Project Mémoire

Julie Hallett Breeze

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett (née Breeze)
Certificat de service de Julie Hallett, 22 mars 1944 - 12 octobre 1945.
Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett récemment diplômée de l'entrainement de base à Mill Hill, le 4 avril 1944.
Julie Hallett (née Breeze)
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Julie Hallett (née Breeze)
Médaille de guerre (1939-45) et certificat de service de Julie Hallett.
Julie Hallett (née Breeze)
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Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett et ses camarades travaillant à l'émission "Radio plays" d'une salle, pour l'audience dans une autre salle, 1945.
Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett (née Breeze)
Julie Hallett (née Breeze)
Julie et Dennis Hallett juste après leur mariage, le 21 septembre 1944. Le mari de Julie était en permission, en embarcation allant en Sierra Leone pour continuer son travail de recherche en radio.
Julie Hallett (née Breeze)
Mais vous pouvez vous imaginer ça, cette jeune fille inexpérimentée mais connaissant de toute évidence son sujet, qui devait se tenir devant un groupe de garçons et leur faire la leçon.

Quand je me suis enrôlée dans le WRENS [Service féminin de la Marine royale], j’ai fait ma formation de base à Mill Hill à Londres, en Angleterre. Tout juste deux semaines pour nous familiariser avec la marine et les termes utilisés dans la marine, comme « office » pour cuisine et « cabine » pour chambre à coucher et aussi pour reconnaître le grade des différents officiers que nous allions saluer et tous les automatismes que nous devions acquérir pour aller d’un endroit à l’autre.

Ensuite, on m’a envoyé à un endroit secret pour que je commence mon travail dans la marine. Il se trouve que j’étais destinée aux Laboratoires de recherche Marconi à Great Baddow, près de Chelmsford, dans le comté d’Essex. Le travail qu’on faisait, c’était en partie de la recherche et en partie utile, c’était de la recherche sur la propagation radio des ondes courtes. On analysait des données sur la densité de l’ionosphère, qui est la zone autour de la terre, très haut au-dessus de l’atmosphère, où les ondes radio sont réfléchies pour faire leur voyage autour, eh bien parfois autour de la terre. Cela dépend de la fréquence utilisée et ça c’est une des choses que nous devions trouver.

C’était très spécialisé et difficile à expliquer sans être très technique. Après avoir fait ma formation, j’ai fait ce qu’on appelait des quarts, ce sont des périodes de travail de plusieurs heures, et j’analysais ces données qui étaient recueillies toutes les heures. C’était un peu comme si vous faisiez un bulletin météo, sauf que ça n’avait rien à voir avec la météo, ça concernait vraiment le cycle des taches solaires.

Je ne faisais pas ça depuis très longtemps quand un groupe de marins est arrivé, je pense que c’était au cours suivant. Il y avait six ou huit marins. L’officier féminin mesquine qui nous donnait les cours a commencé à nous instruire puis elle est tombée malade et on m’a demandé de la remplacer. Souvenez-vous que j’avais 18 ans quand je me suis engagée, j’avais 18 ans et quatre mois quand c’est arrivé. Ils m’ont demandé d’instruire un groupe de jeunes marins, certains d’entre eux étaient plus mûrs, mais vous pouvez vous imaginer ça, cette jeune fille inexpérimentée mais connaissant de toute évidence son sujet, qui devait se tenir devant un groupe de garçons et leur faire la leçon.

En tout cas, ça n’a pas dû trop mal se passer parce que l’un d’entre eux apparemment a commencé à s’intéresser à moi et a dit à l’un des hommes plus âgés qu’il voulait m’épouser. Le vieil homme lui a dit : « Cœur défaillant n’a jamais gagné belle femme », donc il a gardé ça en tête et un jour, j’avais emmené un ami à la gare à Chelmsford, juste pour l’accompagner, et j’étais en train de rentrer seule et en passant à côté d’un pub et il y avait ce marin, je ne savais pas son nom, il était assis près de la fenêtre et il m’a appelé et m’a demandé d’entrer. J’étais très timide et réticente. Mais j’ai quand même accepté son invitation, je suis entrée et nous avons passé la soirée ensemble. Peu de temps après, il m’a proposé d’aller au cinéma. Il faut dire qu’en juillet c’était son 24e anniversaire. Je suis allée au cinéma, et en Angleterre les cinémas d’une certaine taille avaient assez souvent un restaurant à l’étage. Donc il m’a emmené au restaurant et m’a demandé ce que je voulais manger et je lui ai dit que je prendrais des pâtisseries et un thé. Ce n’est qu’après un bon moment qu’il m’a dit qu’il n’avait pas mangé à midi ce jour-là et je pense que c’était de la timidité parce qu’il aurait pu commander un repas s’il l’avait voulu. Mais il ne l’a pas fait. Il a été poli et il a pris les pâtisseries et le thé. En tout cas, c’était la 3e fois que je voyais ce film cette semaine-là.

Après ça, il a passé beaucoup de temps avec moi et peu de temps après, j’étais de quart de nuit. C’était de minuit à 8 h du matin et on était un groupe à faire des calculs dans la salle et à un moment donné on a pris la pause pour le thé. Il était à proximité dans un bureau en train de soi-disant étudier. Un des marins qui était avec nous pour le quart de nuit me dit : « amène ce thé à Dennis et ne reviens pas ». Donc, j’ai apporté le thé à Dennis et c’est comme ça que j’ai appris son nom et on a passé le reste de la soirée, je ne sais pas, juste à parler, à apprendre à se connaître je suppose. Et la même semaine, on a aussi passé nos journées ensemble. On est allé dans un très bel endroit du côté d’une colline et on s’est couché dans l’herbe, on a un peu somnolé parce qu’on avait pas du tout dormi. Je m’en souviens, c’était l’été, il faisait tellement beau et bon et l’herbe sentait si bon.

Ensuite, on est allé voir ses grands-parents et par coïncidence, ils n’habitaient pas très loin, juste à une distance de bus. Il voulait sans doute me montrer car au retour en bus, il m’a demandé en mariage. J’ai accepté. On était conscient que c’était après un temps relativement court et on a justifié cela en nous disant qu’avant la guerre les jeunes couples qui se courtisaient n’avaient que les samedis pour se voir alors que nous avions eu l’occasion de nous voir pendant pas mal de temps. Nous pensions que cela correspondait probablement à six mois de cour ou quelque chose comme ça. C’est très facile de justifier quelque chose quand vous en avez vraiment besoin.

Il a eu un congé d’embarquement peu de temps après, ce qui signifie qu’il avait une semaine de congé avant son départ outre-mer. Et, sans que je n’en sache rien, il est allé chez moi à Windsor et il a parlé à mes parents et ils ont fait tous les arrangements pour le mariage en septembre. On était le 24 juillet quand je lui ai parlé pour la première fois au pub et le jour du mariage était le 20 septembre. Donc, comme vous pouvez le constater, c’était plutôt rapide.

J’appelle ça un mariage parce que ce n’étaient pas des noces formelles. Il y avait mes parents, ma tante, un ami de la famille et la sœur de Dennis. C’était nos invités au complet. Nous avons célébré notre mariage à l’église Garrison à Windsor, l’église que je fréquentais depuis l’enfance chaque fois qu’on était posté à Windsor.