Project Mémoire

Leo Alarie

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

(L’invasion de l’île de Kiska dans l’arc des Aléoutiennes, les 15-16 août 1943.) Ils avaient bombardé assez puis on était stationné sur la mer, on était à 28 miles (à 45 kilomètres de la zone de débarquement). Et puis le canon au-dessus du bateau, il rejoignait l’île. Ils ont tiré dessus. Les avions y sont allés et ils ont bombardé. De toute façon, à minuit le soir, vers onze heures, ils nous ont donnés, on a eu la veste et on a mangé un repas puis ils nous ont embarqué sur le bateau puis ils nous ont dit : « On va débarquer à minuit le soir. » En une heure ils avaient tout débarqué notre régiment (The Rocky Mountain Rangers). Puis il y avait l’autre une autre partie du régiment là-dessus. C’était les Winnipeg Grenadiers, puis ils les ont débarqués eux autres aussi. En une heure ils avaient débarqué dix mille personnes. Après ça, on a débarqué et moi j’étais sur une chose là, un motor gun (une vedette-torpilleur). Et puis les Japonais étaient l’autre bord en sous-marins et ils débarquaient (sur l’île voisine d’Attu). Cela fait qu’on se tirait par-dessus l’île, par-dessus la montagne. Et puis ce n’était pas bien gros, cette île-là. Je tirais l’autre bord et puis un jeune (soldat), il devait avoir dix-huit ans, de toute façon, il a mis la bombe dedans (le mortier), mais il ne l’a pas lâchée droit. Elle est tombée et la queue a cassé. Elle est tombée peut-être bien à cent cinquante pieds de nous autres. Puis, moi, bien j’étais sur le numéro un (servant no.1 sur le mortier). J’avais soin des guides puis ces affaires-là. J’ai lâché un cri de se cacher autant qu’ils pouvaient. Moi, je me suis baissé et j’avais le genou droit qui était resté en l’air. Il est resté comme ça même si je m’étais baissé. Le morceau de la bombe est venu puis m’a frappé le genou. Ça m'a coupé un morceau sur le cap (rotule) du genou. Ça, ça était rentré en dessous. Je suis resté avec ça jusqu’à tant qu’ils l’ôtent. Quand ils m’ont opéré le genou, ils m’ont opéré deux fois. Ils ont opéré celui-là deux fois. C’est là qu’ils ont ôté le morceau puis ils ont remis la même palette du genou pour le genou nouveau. Puis c’était une patente (prothèse), le genou avait été fait en Angleterre. Il n’avait pas été fait au Canada pour commencer. En fin de compte ça n’a pas marché. Ç’a duré deux ans, puis je travaillais. Puis après ça, ils m’ont opéré encore. Ils avaient fait venir le morceau de genou pour remplacer l’autre. Ils disaient au gars quoi faire, coupe ici, coupe là. (Tirs amis sur l’île de Kiska.) Notre officier, le capitaine qui était avec nous autres, on n’était pas supposé aller où il y avait des cabanes. Il y avait une place où il y avait une belle cabane. Cela fait que l’officier a été voir, il faisait bien attention. Puis il est rentré en dedans. Quand il est sorti, il a pilé sur une bombe puis il s’est fait arracher une jambe. Il parlait encore, mais il a dit de dire à sa femme qu’il l’aimait en masse et que son temps était passé. Quand on a débarqué, les Américains et les Canadiens, on avait des « walkies-talkies », des radios. Puis quand on est arrivé là, ils ne marchaient plus. Là, les Américains, quand ils ont vu qu’il y avait des soldats proches d’eux autres, ils ont commencé à tirer puis ils en ont tué. Mais ils ont rapporté que deux cents Américains s’étaient fait tuer, mais nous autres, il y en avait une trentaine. Ils étaient en avant de nous autres. La seule manière qu’ils ont été obligés de les identifier fut qu’un officier a tiré une chose (fusée) en l’air. C’était la seule manière. Les Américains avaient leur couleur (de fusée) et les Canadiens, on avait notre couleur. Quand ils ont tiré les deux en l’air là, ils se sont reconnus. Après qu’on avait (pris possession de) l’île, on a commencé à rebâtir. Les Japonais avaient un port d’aéroplanes puis ils l’ont bombardé. On avait tué tellement de Japonais, les femmes les avaient enterrés juste dans un trou où était la base aérienne. Ils les ont enterrés là-dedans. Puis quand on travaillait, il y avait un gars qui conduisait un bulldozer puis il a stocké là-dedans des têtes, des jambes. Il a été malade pendant deux semaines. Il n’a pas été capable de travailler.