'Neill et un ami "habillés pour tuer", Entraînement de base à Newmarket, Ontario, 1943.
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John O'Neill avec sa mère, à l'école militaire canadienne, Hamilton, Ontario, 1942.
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Et j’ai dit que c’était de la folie, qu’il y avait des mines partout. Et béni soit le corps de chars. Un engin blindé à fléaux est arrivé par derrière et m’a devancé pour dégager les mines.

Je m’appelle John Garnet O’Neill. Je suis né dans la ville de Toronto à Dundas et Yonge, au fait, le 18 juillet 1923. Je me suis engagé volontaire à Hamilton en Ontario. Ce jour-là c’était Dieppe, le 19 août 1942. Et c’est le jour où je me suis engagé. Ils m’ont envoyé dans les Queen’s Own Rifles qui s’entraînaient quelque part en Angleterre et je suis devenu un soldat d’infanterie du Queen’s Own ou un carabinier. J’ai dit, d’accord ça me va, j’aimais ça. Et puis un jour, je ne sais pas si c’est le 2, le 3 ou le 4 ou quelque chose comme ça en juin, on nous a mis dans un camp et on nous gardait dans le camp, et on ne pouvait pas sortir. On avait bien dans l’idée qu’il se passait quelque chose. On ne nous donnait pas beaucoup de détails. On était entassés, ce qu’on avait, et on nous a mis dans des camions et descendus à, je pense que c’était Portsmouth, je ne sais pas, aux bateaux, et mis sur un bateau. Je crois que ce bateau c’était le Prince Henry si je ne me trompe pas, mais je ne suis pas sûr. Et on a été sur ce satané bateau pendant deux ou trois jours. Sous, des conditions épouvantables vraiment. Puis on a eu notre briefing sur le bateau qu’on allait maintenant participer au jour J, qui était censé être le 5, à Bernières-sur-mer et sur des péniches de débarquements à partir de ce bateau.

Oh, je connais un petit truc ici. Je me souviens avoir regardé dehors un jour et j’ai pu voir Churchill dans une petite vedette passer entre les bateaux et tout le monde qui le saluait. Je n’ai pas eu l’occasion de le saluer. J’ai survécu. Quoiqu’il en soit. Et puis on nous a envoyés un par un à un endroit précis du bateau où on devait charger nos grenades la nuit avant le départ. Et tout à coup, on nous a dit que c’était annulé et qu’on allait y aller le 6 juin, et on y est allés le 6 juin. Il y avait des obstacles le long de la plage, d’énormes obstacles avec, je suppose qu’il y avait des mines dessus. Et on avait un marin qui commandait sur notre petit bateau. On était une vingtaine sur le notre, et on attendait qu’on nous fasse signe pour passer par-dessus la chose, par-dessus cet obstacle, mais malheureusement, ça a été mal calculé et l’avant du véhicule a heurté cette, la rampe du chaland de débarquement d’infanterie a touché la mine qui a fait exploser l’avant et on a commencé à couler. Et j’ai entendu le sergent hurler : « Tout le monde dehors » Parce que l’autre chaland avait le commandant de la section à bord et l’état-major dedans, et les autres sections, et nos deux sections étaient dans celui-là.

