Project Mémoire

John H Peters

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John Peters
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mais une fois en revenant de la cuisine, cette chose étrange m’a sifflé aux oreilles et je pense que c’était probablement du fait de ma grande taille, je me suis fait canardé par l’un d’entre eux.
On nous avait ordonné de nous rendre aux docks où ils chargeaient toute notre unité sur les véhicules de l’artillerie et les blindés à bord d’un grand navire, on nous a procuré des hamacs et ensuite on a descendu la Tamise. Et je me souviens d’être passé près de la grosse usine Ford et ils ont branché les haut-parleurs pour nous souhaiter bonne chance et ainsi de suite et on a pris le chemin de la Normandie. Quand on est arrivés en Normandie, c’était environ 15 ou 17 jours après le jour J. Et bien sûr, les bâtiments de débarquement étaient là et ils avaient fait des têtes de pont et ils avaient aussi amené des quais flottants. Alors ils nous ont déchargés, dans mon souvenir, sur les ports flottants et on a rejoint la plage et on a, en quelque sorte, réuni notre unité à un endroit et ensuite ils ont commencé à nous faire partir. À ce moment-là évidemment, on subissait le mitraillage au sol et vous savez, vous deviez vous mettre dans des tranchées étroites. L’infanterie avait deux semaines d’avance sur nous et était loin devant et ils avaient creusé des tranchées étroites tout le long de la chaussée. Et je me souviens d’une fois je suis passé par une et puis j’ai continué, sûrement pour aller à la cuisine ou rejoindre mon semi-chenillé ou quelque chose comme ça et il y avait cette suffocante odeur de cadavre et j’ai regardé tout autour et j’ai vu un pauvre diable qui avait littéralement sauté à cause d’un obus d’artillerie je pense, dans un arbre. Il était juste retenu, son corps dans l’arbre là-haut et il pourrissait. Et les animaux aussi avaient pris des coups et vous croisiez des chevaux mutilés, vous savez, à cause des tirs d’artillerie. On était tellement proches les uns des autres, les allemands, les anglais et les canadiens, que l’appareil, et c’était principalement les américains, avaient l’habitude larguer leurs bombes et ils nous les larguaient dessus. Et on détalait comme des lapins pour nous abriter dans les grottes aux alentours de Falaise, dans mon souvenir. Je sais qu’on était près d’une division polonaise et ils, on est descendus dans les grottes, et à cette époque là on faisait très attention aux mines et tout ça mais on a détalé à travers champs, vous vous déplacez vraiment très vite quand vous avez la frousse. Quand on a été en quelque sorte qu’on a eu les semi-chenillés et les blindés près de la bordure du champ, on a été, les allemands avaient laissé des tireurs embusqués derrière nous, ils ont reculé. Et je ne crois pas que ce soit le fruit de mon imagination, mais une fois en revenant de la cuisine, cette chose étrange m’a sifflé aux oreilles et je pense que c’était probablement du fait de ma grande taille, je me suis fait canardé par l’un d’entre eux. Tout au moins c’est ce que je crois. Dans le secteur principal, près de là où il y avait ce grand truc, l’Arc de Triomphe, et alors il (officier britannique) l’a laissé là-bas, oui. Et bien sûr, quand on est sortis, il y avait une foule de gens là dedans et ils ont vu nos uniformes britanniques. Et ils se sont tous acclamés : « Bonjour Tommy », ils avaient l’habitude d’appeler l’armée britannique Tommy, vous savez, pour dire Territorial Army (armée territoriale). Et je me souviens qu’ils nous ont entourés et voulaient nous parler. Vous savez, je ne parlais pas français ou quoi que ce soit ; mais il s’est passé une chose intéressante quand même, une vieille dame juive s’est approchée de moi. Elle parlait anglais et m’a raconté, vous savez, à quel point ça avait été difficile pour les juifs à Paris et je me souviens qu’elle avait sorti de son sac ce truc qu’ils étaient obligés de porter autour du bras (un brassard). On est allés dans les bunkers (à Boulogne-sur-Mer), à la suite des fantassins, et les bunkers avaient, je vous l’ai dit, les fantassins ne nous portaient pas dans leur cœur (toute unité qui n’était pas directement sur le front). C’était parce que, je veux dire, ils se prenaient tout le, vous savez, le travail le plus dur et nous on était là et ils disaient : « Qu’est-ce que vous cherchez ? » Je veux dire, « Vous les gars vous êtes pépères à l’arrière et nous on se tape le sale boulot ici. » Et ils n’appréciaient pas qu’on soit dans le coin. Alors il fallait qu’on fasse attention avec eux à cette époque, vous savez, une balle perdue ou quelque chose comme ça et personne n’aurait su comment diable elle était arrivée là. J’ai vu qu’ils avaient jeté le passeport, je me souviens, sur le côté et je leur ai dit, ça vous dérange si je prends le passeport. Parce que je pensais qu’il faudrait peut-être que je leur remette, et il y avait des photos de sa famille que je vais vous envoyer dans le passeport. Alors je l’ai pris et je l’ai et je l’ai gardé ici. Et j’ai traversé le bunker et j’ai regardé dehors à l’opposé et de l’autre côté de l’eau, on pouvait voir des allemands qui se déplaçaient.