Project Mémoire

Laurence Giselle Bennett

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Laurence Bennett
Laurence Bennett
Page du programme du Ballet Russe.
Laurence Bennett
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Page de couverture du programme des Ballet Russe, 1941.
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École de formation des télégraphistes No. 1, Montréal, Québec, 1944. Laurence Bennett est au dernier rang, la 4e à gauche.
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Photo de la danseuse Tamara Grigorieva, provenant du programme du Ballet Russe, du 18 octobre 1941.
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« Certains d’entre nous avons repéré dans la baie de Fundy un U-boat allemand qu’on pouvait entendre à une bonne distance. »

Quand je me suis enrôlée, vous pouviez choisir ce que vous vouliez être. Vous pouviez entrer dans l’administration, c’est-à-dire faire de la sténographie et ce genre de choses. Vous pouviez travailler dans les transmissions, TR c’était pour le contrôle du trafic radio, c’est ce que je voulais faire, différents départements et je voulais faire du contrôle de trafic. Malheureusement la section était fermée quand j’ai fait ma demande. J’ai dû faire un test qui devait m’aider à déterminer où je devrais aller. Ils ont décidé que les transmissions me conviendraient parce que j’ai le sens du rythme et que je reconnaissais des choses de cette nature, c’est pour ça que je suis allée dans les transmissions, dans la formation de radiotélégraphiste.

Et heureusement pour moi, l’école se trouvait à Montréal, l’école de radiotélégraphiste No 1 se trouvait à Montréal et le cours durait six mois. De tous les services, c’était le cours offert le plus long. J’ai suivi ce cours pendant six mois et vous deviez transmettre 20 mots/minute mais vous pouviez aussi essayer 25 mots/minute et j’ai réussi les 25. Alors ils m’ont pris en photo.

Vous deviez apprendre comment assembler un récepteur, comment assembler un émetteur, le côté mécanique, mais aussi comment envoyer des signaux et comment les recevoir bien sûr. C’était un code. C’est ce que c’était. C’était très intense mais ça me plaisait; je ne trouvais pas ça trop difficile et je pense qu’ils avaient eu raison en ce sens qu’il y avait quelque chose en moi, dans ma nature, qui réagissait aux rythmes parce que c’est de ça qu’il s’agit dans les signaux, envoyer beaucoup de rythme.

Donc comme je le disais, notre groupe a été envoyé à Pennfield Ridge [Nouveau-Brunswick] qui avait été une base des forces aériennes [Aviation royale du Canada] et ils étaient en train de la convertir en base d’entraînement pour les transports. À ce moment-là – on approchait de la fin de la guerre – il y avait beaucoup de garçons qui avaient terminé leur vols opérationnels en Europe et qui revenaient et recevaient une nouvelle formation. Comme le disait mon mari, des pilotes qui avaient pris part aux combats étaient reconvertis dans la formation des transports en temps de paix. C’était la caractéristique de cette base, convertir à une formation dans les transports et c’est là que j’étais.

À un moment j’ai, certaines d’entre nous ont repéré un sous-marin allemand; un sous-marin allemand dans la Baie de Fundy, on l’entendait de loin. Ils faisaient ça, ils venaient mais on les entendait à l’occasion, mais une fois on les a entendus, on a entendu ce sous-marin allemand. C’était exaltant vous savez, capter le message.

Ce n’est pas vraiment la taille, parce que la machine devant laquelle vous étiez assis, avec vos écouteurs bien entendu, c’était quelque chose. C’était installé plus grand que ça. Mais la clé était en gros exactement la même chose que ça. Et vous, vous opériez sur différentes bandes, les bandes radio et vous saviez comment le recevoir et vous écoutiez pour entendre votre signal sur la bande radio et ensuite vous surveilliez les signaux qui arrivaient ou les messages qui étaient envoyés et vous répondiez à ceux que vous receviez.

Après un bout de temps, vous pouviez recevoir votre message et le taper – et je savais taper à la machine parce que j’ai pris un cours à l’école secondaire - ça ce sont des choses que vous pouviez faire. Ensuite le télégraphique [sic], puis le bourdonnement, il y a un bourdonnement, ça c’est une clé, ceci est une clé, ensuite il y en avait un appelé bourdonnement, que certains d’entre nous, vous n’aviez pas à l’apprendre mais vers la fin on en a eu quelques-uns et c’était des mouvements de côté plutôt que tout droit et vers le bas. Il y avait ceux que vous pouviez voir, il y a des années, dans les bureaux télégraphiques des gares. Ils envoyaient des messages et ça c’était les clés qu’ils utilisaient, le côte à côte. On s’en servait dans les bateaux, les navires et tout ça.

Il y a pas mal de femmes, radiotélégraphistes après la guerre, qui ont trouvé du travail sur des bateaux, des cargos, en particulier en Europe, parce qu’ils utilisaient encore le code Morse sur ces bateaux, principalement dans des situations d’urgence . Quand des pilotes [se] perdaient, ils avaient tous eu une formation de base pour ça, ils devaient en savoir assez pour être capables, dans ce genre de situation, d’installer leur radio et d’envoyer un message radio. Ça c’était la radiotélégraphie.

Pour le mot Bennett, vous dites B et E et N et N et E, T, T. Alors, vous pourriez le faire, (fait des bruits), vous voyez, vous ramenez tout et alors vous entendez ce rythme et vous savez exactement de quel mot il s’agit et c’est ce qui se passe dans le cerveau. C’est étonnant. Vous entendez le son et vous savez que c’est le mot plutôt que chaque lettre. Voilà.