Alors on a tous sauté. J’étais le dernier à sortir parce que j’étais à l’arrière. J’ai sauté par l’arrière et je suis entré dans l’eau, jusqu’à la hauteur des hanches, et les autres ont réussi à se lever à l’avant et passer par les côtés. Et le temps de passer à travers les fils et les obstacles, personne n’avait été tué à ce moment-là, juste la rampe qui avait explosé. J’ai réussi à leur passer devant et à aller sur la plage et je n’arrivais pas à trouver âme qui vive. Plutôt ridicule. Puis j’ai commencé, je savais où je devais me rendre et j’ai regardé ça, je pense que tout le monde se souvient de ce bâtiment. On nous avait dit que c’était une gare, mais ils m’ont dit que c’était un hôtel ou quelque chose comme ça après. Et j’ai débarqué devant ça et je suis parti, en remontant dans sa direction et j’ai dit, hé, c’est de la folie, cet endroit est saturé de mines. Et béni soit le corps de chars, un char, un engin blindé à fléaux, est arrivé derrière moi et a commencé à déblayer les mines et je me suis mis derrière lui. A ce moment-là, je ne savais plus où se trouvait la section. Je l’ai suivi mais je savais où je devais aller. Et finalement, après peut-être trois ou quatre minutes, je suis sorti de derrière le char et j’ai remonté la plage en courant et j’ai rejoint le reste de la section. Et ils étaient près du mur de l’Atlantique ils attendaient pour aller à Bernières-sur-mer. Et on allait tous très bien en fait. Et on s’est organisés et on est passés par-dessus le mur et on a commencé à traverser Bernières-sur-mer. On est arrivés derrière le taillis, des broussailles hautes et on s’est allongés et on a attendu les ordres et le sergent de la section, c’était lui qui était au commandement à présent. Et après environ 20 minutes, il a dit de monter sur une colline, qui était à 5 ou 600 mètres de là, il y avait un bois taillis, d’où on pensait qu’on nous tirait dessus, d’où on nous tirait dessus.

Et ensuite il a donné l’ordre à ma section, la section dans laquelle j’étais, qui avait une dizaine d’hommes. Et je transportais une mitrailleuse Bren à ce moment-là, une arme très lourde, et on s’est levés et ensuite on devait grimper cette, à travers ce champ de blé, je crois que c’était, jusqu’à ce petit bois et voir ce qui se passait là-haut. J’étais sur le côté gauche et il y avait une barrière qui allait jusqu’au petit bois. Je me suis mis du côté gauche de la barrière, le reste de la section était du côté droit du bois et on est montés sur 30 ou 40 mètres et on a été pris sous les tirs. Et ça c’était quand le sergent a crié et hurlé de derrière nous, de la position qu’on venait de quitter. : « Baissez-vous ! » Et on l’a fait, et il a dit : « Revenez en rampant ! » Alors il est reparti en rampant et j’ai découvert que deux ou trois membres de la section étaient morts. Ou pas morts mais on leur avait tiré dessus et ils n’étaient pas là. Alors il nous a tous poussé en arrière et on a tous abandonné et on a fait des trous de tirailleurs et on est resté là assis et on a attendus assis, qui diable reste assis comme ça ? On s’est étalés, à plat tout simplement. Et on a attendu de voir ce qui allait se passer. Et après 15, 20 minutes, ce sniper, c’était un sniper c’est ce qu’on a découvert après qui nous tirait dessus et nous a fait aller dans le champ de blé, tout seul. Et il s’est levé. Heureusement, le sergent était en train de regarder et il a pris son fusil et l’a descendu.

Donc c’était la fin de la journée plus ou moins. Et il a dit : « Reposez-vous, on va rester ici. Et quand je me suis réveillé le matin vers 5 ou 6 heures, j’ai regardé tout autour et l’aumônier était derrière moi, à une trentaine de mètres avec les corps des gars de ma propre section. Je suppose qu’il faisait des prières pour eux. Ensuite on a continué et on a bougé, bougé et bougé et bougé. A partir de là, c’était juste une histoire d’un jour après l’autre, on avançait, on reculait, et on montait, et on descendait, et on était au milieu des tirs et on a vu plein de choses comme des corps. On n’étaient pas vraiment habitués à voir des cadavres, on n’en avait pas vus pendant l’entraînement. Je me souviens d’un sur un petit ballot, un ballot de paille et il y a cet allemand assis là avec le revolver dans la main, mort mais il avait l’air tellement vivant encore. Malheureusement, toutes ces choses qui se passaient, c’était juste la routine des petites batailles normales, des bagarres et ainsi de suite, rien d’extraordinaire. Vous en perdiez certaines, vous en gagniez d’autres.