Project Mémoire

John Slater

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John Slater
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John Slater et des amis.
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Photographie du revers du béret, avec les insignes du Royal Canadian Corps of Signals (corps de l'Armée Royale Canadienne), que John Slater a porté de 1942 à 1945.
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Dortoir de l'armée à Newmarket, Ontario.
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De gauche à droite: Médaille du Service des Volontaires Canadiens (CVSM); Médaille de guerre (1939-45), Médaille de la Défense; 1939-45 Star; France Germany Star.
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Quatre hommes et un tank Sherman.
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Et tout ce qui m’intéressait c’était : je rentre au pays. C’était un moment formidable quand j’ai reçu ce message. J’ai pensé, oh merci mon Dieu. Je suis vivant.

Après mon arrivée en Angleterre, on nous a donné un camion d’une tonne et demie, un Jimmy, c’était l’ancien modèle de camion de la General Motors, un camion bâché avec une radio sans-fil et on a suivi l’entraînement sur le terrain et ici et là et puis on s’est déplacé dans d’autres régions, particulièrement dans le sud de l’Angleterre. Et puis on a fait toute la pratique, on s’est exercés pendant un bon moment. Et les quatre compagnons qui faisaient partis de ce groupe là étaient les mêmes avec qui j’ai fait tout mon temps outre-mer. Dieu merci on n’en a pas perdu un seul d’entre eux. Dans notre unité, on avait été entraînés tout spécialement, et spécialement quand on est descendu vers la côte. On nous avait formé pour être des Air Support Signals Unit, ASSU, (unités de transmissions mobiles) et notre travail consistait, sur tout le chemin jusqu’au front, à rejoindre la compagnie et nous déplacer avec les trois unités de brigade. L’une bougeait et on nous demandait de la suivre. On était toujours en retrait des combats, je vous l’accorde, mais quand il y avait une bombe elle était pour tout le monde. Mais on faisait avec, et il y avait un signal pour quand vous êtes assez près, quand vous entendiez un bang vous couriez vous mettre à l’abris dans le trou le plus proche. Et j’ai quelques petites marques de quand on était un peu trop près mais bon c’est vraiment trois fois rien. Et en tout, l’équipe de transmission ce n’était pas une grosse unité. Ce n’était pas une énorme unité. Mais on avait reçu un entraînement spécial. La raison de ce training c’était de nous permettre de prendre le message des brigades, et on restait assis là et on le renvoyait au terrain d’aviation, si elles (les brigades) ne pouvaient pas passer, notre message lui pouvait, et une fois qu’on avait reçu l’accord des officiers pour envoyer le message, ils signaient et nous on le mettait en code, et on leur envoyait et ensuite on le renvoyait dans l’autre sens. Ca voulait dire qu’on avait besoin de support aérien, et ils nous donnaient des coordonnées et ainsi de suite. La seule fois où j’ai vu de mes yeux vu un gros combat aérien, j’étais sur le toit du camion pendant ça se passait et une formation de Spifires et de Typhoons nous est tombée dessus, une demi-douzaine d’avions environ. Et ils ont foncé droit sur nous en piqué. Le premier se détache de la formation, puis le suivant se détache et le suivant encore. Et puis tout ce que vous voyez c’est qu’ils tombent en piqué sur vous comme ça et tout ce que vous voyez c’est vroom, vroom, vroom, vroom, vroom, vroom. On était derrière une carrière et on était restés posté là depuis plus de 10 jours en essayant de franchir la rivière. Et on a eu ce bombardement de tous les diables, l’enfer, et je me permets d’utiliser le mot enfer cette fois. On a retrouvé des morceaux de leurs tanks à deux champs de là, le sas, la tourelle et tout le reste, ça se trouvait là dans un verger, à deux champs de là où on était. Et ça avait atterri là et on les a détruits sur place et les garçons ont pu traverser la rivière et de là, et c’est seulement, bon, on bougeait chaque fois qu’on devait, c’est tout. Ils nous avaient demandé de rallier le terrain d’aviation et le jour d’avant, je suppose que c’était un allemand, il s’était avait trouvé une arme et il avait tiré et le projectile était tombé sur le terrain d’aviation. Et moi j’étais assis à mon poste ce matin là; je suis en train de travailler un peu à l’écart et tout d’un coup, j’entends, des bruits comme des grésillements (imite le bruit) : Stop, le signal, boom. Et j’ai pensé, ils sont trop loin, ils ne vont pas attaquer. Je suis assis à la table et j’attends qu’ils reprennent le contact radio et tout à coup, ce qu’ils avaient fait, il y avait des arbres, vous savez quand ils construisent une forêt où, peu importe l’angle sous lequel vous regardez, vous voyez une rangée d’arbres adultes, construit par l’homme ? Ces arbres étaient exactement alignés de cette manière et on avait attaché notre tente à l’un de ces arbres. Et quand c’est parti, je ne pensais pas que c’était ça parce que ça semblait venir de si loin mais c’est tombé là et ça a soulevé la tente et le matériel de transmission sans fil. C’était la veille de la fin de la guerre. Et j’avais reçu le message que le lendemain, c’était le jour de la capitulation et c’était sur mon carnet de messages. J’ai pensé, oh, mon Dieu, c’est maintenant qu’il veut me tuer. Alors j’étais là, j’étais planté là avec mon matériel sur les genoux. Je pourrai vous montrer que je n’ai jamais envoyé ce message là, parce que j’avais eu de la chance, j’étais dans les premiers numéros. J’avais le numéro 107 pour rentrer au pays. Si j’avais envoyé ce message et étais resté là-bas, Dieu seul sait quand j’aurais pu rentré chez moi. Et tout ce qui m’intéressait c’était : je rentre au pays. C’était un moment formidable quand j’ai reçu ce message. J’ai pensé, oh merci mon Dieu. Je suis vivant. Et puis, boom, j’ai eu une peur bleue. Et ce que je ressentais c’est qu’on avait apporté une aide très importante pendant la guerre. Si nous n’avions pas été là, d’où est-ce qu’ils auraient reçu leur support aérien? Quelqu’un avait eu une excellente idée et nous faisions partie de cette excellente idée.