Project Mémoire

Leonard Collin

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Photo de Léonard Collin prise pendant la guerre.
Photo de Léonard Collin en 2010.
Comment je suis venu à la police? Ils m’ont choisi. Je ne pouvais pas dire non, il faut dire oui, c’est l’armée. J’y suis allé et j’ai aimé ça.
Ils ont passé une loi : à vingt et un ans, on devait rentrer dans l’armée. Ils nous cherchaient, même si on ne voulait pas, ils nous cherchaient pareil. On était obligé. Après […], je suis devenu MP [membre de la police militaire]. J’étais à Valcartier [Québec], [et] au Lac-St-Jean . Dans ce peloton il y avait simplement des caporals [caporaux]. Ils nous montraient comment […] On avait un commandant. Dans la neige, on s’habillait dans des "chiennes blanches" [un habit pour l’hiver]. C’était pour leur montrer. On ne parlait pas de nous autres là. On allait marcher dans la neige. J’ai été au Lac –Saint-Jean, il y avait un petit camp. Au mois de décembre et au mois de janvier il faisait froid, on couchait tout habillé. Au bord du lac, là. J’ai été deux mois là. Il faut rester l’arm [le bras] dans la machine. Puis ils m’ont dit que demain on s’en va à Ottawa pour faire des tests de base. Je ne pouvais pas dire non. Je me suis habillé et je les ai suivis. Nous étions environ une quarantaine. J’ai été un mois là bas. Nous allions à l’hôpital tous les matins. On était bien gardé, bien soigné. Si on était malade…ce n’était pas long qu’ils… Mais on n'était pas malade, on était jeune. Comment je suis venu à la police? Ils m’ont choisi. Je ne pouvais pas dire non, il faut dire oui, c’est l’armée. J’y suis allé et j’ai aimé ça. Il fallait faire respecter l’ordre. S’il y en avait un qui était haïssable, ils nous appelaient. Il fallait s’en occuper et l’emmener. On les mettait dans le « clean ». La police appelait ça le « clean » [ un mot pour désigner la prison.] Il passait en cour, on était témoin.