Project Mémoire

Larry Francis Costello

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Larry Costello
Larry Costello
Médailles remises à M. Costello en reconnaissance de son service.
Larry Costello
Et Dieu merci pour mes deux copains, Ken Ostro et Burt Kindree, je ne sais pas ce qui leur est arrivé, ils venaient de l’ouest. Ils savaient que je ne savais pas nager, ils m’ont repêché et ils m’ont sauvé.
J’ai servi sur le NCSM Runnymede jusqu’à la fin de la guerre et dans le convoi des escortes, de Terre-Neuve à Londonderry [Irlande du Nord]. L’escadron s’appelait le Barber Pole Scadron. On avait un emblème d’enseigne de barbier sur la cheminée, c’était l’escorte G5 et on escortait les convois de Terre-Neuve à Londonderry. Ce bateau a été l’un de celui où j’ai été le plus heureux. À la fin de la guerre, j’en suis sorti en 1946, mais j’y suis retourné et j’ai servi jusqu’en 1963. Et ça a été une des mes meilleures expériences dans la Marine pendant tout le temps où j’étais dans la Marine. Je vais vous raconter quelque chose qui m’est arrivé quand on est descendu avec le [NCSM] Runnymede. On l’a descendu jusqu’aux Bermudes mais avec chaque navire, vous deviez faire des exercices de préparation avant qu’il aille au combat, dans le courant. On était au large des Bermudes et tout le monde était à l’eau et j’étais en train de courir à l’arrière du navire pour chercher mon gilet de sauvetage. J’ai été jeté par-dessus bord et je suis tombé dans l’eau deux fois. Et Dieu merci pour mes deux copains, Ken Ostro et Burt Kindree, je ne sais pas ce qui leur est arrivé, ils venaient de l’ouest. Ils savaient que je ne savais pas nager, ils m’ont repêché et ils m’ont sauvé. Bien sûr, je suis remonté à bord, j’ai été réprimandé parce que je n’avais pas mon Mae West [gilet de sauvetage] comme on l’appelait, parce qu’en mer pendant la guerre, vous deviez toujours l’avoir à vos côtés. Vous mangiez et vous dormiez avec. Je les remercie de m’avoir sauvé la vie. J’étais quartier-maître [officier de bord chargé de l’équipement et du travail de l’équipage] qui consistait à être timonier puis assurer les quarts sur la plage arrière du navire. Notre travail consistait essentiellement à être à la barre du navire. Vous voyez dans la plupart des bateaux la colonne de direction se trouvait en bas et les officiers sur la passerelle transmettaient l’ordre par le télégraphe à bras, 30 ou 50 degrés à bâbord et ainsi de suite, alors on tournait la roue. Ils étaient les yeux et nous on activait les choses en bas, tout en bas, on assurait la direction du bateau. Mon poste de combat était dans les lanceurs de grenades sous-marine. Sur la poupe de toutes les frégates et des destroyers, il y avait deux portants et chaque portant avait, disons, il y en avait quatre de chaque côté, quatre grenades sous-marines et quand ils disaient d’en faire exploser une, ils la faisait rouler de la poupe du navire, elles suivaient un parcours du côté bâbord et tribord du bateau, ils avaient des lanceurs de grenades sous-marines. Il y en avait deux de chaque côté, donc il y avait un ensemble de huit grenades. Vous ne pouviez jamais vraiment savoir si vous en aviez atteint un jusqu’à ce que - c’était ma manière de le savoir - ce soit confirmé. D’habitude l’amirauté était capable de confirmer s’il y avait eu des navires et des sous-marins coulés et tout ça. Mais vous ne pouviez jamais vraiment savoir avant que quelque chose, que tout ne remonte. Parfois, les sous-marins nous jouaient des tours. Ils mettaient des débris dans les chutes et les propulsaient à la surface et vous pensiez que vous les aviez eu. Mais la moitié du temps ce n’était pas le cas. C’était une ruse. Je suis fier de la Marine royale, bien que, en tant que Canadiens, certains d’entre nous ne s’entendaient pas avec la Marine royale. Je ne sais pas s’ils trouvaient qu’on usurpait leur tradition ou quoi. Mais je pense que la Marine royale du Canada a eu un rôle majeur dans la Deuxième guerre mondiale avec les convois et tout ça. La bataille de l’Atlantique a été l’une des plus longues batailles de la guerre. On a travaillé en équipe, la Marine canadienne et la Marine britannique. On savait qu’on avait un travail à faire, on était là-bas pour protéger et fournir l’approvisionnement. Il faut que je vous raconte une petite histoire. En 1993, j’ai été envoyé [en Europe] par Ottawa pour le 50e anniversaire de la bataille de l’Atlantique et j’ai rencontré la reine [Elizabeth II] au Bootle [Town] hall à Liverpool, [Angleterre]. J’étais chargé de sept, nous étions sept dans notre groupe et elle a dit : « C’est tellement aimable de la part de la Marine canadienne d’avoir servi pendant la guerre et d’avoir travaillé conjointement avec nous… » et j’ai dit : « et bien Votre Majesté, nous sommes Canadiens et nous avons trouvé que c’était notre devoir de le faire et nous étions heureux de pouvoir servir ».