Project Mémoire

John Harmer

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ship's Photographer - HMS Victorious
Ship's Photographer - HMS Victorious
Photo de l'impact d'un kamikaze prise par le photographe du navire HMS Victorious, le 1er avril 1945.
Ship's Photographer - HMS Victorious
HMS Victorious
HMS Victorious
Flotte d'avions à Leyte, Philippines: HMS Formidable, HMS Stricker, HMS Infatigable, HMS Illustrious. Photo prise depuis le HMS Victorious, mars 1944.
HMS Victorious
John Harmer
John Harmer
Pilote Sous-Lieutenant J.B. Gadd soulevé après avoir été sauvé en mer. Son avion corsaire a été descendu pendant un raid sur le Japon, le 16 avril 1945.
John Harmer
Ship's Photographer - HMS Victorious
Ship's Photographer - HMS Victorious
Photo prise depuis le pont du HMS Victorious - convoi d'escorte jusqu'à Mourmansk, Russie, mai 1944.
Ship's Photographer - HMS Victorious
HMS Victorious
HMS Victorious
Vue aérienne de la destruction du navire allemand Tirpitz, au fjord Alten, Norvège, avril 1944. Photoprise pendant la mission de reconnaissance partant du HMS Victorious.
HMS Victorious
J’ai une photo prise juste avant qu’il ne s’écrase près du navire. Il n’a pas touché le navire, il a plongé juste a côté en faisant jaillir un immense jet d’eau.

La flotte allait être libérée pour aller aider la flotte américaine, au moment où on opérait en tant qu’unité britannique de Ceylan. Mais là quand l’amiral Mountbatten est venu à bord, il nous a montré ce film atroce sur les japonais qui faisaient des opérations suicide et s’écrasaient sur les ponts des bateaux. On ne pouvait tout simplement pas y croire, mais je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m’a pas inspiré de la peur on dirait, mais j’avais l’idée que, hé on va se prendre un coup comme ça. Mais il y avait une certaine satisfaction, on l’a senti, parce que les porte-avions étaient recouverts d’une feuille de métal de dix centimètres sur le pont là où les avions atterrissaient, mais les bateaux américains eux c’était du bois. Alors quand le kamikaze touchait le bateau, évidemment ça causait pas mal de dégâts. Mais nous on n’a vraiment pas eu trop de dégâts à cause de ces kamikazes.

On en a eu trois ou quatre qui nous ont heurtés. Le premier nous a ratés, il a juste plongé et il est tombé dans l’eau sur le côté du bateau et il nous a juste un peu éclaboussés avec de l’eau de mer. Ce qu’ils avaient l’habitude de faire c’était de voler juste au raz de l’eau, à peu près six, sept mètres au dessus de l’eau, puis ils remontaient en l’air. Ils faisaient ça comme ça ils pouvaient passer sous l’écran et n’étaient pas repérés par le radar. Et puis quand ils étaient à une certaine distance du bateau, ils remontaient, grimpaient tout droit en l’air et puis ils plongeaient droit sur le bateau. Bon, la première fois que ça nous est arrivé, notre capitaine était là-haut et il regardait l’avion descendre et soudain, c’est à peine croyable, mais un porte-avion qui bougeait aussi lentement ne pouvait pas éviter cet avion, et pourtant il l’a fait. Et j’ai une photo des quelques instants avant qu’il s’écrase sur le côté du bateau. Il n’a pas heurté le bateau et une formidable gerbe d’eau s’est élevée.

Bon, j’étais à l’intérieur, je n’avais pas conscience de se qui se passait à ce moment-là à cause de tout le bruit qu’il y avait. Il ne m’est pas venu à l’idée qu’un avion était en train de nous attaquer parce qu’on était plus préoccupés par notre travail qui était de réparer l’avion. C’était une période de travail tellement intense pour les équipages.

Même si ça a l’air bizarre que je dise ça, mais ouais, je trouvais ça excitant, moi, ça me plaisait. Si on peut dire ça comme ça ! La chose la plus effrayante pour moi, à un moment, c’est le fait qu’ils avaient trois rideaux en amiante qui étaient abaissés dans le hangar et qui divisait le hangar en trois parties, si une bombe explosait vous voyez, ça ferait moins de dégâts. Alors ces rideaux étaient baissés et quand ils étaient abaissés, il y avait un jet d’eau à haute pression qui descendait du toit. S’il y avait un brasier, ça l’inondait. Mais tout d’abord, évidemment, il y aurait le brasier. Alors ça m’a préoccupé une fois. Evidemment ça n’arrive qu’une seule fois, et après, vous avez l’expérience. Et en particulier parce que vous êtes tellement fatigué. Vraiment on avait des périodes de travail de 24 heures, 36 heures parfois. Si on avait le temps de dormir sur le pont en métal dans le hangar. La plupart du temps qu’on passait en mer on le passait dans les hangars à réparer les avions. Celui que j’aimais vraiment, je pense, c’était le Corsair [American Chance Vought Corsair], qui était un type d’avion à ailes rétractables, très solide, très puissant, et il a fait un travail remarquable pendant la guerre contre les japonais.