Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Très souvent, nous devions monter sur une colline. Une fois, je ne me souviens pas de quelle colline il s’agissait, mais nous sommes resté coincés là pendant six heures, nous avons dû rester allongés sous la pluie. Je crois qu’il a plu sans arrêt les deux premiers mois que nous étions sur la ligne de front, il pleuvait tous les jours. Nous étions toujours mouillés, trempés. Et en avril [1951] bien sûr, nous étions dans une aire de repos, et nous avons été appelés cette nuit-là, nous sommes allés sur les lignes de front cette nuit-là lorsque les Chinois ont fait une avancée, et nous nous sommes retrouvés dans Kap’yong, sur une colline près de la rivière Kap’yong. Et c’était assez excitant. On s’est fait attaquer. Je crois qu’il devait être aux environs de 20 heures, c’était une nuit de pleine lune, et bien sûr, ils ont joué des clairons et un peu de musique d’orchestre pour nous. Alors, à ce moment-là, j’étais un peu excité. Je crois que tout le monde l’était. Ils n’avaient pas eu cette expérience. Et nous nous sommes retrouvés sous attaque, et je me suis dit: « Hé bien, si je ne suis pas ici demain, je ne suis pas ici. » Alors, c’était comme ça.
Et durant le combat, le peloton dans lequel j’étais était le Sixth Platoon de la Baker Company, et mon officier de peloton était le lieutenant Ross. Et nous nous sommes retrouvés en sous-nombre, à environ, je ne sais pas, cinq ou six contre un. Mais certains d’entre eux avaient des grenades, et n’avaient pas de fusil. Notre peloton a en fait été assiégé. Les Chinois étaient parmi nous en fait, et nous avons dû battre en retraite de ce petit bout de colline, nous avons battu en retraite, pas très loin, à environ 300 ou 400 mètres sur une autre colline. Mais alors que nous étions sur la colline, notre officier nous a désignés, moi et mon ami de tranchée, un gars du nom de Glen Leader. Le caporal avait été blessé alors nous devions descendre à mi-chemin de la colline pour aller le chercher et le ramener plus haut, à l’endroit où nous nous trouvions. Et bien sûr, je n’étais pas assez fort pour soulever le caporal, mais Glen et moi avons aidé à placer ce caporal… j’ai aidé à le placer sur les épaules de Glen, et nous l’avons remonté au sommet de la colline. Mais à ce moment-là, nous étions assiégés.
Et il est resté, je crois qu’il était blessé à la jambe pour commencer, mais il est resté sur la colline. Un de mes amis, un de mes amis les plus proches, quand on nous a dit de battre en retraite, il a dit: « Je reste, et je vais les retenir ». Et il est resté et évidemment, il a été tué et le caporal Evans a été tué aussi. Mais pas mal de personnes différentes ont été blessées. Cela a probablement été la pire nuit, et la plus excitante, je suppose. Et on m’a donné une mitrailleuse Bren [une mitrailleuse légère] parce qu’un des gars qui était sur une Bren avait été blessé. Alors ils m’ont livré la mitrailleuse et c’est ce que j’ai eu pour le restant de mon service en Corée. Quoi qu’il en soit, cela a probablement été la plus excitante et effrayante nuit que j’ai jamais eue, de toute ma vie probablement.
Les victimes… Un matin, un hélicoptère est venu les chercher. Je suppose que c’était la première fois qu’un hélicoptère était utilisé dans la guerre de Corée pour emmener les blessés hors de la colline, alors c’est ce qui nous est arrivé. Et le matin suivant, bien sûr, nous n’avions plus de munitions et nous avions les C19, les 19 je crois, qui nous ont largués des approvisionnements et de la nourriture ce matin-là.
Je crois que nous étions encerclés par près de 5000 Chinois. Et notre peloton, nos officiers ont figuré que 200 à 300 Chinois nous attaquaient alors que nous étions 32. Mais il y avait une Compagnie D qui avait également eu une très mauvaise nuit alors. Quoi qu’il en soit, nous avons arrêté leur poussée, ces Chinois, nous avons mis fin à leur avancée. Et ils affirment que nous avons sauvé Séoul, alors j’en suis bien fier.
Bien sûr, quand j’en suis sorti, cela m’a pris du temps à me stabiliser et à devenir sérieux, parce que j’ai beaucoup bu quand j’en suis sorti. Et je suppose que j’ai été tout de même assez chanceux; c’était ma dernière permission et j’ai eu un accident de voiture et je me suis retrouvé à l’hôpital. Et j’ai rencontré une infirmière qui m’aimait bien, et nous sommes tombés amoureux, et nous nous sommes mariés. Alors c’est comme ça que j’ai rencontré ma femme après mon retour de Corée; en faisant la fête et en me retrouvant dans un accident de voiture. Et puis je l’ai rencontrée. Elle était infirmière autorisée. Nous avons eu un très bon mariage. J’ai été sans travail pendant quelque temps, elle travaillait à temps partiel, et nous nous sommes plutôt bien débrouillés. Et nous avons eu deux garçons et une fille.