Project Mémoire

Leonard Ernest "Len" Baxter

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Crédit: Nicholas Morant / Office National du Film / Bibliothèque et Archives Canada / PA-185048.
Crédit: Nicholas Morant / Office National du Film / Bibliothèque et Archives Canada / PA-185048.
Equipage au sol avec un aircraft Fairey Battle I dans un hangar de l'Ecole de bombardement et d'artilerie No. 1, Force Royale de l'Air Canadienne, Jarvis, Ontario, juillet 1942. Leonard Baxter faisait partie de l'équipage qui a été formé à l'Ecole de Bombardement et d'Artillerie No. 1. Crédit: Nicholas Morant / Office National du Film / Bibliothèque et Archives Canada / PA-185048.
Crédit: Nicholas Morant / Office National du Film / Bibliothèque et Archives Canada / PA-185048.
Donc les chances de survie étaient excellentes dans un Wellington. J’en ai fait la preuve en sortant en marchant ou en nageant par deux fois.
Toutes les opérations auxquelles j’ai participé ça a été en tant qu’opérateur radio. Mes premières opérations je les ai faites avec la 8ème armée britannique qui était en train d’être chassée de Birmanie par les japonais quand ils ont envahi le pays. Ils commençaient à manquer de ravitaillement et ce qu’on faisait c’était de leur apporter ce ravitaillement. Ça a été la première chose qu’on a faite. L’escadron c’était le 214ème escadron (RAF) et ils les appelaient les États fédérés de Malaisie, c’était le nom officiel de l’escadron. Il y avait des (Vickers) Wellington (bombardier de taille moyenne à grand rayon d’action), et puis nous sommes partis pour notre première affectation de pilotage à proprement parler et l’unité d’entraînement opérationnel à Lichfield (RAF) où nous sommes allés. On nous a présenté les Wellington et c’était d’excellents avions. Si vous deviez faire un atterrissage en catastrophe, c’était un bon avion pour faire ça parce qu’il était en, le couple principal c’était une construction géodésique (nattes convexes qui s’entrecroisent) et ça absorbait la plupart des chocs pendant la descente. Donc les chances de survie étaient excellentes dans un Wellington. J’en ai fait la preuve en sortant en marchant ou en nageant par deux fois. La première fois c’était le 4 avril 1943. On s’est écrasés en plein milieu de la jungle. On s’est perdus et notre radio ne marchait pas – je n’arrivais pas à faire passer le signal, ou quoi que ce soit. Et alors on a atterri en catastrophe dans la jungle. On a fait un vote démocratique sur le sujet ; (rire) et tout le monde a voté en faveur de rester avec l’avion et de prendre le risque soit de faire un atterrissage forcé soit de sauter, l’un ou l’autre. Donc tout le monde a vraiment voté pour rester dans l’avion, ce qu’on a fait. Et on est descendu au milieu de trois grands figuiers du Bengale. Ils faisaient un triangle et on tenait pile au milieu du triangle. Et s’est fait brûler ; notre navigateur a eu des brûlures au troisième degré. Je n’ai pas eu la moindre brûlure, mais je suis sorti et j’ai couru le long du toit de l’avion, sur l’aile, et j’ai sauté dans la jungle. Et on avait fait en quelque sorte une éclaircie dans la jungle pour passer à travers les broussailles et on aurait dit qu’un bulldozer était passé par là. Mais, en tout cas, j’ai sauté en bas. J’ai perdu ma chaussure et ma chaussette dans les débris : tout l’équipement radio et tout le reste est sorti et est tombé des murs au moment du crash. En tirant mon pied pour le libérer, j’ai enlevé ma chaussette et ma botte. Et je n’ai même pas remarqué, tout le monde disait juste, va t’en de là, parce que l’incendie progressait et puis ça s’est embrasé tout du long ; et on savait qu’il ne restait pas beaucoup de temps avant que ça saute. Donc j’ai couru le long de l’aile et j’ai sauté dans la jungle ; et pendant que je traversais les broussailles en courant, j’ai marché sur une épine et elle est rentrée sur plus d’un centimètre dans mon talon, dans mon pied nu. Et comme on avait atterri assez près d’un aérodrome américain en construction, il n’était pas au cours opérationnel, mais nous ne savions pas qu’il se trouvait là. Mais ils ont aperçu les éclairs et l’incendie quand on s’est écrasés. En l’espace de 20 minutes ou quelque chose comme ça, ils étaient tous là. Et ils nous ont ramenés à leur camp, etc. Et on m’a retiré l’épine du pied parce que ça commençait à m’élancer. Ils ont pris une tenaille et l’ont juste sortie de là. Ça s’était enfoncé de plus d’un centimètre dans mon pied. Environ trois mois plus tard, on a participé à une mission de bombardement sur Akyab en Birmanie. On pouvait juste apercevoir les contours de la côte en approchant de là. On était à basse altitude parce que c’était une mission de bombardement à faible altitude et on devait rester à basse altitude parce que les bombes roulaient simplement, on ne les faisait pas exploser. Alors ce qui s’est passé c’est qu’on a perdu le moteur, on a perdu 1000 pieds au moins avant de récupérer. Il nous manquait 500 pieds. Alors on est allés droit à la baille. Et on pouvait voir le littoral. Alors on était préoccupé par le fait d’être faits prisonniers. Mais on avait une brise sud-nord comme vent et ça nous a éloignés de Birmanie et mis dans la bonne direction pour rentrer chez nous. Alors on s’est fait transporter jusque-là. Donc on est allés jusqu’au Delta du Gange. Et il y avait un tas de petites îles là-bas ; et on a débarqué sur l’une de ces petites îles. Celle qui s’appelait Haldi. Bon, c’était au moment de la mousson, alors on avait une mer agitée tous les jours pratiquement. La chose c’est que pendant la mousson, une bonne chose c’était que ça nous donnait de l’eau à boire. On n’avait pas d’eau potable dans le canot pneumatique, à part une petite bouillote d’eau chaude que vous mettez sur vos pieds. C’est tout ce qu’on avait comme eau. Et il y avait cinq personnes dans le canot donc cette petite quantité d’eau n’a pas duré longtemps. Sept jours, on a passé sept jours dans le canot. Presque à la même heure sept jours plus tard, d’après nos calculs, on y a passé 168 heures je crois.