Je suivais l’entraînement, j’ai fait mon entrainement, matelot de troisième classe ils appellent ça, formé à bord du croiseur (NCSM) Ontario. Et quand la guerre a éclaté, il fallait qu’ils fournissent le personnel des trois contre-torpilleurs (navire de guerre rapide et maniable qui sert à escorter les vaisseaux plus gros et les défendre en face d’attaquants à courte portée, plus petits et puissants), pour les mettre sur le pied de guerre et ils ont pris 90 des matelots de troisième classe faisant l’entraînement à bord de l’Ontario pour aller sur les trois contre-torpilleurs. Et j’ai été le premier à me retrouver sur le (NCSM) Sioux, et j’en étais très heureux parce qu’il avait des couchettes à la place des hamacs. Alors vous savez, c’était assez agréable là-bas. Et c’est là que la guerre a commencé pour moi quand on est partis là-bas en juin 1950.
J’étais matelot de troisième classe et j’avais seulement suivi l’entraînement à bord du croiseur Ontario et donc je n’avais aucune formation professionnelle. Mais quand je suis allé sur le Sioux, on m’a affecté à un canon Oerlikon, qui fait dans les 10 mm (canon automatique Oerlikon de calibre 20 mm). Mais c’était mon poste de combat sur le croiseur, sur le canon Oerlikon et de là, quand vous étiez en mer, c’était là où vous alliez pour assurer votre quart. On m’a attribué l’explosion de trois mines avec ce canon-là, sans le moindre entrainement, alors c’était plutôt intéressant.
Notre base se trouvait à Sasebo au Japon, et on a passé beaucoup de temps, quand on partait en mer, c’était en patrouille, on assurait la protection des porte-avions et parfois on bombardait, ou autre peu importe. C’est là que j’ai perdu l’audition pendant le service. Mais oui, on ne voyait la Corée que de loin quand vous bombardiez ou quelque chose comme ça.
L’action était assez limitée en ce qui nous concernait parce qu’on était sur la mer et il n’y avait pas de bataille navale. Le danger là-bas c’était les mines qui avaient été larguées et qui flottaient sous l’eau. Et si vous approchiez de trop près et que vous risquiez de vous prendre un mortier envoyé par une batterie côtière ou quelque chose, mais, ou de prendre feu, mais pas d’obus. Alors c’était l’essentiel, c’était juste, vous savez, éviter tout débarquement de Nord-coréens plus bas sur la côte et descendre à terre, voilà c’était à peu près tout.
On m’a réaffecté au (NCSM) Crusader, pour le premier voyage du Crusader de retour en Corée (juin 1952 à juin 1953). Celui-là, ça a duré trois mois là-bas et on a vu pas mal d’action, avec les porte-avions et des bombardements. Et comme je l’ai mentionné tout à l’heure, packages on les appelait, ça s’appelait, des tunnels, dans les trains. Les Nord-Coréens faisaient circuler du ravitaillement à travers ces tunnels et on restait là à les attendre au milieu de la nuit et vous pouviez entendre la locomotive du train arriver et dès qu’ils entraient dans le package, comme ils disaient, ou c’est comme qu’ils étaient mentionnés, on ouvrait le feu et c’est là qu’on a été couronnés champions du bousillage de train pour la flotte des Nations Unies. Et je pense qu’on a fait sauter trois à quatre trains. Et en tout cas, certaines explosions étaient spectaculaires parce qu’ils avaient des munitions à bord, mais vous savez, ils vivaient juste là dans les tunnels et le lendemain matin, ils sortaient pour nettoyer toute cette pagaille et les trains recommençaient à circuler pendant la nuit. Mais l’appareil essayait de les bombarder, leur larguer des bombes dessus alors qu’ils… Oui, c’était très intéressant. Il a fallu qu’on décampe parce qu’ils ont amené des batteries côtières et vous êtes une proie facile sur un bateau si vous ne savez pas qu’il y a des batteries côtières. Alors il a fallu qu’on se retire. Et alors l’armée de l’air américaine a pris la suite, ils ont fait quelques bombardements.
Nous étions vraiment tout près. Une des choses qu’on a faites c’est d’envoyer un de nos petits bateaux à 500 mètres environ du rivage, tout près, et on restait là dès qu’il faisait sombre et ils pouvaient entendre les trains qui arrivaient, ils avaient le contact radio et communiquaient avec le navire. Et ils pouvaient repérer, voir le bateau de là-bas et ils nous donnaient l’ordre de, disons, ouvrez le feu maintenant ils vont arriver là. Donc nos canons étaient chargés et prêts à tirer, juste au moment où ils allaient entrer dans le package et traverser le tunnel. Et bien sûr, les canons se stabilisaient et puis foom, foom, et ils les faisaient sauter. Oui, c’était très, oui, très intéressant.
Quand on est rentrés, c’était le 1er janvier et il y avait 20 000 personnes alignées sur le quai pour venir à notre rencontre alors qu’on arrivait. 20 000, ça fait beaucoup de monde. Je m’en souviens très bien parce qu’ils étaient partout sur les rochers, les routes et le chantier naval, c’était facile de voir qu’il y avait beaucoup de gens là-bas. Et bien sûr, les journaux ont estimé le nombre à 20 000 personnes.