John H. Gorsline (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

John H. Gorsline (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2003, Le Projet Mémoire a interviewé John H. Gorsline, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) suivant est un extrait de cette entrevue. John Gorsline est né le 12 novembre 1924. En 1942, à l’âge de 18 ans, il s’est enrôlé dans la Réserve de la Marine royale canadienne à Toronto; il a été affecté au navire de débarquement NCSM Prince David, où il s’est occupé des opérations radar. Le jour J a été sa première mission de combat, suivie ensuite par l’invasion du sud de la France et la libération de la Grèce. Le rôle du navire était de transporter des troupes au combat et de récupérer les victimes, ainsi que de transporter du matériel destiné aux assauts amphibies. Dans son témoignage, John Gorsline fait le récit des campagnes et il évoque les aspects politiques du service militaire pendant la guerre. À la fin de la guerre, John Gorsline est retourné en Ontario pour travailler dans la construction, et il est éventuellement devenu un ancien combattant bénévole du Projet Mémoire. John Gorsline est décédé le 23 mai 2020, à Scarborough en Ontario.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Photo du matelot John H. Gorsline en juin 1944.
Photo de la coque endommagée du H.M.C.S. Prince David (Navire de Sa Majesté). Le vaisseau heurta une mine près du Pirée en Grèce, le 10 décembre 1944.
Photo aérienne du H.M.C.S. Prince David (Navire de Sa Majesté) prise par la R.A.F. en août 1944 dans la mer Méditerranée.
Carte retraçant « l’Opération Dragon » une invasion du sud de la France. Les troupes françaises libres à bord du H.M.C.S. Prince David (Navire de Sa Majesté) ont accosté à 1heure du matin le 15 août 1944 pour faire sauter les fusils allemands avant l’assaut principal de 7heures.
Extrait d’un carnet de bord, 1943-1945 détaillant les sous-marins allemands et les navires de guerre italiens.
Encore une fois on a recueilli des blessés, mais cette fois, ils étaient allemands.

Transcription

Je m’appelle John Gorsline. J’étais membre de la Réserve navale royale canadienne et j’ai servi principalement sur le Landing Ship Infantry NCSM Prince David, qui a servi en Normandie, lors de l’invasion du sud de la France et de la libération de la Grèce. Nous avions deux médecins à bord de notre navire, ce qui signifiait que durant certaines actions, nous recevions des blessés des opérations. Le jour J, nous avons reçu environ 56 des premiers commandos qui étaient débarqués sur les plages et qui ont été ramenés au navire sur les péniches de débarquement sortant des plages. Vers quatre heures de l’après-midi, nous avons reçu l’ordre prioritaire de retourner à Southampton avec ces blessés. Nous sommes arrivés à Southampton vers dix heures du soir. Il y avait 30 ambulances alignées sur les quais et un poste d’amarrage ouvert. Et, dans le cadre de mes fonctions, j’étais justement un des brancardiers qui débarquaient les blessés du navire et les transportaient vers les ambulances. C’était vraiment miraculeux que nous débarquions nos troupes canadiennes tôt lors du jour J. Et à dix heures du soir, nous étions déjà de retour en Angleterre avec quelques-uns des premiers blessés. Après plusieurs autres voyages en Normandie avec des troupes de soutien, le navire a été envoyé en Méditerranée. Et le 15 août, il a participé au débarquement des commandos français libres sur les côtes du sud de la France. Cela a été une opération très intéressante parce qu’elle s’est déroulée durant la nuit. Nos troupes ont débarqué à une heure du matin, avant l’invasion principale. Encore une fois, nous avons embarqué des blessés, mais cette fois, c’étaient des Allemands. Un destroyer allemand a été coulé le long de la côte pendant la nuit par l’un des croiseurs qui nous accompagnaient. Et tôt le matin, nous avons récupéré les survivants allemands grièvement brûlés. Et encore une fois, nous avons fourni des installations médicales. Après avoir terminé dans le sud de la France, nous avons commencé la libération de la Grèce en septembre 1944, en débarquant d’abord les commandos britanniques sur l’île de Cythère. Peu de temps après la libération, il y a eu deux combattants de la liberté grecs en Grèce, une armée communiste et l’autre une armée royaliste, environ une semaine après la libération, qui a été une période très heureuse, à cause de la famine et de tout le reste en Grèce. Mais ensuite, les deux forces en conflit ont déclenché une guerre civile. Et il s’est avéré que nous avons reçu l’ordre de récupérer des troupes aéroportées à Tarente en Italie, et d’envahir à nouveau le port du Pirée qui avait été pris par les communistes. Nous ne le savions pas à l’époque, mais je suppose que c’était le début de la guerre froide. Il y a un aspect politique concernant les débuts de mon entraînement, etc. Je me suis enrôlé dans la marine à Toronto et après seulement deux ou trois jours, on m’a envoyé à Québec pour mon entraînement de base. Et à cette époque, il y avait des navires coulés dans le golfe du Saint-Laurent et dans le fleuve Saint-Laurent. Et de nombreux jeunes hommes canadiens-français voulaient s’enrôler dans la marine. Mais à cette époque au Canada, on ne pouvait s’engager dans la marine ou l’armée de l’air que si on était bilingue en anglais. Je trouve que c’est ironique que des Canadiens qui étaient ici depuis 200 ans ne pouvaient pas s’enrôler dans leurs forces armées pour défendre le pays.