Project Mémoire

Lillie Olga Randy Randa

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Lillie Randa
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Lillie Randa avec des amies devant la caserne, 1945.
Lillie Randa
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Photo d'unité devant le bâtiment du siège social Regina, 1943-44.
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Portrait de Lillie Randa en uniforme de la RCAF, 1943-44.
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Lillie Randa, 1944.
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Transcription

J’avais besoin de changer de décor et je n’étais jamais sortie de la Saskatchewan, alors j’ai pensé qu’il était temps de voir à quoi ressemblait le monde. C’était le moment de participer à quelque chose et le pays était en guerre, alors il fallait faire quelque chose pour l’aider. J’aime les chiffres et le calcul, et c’est pourquoi on m’a mise à la paie du [Service féminin de l’Aviation royale du Canada], je crois.

Il y avait des danses et nous pouvions aller dans divers endroits. Oui, parfois nous nous rendions dans d’autres villes et nous jouions au ballon, à des jeux de balle, et nous essayions de jouer au tennis et à des choses comme ça. Je suppose que c’était juste pour fréquenter d’autres filles. Il y avait des filles qui voulaient s’amuser, et d’autres qui sentaient qu’elles devaient faire ce qu’il fallait et mener une belle vie. Oui, il y avait toutes sortes de gens. Certaines ont eu des problèmes, mais je ne peux pas dire que c’était mon cas. J’étais toujours du genre à faire ce qu’il fallait, ce qui est drôle quand on y pense.

Mon amie et moi avions l’habitude d’aller à une cantine à Calgary, et le type qui nous servait des hamburgers le soir, il était de mauvaise humeur. Il a dit qu’il avait dû pratiquer un avortement la veille pour quelqu’un et qu’il n’avait suivi qu’une petite formation médicale, alors ce n’était pas quelque chose que… Eh bien, il s’en est tiré, mais nous avons gardé le silence pendant toute la… Il y avait quelques filles qui étaient lesbiennes, je pense, et est-ce que je peux le mentionner? Et [à la base de l’ARC] à Calgary, les filles les ignoraient en quelque sorte parce qu’elles restaient de leur côté. Mais moi, quand je passais, je disais toujours bonjour. Et quand je suis partie, elles m’ont dit, merci, tu es la seule à avoir été gentille avec nous. Je me suis dit, bon, ce sont des êtres humains, d’accord, peut-être que je n’approuve pas, mais il faut quand même être gentil avec les gens.

À l’époque, nous étions jeunes et nous ne pensions pas autant aux morts ou aux tragédies parce que les communications n’étaient pas comme aujourd’hui. Et on n’entendait parler des différents événements que bien après, alors que maintenant, dès que quelqu’un est tué, on le sait. Ce n’était pas le cas à l’époque. Il fallait suivre un processus. Le correspondant écrivait les histoires et le temps que vous les receviez, elles perdaient en impact, je pense.

On ne savait pas ce que faisait Hitler. Nous ne savions rien de ces terribles choses, jusqu’à ce que nous l’apprenions par la suite. Je pense que ça vous ouvrait l’esprit à, eh bien, ça élargissait votre horizon parce que vous voyagiez, vous découvriez qu’il y avait un monde au-delà de votre propre petite ville. Et je pense que c’était bien de, c’était bien comme expérience d’apprentissage.