Project Mémoire

Joseph Henry Rivard

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Henry Rivard
Henry Rivard
Portrait d'Henry Rivard, Angleterre, 1941
Henry Rivard
Même les allemands, ils étaient contents eux aussi que la guerre soit finie.
Je m’appelle Joseph Henry Rivard. Je suis né en 1918 le 6 avril. En juin 1940, un de mes amis et moi-même nous sommes enrôlés dans l’armée, comme volontaires. Et nous nous sommes retrouvés à Petawawa pour… dormir par terre, car ils n’avaient pas de baraquements à ce moment là, seulement des tentes. Et de là je suis parti pour l’Angleterre où j’ai passé trois ans. Je m’étais porté volontaire. J’étais une estafette, j’étais un artilleur. Et puis de là nous sommes partis et allés en Italie, en Sicile et puis en France, Hollande, Belgique et en Allemagne. Après ça ils m’ont emmené et renvoyé chez moi en 1945. Une estafette c’est quelqu’un qui, d’une compagnie à l’autre, si quelque chose se présebte, ils vous envoient porter une dépêche qui doit être délivrée, car ils n’utilisaient jamais le téléphone. Alors quelque soit le temps qu’il faisait, et en Angleterre particulièrement, on devait délivrer les dépêches par tous les temps. Exactement comme un postier, vous distribuez, vous devez distribuer le courrier spécial. Voilà c’était ça le travail. La pire de toutes c’était une nuit dans le brouillard, et bien, c’est arrivé plus d’une fois mais cette nuit là, et sur les motos, y avait une lumière minuscule sur le devant, un petit carré pas plus grand que le bout du pouce. C’était tout ce qu’il y avait. Alors j’ai pris la route et j’allais lentement parce que à cause du brouillard vous pouviez voir des ombres devant vous. Et je ne le savais pas à ce moment là mais il y avait un convoi anglais et alors un camion a déboité, juste au moment où je m’approchais. Alors j’ai vu ce gros truc et je suis parti sur la gauche et là il y avait un énorme fossé rempli d’eau, 60 cm d’eau. Je suis tombé de la moto et je me suis retrouvé dans l’eau. Et ils m’ont aidé à en sortir alors je suis remonté sur la moto tout trempé pour porter ma dépêche qui était étanche elle. Et puis rentrer dans ma propre unité après coup. Et à ce moment là, je n’avais pas d’imperméable, on n’avait rien du tout au début de la guerre. Pas de lunettes pour vous protéger des insectes en roulant, pas de casques. Mais on a tout eu par la suite, alors. Donc on avait l’habitude de porter des masques à gaz et on avait l’habitude de les emporter avec nous tout le temps. Et on était dans un convoi à Lenham un jour et après on, on portait nos masques, mais après qu’on les ait enlevés, mon sergent dit, Rivard, ramène nous à la maison. Mais j’ai regardé sur la carte mais je regardais pas réellement pas vrai, parce qu’on était pas arrivés par là, on repartait par un autre chemin. Alors que je suis remonté sur ma moto et je suis reparti, et en Angleterre en dehors des villes ils ont, ils ont des petits cours d’eau qui traversent les routes. Alors ils avaient des petits dos d’ânes qui ressemblent à des bosses. Je ne l’avais pas vu et je suis rentré dedans et je suis retrouvé en l’air. Et quand je suis en l’air, je peux voir ce qui se trouve devant moi, ça fait un Y sur la route et il y a une maison avec un grand mur en brique et c’était là qu’ils étaient. Et maintenant il faut travailler vite car si je me retrouve par terre, c’est du gravillon et vous vous cognez à une route en gravillon en moto je savais tout ça. Alors je suis parti sur la gauche et c’est tout ce dont je me souviens. Je me suis retrouvé à l’hôpital. Le casque que j’avais c’était un casque de football que mon ami qui n’était pas venu avec nous m’avait prêté. Autrement je n’aurais pas eu de casque sur la tête. Parce qu’on les a eu bien plus tard les casques. Et quand ils me l’ont rendu à l’hôpital, il était fissuré. Alors ça veut dire que j’avais heurté le vous savez. Mais après je suis rentré chez moi, j’étais bien en forme. Même les allemands, ils étaient contents eux aussi que la guerre soit finie. Mais il faut pas oublier, un grand nombre d’entre eux ont soutenu Hitler parce qu’ils avaient peur, vous comprenez. S’ils n’avaient pas suivi ils auraient fini quelque part dans un tombe, vous savez. J’ai rencontré plein d’allemands au, ils étaient contents que la guerre soit finie, vous savez. Vous avez celui qui vous savez, c’est, comme par ici on a des jeunes qui croient en une chose ou une autre, alors c’est… Mais la plupart d’entre eux étaient contents que ce soit fini. On a eu de la chance, on n’a perdu que peu des nôtres. Mais maintenant, on était 120 dans mon unité là bas, on n’est plus que 6 encore en vie. C’est pour ça que j’ai apporté des photos, pour montrer tous ces gens et puis ma moto. J’ai deux photos de ma moto. Bon, elles sont vieilles, vous savez. J’essaye de les protéger mais c’est assez dur.