Project Mémoire

Léonard Leblanc

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Leonard Leblanc
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Une copie de l'histoire officielle du régiment de la Chaudière, contenant un passage sur l'attaque échouée du régiment le 24 octobre 1944, journée pedant laquelle M. Leblanc a été fait prisonier. M. Leblanc est très attaché à ce livre car il décrit un moment qui l'a profondemment marqué durant ses années de service.
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Notice envoyée aux parents de M. Leblanc, indiquant qu'il était officiellement porté disparu, daté du 31 octobre 1944.
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M. Léonard Leblanc.
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Troupes qui reviennent au Canada à bord du RMS <em>Queen Elizabeth</em>, 1945.
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Télégramme précieusement gardé par M. Leblanc, que ses parents ont reçu lorsqu'il a été libéré de ces 9 jours en tant que prisonier de guerre, daté du 9 novembre 1944.
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C’est le choc d’être fait prisonnier qui est le pire.

On n’avait pas d’ouvrage, on était à ne rien faire. C’était comme une aventure [la service militaire] pour nous autres, dans ce temps-là. En octobre [1944] on était rendu en Hollande – vers le mois d’août à peu près. C’est au mois d’août que j’ai rejoint le Régiment [de la Chaudière] à Boulogne [France]. On a continué de faire la guerre. Le pire c’est la nuit. Si on fait une attaque dans l’après-midi, on prend position et on creuse pour se mettre à l’abri. Les Allemands se promènent aussi la nuit, ils patrouillent, alors il faut surveiller. C’est terrible, la nuit. Tu fixes assez que tu vois toutes sortes de choses. Tu vois un poteau de clôture et tu penses que c’est un Allemand.

On s’est ramassé en Hollande, et en Hollande, mon Dieu. Le 24 octobre [1944] c’est une date spéciale pour moi, car cette journée-là j’ai été fait prisonnier des Allemands en plein jour. Il faisait beau soleil. Après avoir été fait prisonnier, jusqu'à la brunante je ne me souviens plus de ce qui s’est passé. Mais à la brunante ils nous ont rassemblés et nous avons commencé à marcher. Nous étions à peu près une soixantaine d’hommes. Nous avons marché toute la nuit. Nous sommes revenus en Belgique et nous sommes restés dans une maison. Dans un grand sous-sol vide. Une couverte et de la paille. Nous sommes restés six jours là dedans. Au bout de neuf jours, on a été libéré par la Neuvième armée [américaine]. Après notre libération nous avons eu une semaine de congé. Nous sommes retournés au front après ça. C’était en octobre. En décembre on était rendu à Nijmegen [Nimègue]. Passer Noël dans les tranchées, ce n’est pas drôle.

On a passé Noël dans les tranchées et après ça on a continué. On a fait la bataille de la Hollande et la bataille de l’Escaut. Ça a été très dur, la bataille de l’Escaut. Toujours trempé, car les Allemands faisaient sauter les digues. On était inondé. Il faisait froid.

Nous étions en Allemagne dans le nord. On partait pour aller attaquer le port d’Emden. Nous devions partir à 06h00, mais finalement nous avons attendu. À 08h00 nous avons entendu un message à la radio. Toutes les armées [allemandes] s’étaient rendues sans condition [en 8 mai 1945]. C’est la plus grande joie que tu peux avoir.

C’est le choc d’être fait prisonnier qui est le pire; quand tu te fais tirer dessus et il faut se cacher. Je ne sais même pas où me cacher. J’ai aperçu un trou horizontal qui avait été creusé. J’étais avec mon cousin. On portait tous les deux le [fusil mitrailleur] Bren. Ne me demandez pas comment nous sommes rentrés dans le trou si vite que ça avec notre équipement. Peux être à reculons, je ne sais pas. On ne disait pas un mot. Quand un Allemand est arrivé avec une mitraillette à la hanche, nous n’avions pas le choix de sortir et enlever notre équipement.

Nous étions près de la mer du Nord. Le cercle se refermait. Ils ont dû se rendre, ils n’avaient pas le choix. On était avec eux alors nous avons été libérés. S’ils nous avaient pris une journée avant il y avait un passage pour l’Allemagne. Cette journée-là il n’y avait plus de passage. Ils nous ont gardés avec eux. Ça aurait pu être plus long.

On est débarqué à New York et on a pris le train pour Québec. On est arrivé ici le 29 [décembre, 1945], on a paradé jusqu’au manège militaire. Ensuite j’ai traversé à Lévis tout de suite pour prendre le train. Quand je suis arrivé chez moi le 31 décembre, ça a été un des plus beaux jours de ma vie. Tout le monde était à la gare. J’ai de la misère à en parler. Comme je vous ai dit, j’ai vu un psychologue pendant longtemps. Ça va mieux maintenant.