Project Mémoire

John Leach

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John W. Leach
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Dans un moment de détente avec un ami, John Leach prétends être fait prisonnier.
John W. Leach
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John Leach pendant une garde.
John W. Leach
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L'unité de John Leach charge un char canadien Ram Cruiser sur l'un de leur véhicules.
John W. Leach
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Portrait de John Leach.
John W. Leach
Et les américains, ils avaient de beaux uniformes d’apparat et de belles chaussures et nous on avait celles-là , on devait tout simplement porter nos uniformes et ces vieux godillots de l’armée. Et on les faisait briller chaque fois qu’on partait en permission.
Bon, une fois que la guerre a été déclarée, évidemment, et les camps d’entraînement se sont mis à pousser comme des champignons un peu partout. Moi, je vivais à Kingston en Ontario à ce moment-là. Bien-sûr, quand la guerre a été déclarée, toutes les foires d’automne ont été oubliées. Alors on a utilisé les champs de foires pour construire les baraquements de l’armée dessus. Et celui dans lequel j’étais, je me souviens qu’il était dans la tribune. Alors on a fait nos classes là, pendant deux mois je crois. Et ensuite c’était le moment de passer dans le niveau supérieur et je pensais qu’on irait dans un autre camp, seulement pour, j’étais dans le corps d’intendance de l’armée et j’allais devenir chauffeur et conduire quelque chose. Le moment était venu pour nous d’aller faire le perfectionnement. Alors on est tous montés dans les camions et ils nous ont emmenés près de l’eau et nous ont mis sur des bateaux et sont partis et on n’a pas pensé quoi que ce soit de ça parce qu’on s’est dit, bon, où que ce soit, on doit sûrement aller dans une école de perfectionnement. On a continué d’avancer et on s’est retrouvés quelque part en Angleterre. Finalement on a trouvé nos marques et on était tout simplement, on était occupé tout le temps, nuit et jour. Mais le truc difficile c’était de conduire pendant le black-out. Je connais beaucoup de gars et moi aussi, nos yeux brûlaient, à essayer de voir ce que vous ne pouviez pas voir. On essayait juste de suivre le gars devant nous, suivre ses feux arrières. Et puis la jeep, le semi-remorque de tête suivait les feux arrières de la jeep et la jeep avait généralement un officier à son bord et puis il avait deux récepteurs de données, deux gars qui arrêtaient la circulation qui venait à contresens. On a parcouru toute l’Angleterre, l’Ecosse, et finalement le jour est venu, le jour J, et il y a une énorme tempête la nuit précédente. On est arrivé à mi-chemin et ils ont dû faire demi-tour. Alors on a attendu jusqu’au jour suivant et on a traversé, trois semi-remorques sur les chalands ont traversés et les chalands font la navette d’Angleterre en France et… Et finalement on a débarqué là-bas et on est descendu à terre et on a organisé nos équipements et on a commencé à travailler tout de suite. C’était censé être notre perfectionnement. Bon, c’était suffisamment perfectionné, on savait ce qu’on faisait et on a continué à transporter des chars partout en France, en Hollande, en Allemagne et au pays de Galles, ou en Allemagne et dans toutes les provinces allemandes, partout en Europe. Je suis parti en permission une fois. Tous les trois mois, on avait droit à neuf jours de perm. Il y avait cet immense château à Edimbourg. C’est là où on passait nos soirées et on passait une heure dans un pub à rester assis et papoter, et puis au moment opportun on allait au château. Bigre ! Quel endroit ! Les sols étaient aussi polis qu’un sou neuf. Et nous, des gars avec des gros godillots de l’armée. (rires) Et le grand orchestre. Et bigre ça c’était quelque chose. On passait un sacré bon moment là-bas. Et les américains, ils avaient de beaux uniformes d’apparat et de belles chaussures et nous on avait celles-là , on devait tout simplement porter nos uniformes et ces vieux godillots de l’armée. Et on les faisait briller chaque fois qu’on partait en permission. (rires) On pensait, bon, c’est déjà beau qu’ils ne nous jettent pas dehors, avec leurs superbes sols rutilants et nous là avec nos vieilles godasses de l’armée. Mais ils n’ont pas fait ça, ils ne l’auraient pas fait. Il y aurait eu un sacré grabuge s’ils avaient fait ça. Bon quoiqu’il en soit, tout s’est bien passé. Oui, on a eu pleins de bons souvenirs dans ce château là. Et trois d’entre nous se sont retrouvés, il y avait deux sections entières dans cette grande pièce. Et on était assis à cette grande table tout seuls, à attendre. Parce que d’habitude, quand les filles voyaient des canadiens assis là, elles venaient et se dirigeaient tout droit vers notre table. Et c’est ce qu’ils ont fait et ils sont venus. Ils ont dépassé cette partie de la pièce. Et très haut, au plafond il y avait du gui. Et bien-sûr, vous ne pouviez pas le voir avant de passer dessous. Et quand ils, la règle c’était, quand elles passaient sous le gui, les filles, si une des filles passait sous le gui, elle devait venir embrasser tous les gars qui étaient assis là. (rires) Evidemment, ça ne nous dérangeait pas du tout, vous savez. Alors, je venais juste de rentrer de ma permission et j’attendais le passage d’un camion pour me ramener dans mon unité. Et c’est un des pires jours dans mon souvenir. C’est venu à la radio, « la guerre est finie ! la guerre est finie ! » Evidemment, tout le monde était content, mais moi j’ai pensé, je suis rentré un jour trop tôt. Si j’étais retourné en Angleterre, on aurait fêté ça, vraiment fêté ça. Mais j’ai loupé cette partie, et puis j’ai pensé « J’ai encore beaucoup de temps devant moi pour rattraper ça. » Et je l’ai fait.