Mon ami dans l’armée, Ernie Broad, il était de Perth (aujourd’hui Perth-Andover), dans le Nouveau-Brunswick, il est mort maintenant, il est décédé – on avait des problèmes avec cette ligne ici et les chars et les chenillettes démolissaient tout en permanence. Alors j’ai dit à Ernie, j’ai dit – c’était un T dans la route – et en tout cas, j’ai dit là-bas : « Ernie, je vais, cette fois, j’ai dit, je vais dans le caniveau et je vais faire passer le fil par là, ils ne peuvent pas le couper. » Alors je suis arrivé au milieu du tunnel, par le caniveau, et je tombe sur une boite de la taille d’une boite à chaussures. Alors j’ai commencé par reculer un petit peu et tout le reste dans l’eau, alors je l’ai fait passer à mon ami, on avait une lampe torche et on l’a regardée, on a enlevé le couvercle, elle était bourrée d’explosifs. Les allemands allaient faire sauter la route. Arrêter les communications. Alors j’ai dit : « Bon, on a dégagé celle-là. Alors, mettons celle-ci de côté. » J’ai dit : « je vais retourner à l’intérieur et je vais essayer à nouveau. »
Alors en tout cas, je suis retourné à l’intérieur, j’ai croisé une autre boite, oh mon Dieu. Alors à reculons et à reculons pour sortir du caniveau. Et juste de l’autre côté de la route, il y avait une maison, mais ce qu’on ne savait pas, il y avait un Long Tom 5,5 (un canon de campagne américain de 155mm avec un long canon). Et alors que je prenais la boite et que je la tendais à Ernie, le canon a fait feu. Et le ciel s’est illuminé et vous savez, on pensait qu’on avait sauté. (rire) Tous les deux, on a mis la boite de côté et on se tâtait l’un l’autre pour voir si on était toujours là. (rire) Alors, en tout cas, on a eu quelques problèmes sur cette route. Pauvre Ernie, il était en bas de la route un peu plus loin, la première chose, un 88 (obus de l’artillerie allemande de 88mm) arrive et atterri de l’autre côté de la haie pas très loin de lui, il s’est retrouvé cul par dessus tête, il s’est envolé dans les airs et j’ai pensé : « Oh mon Dieu, il est déjà mort. »
Alors quoi qu’il en soit, je suis descendu là-bas avec la jeep, et il était là, titubant, il était plus sourd qu’un pot, il n’entendait rien, parce que l’obus avait atterri tellement près de lui que pendant quatre ou cinq jours il ne pouvais plus rien entendre.
Ouais, je me suis pris un obus à un endroit là-bas et ils avaient une grande barrière en fer forgé. Et je dormais là dedans et deux des garçons dormaient dans cette pièce. L’obus l’a traversée et a frappé la barrière en fer forgé. Autrement, il serait arrivé droit dans notre chambre ; où on venait juste d’emménager, emménagé dans un bâtiment vide et dormi, hein. Ouais. Et vous pouviez voir tout, j’ai vu, je pouvais voir, j’étais bas, sur le sol, je pouvais voir ça. Et l’obus a explosé et c’était juste comme un tas de, de soudure, vous savez, quelqu’un qui soude quand ça a frappé là-bas et que ça a déplacé la barrière en fer forgé de ça, à peu près trois centimètres. Et une partie a atterri dans l’arrière de notre camion d’une demi tonne à travers les rouleaux de câble et tout le reste qui dépassait. Et le lendemain matin je me suis levé et j’ai secoué ma couverture et il y avait un petit éclat d’obus, (gestes) de cette longueur. Ça ressemblait à un morceau de charbon. Il est passé par la fenêtre et il a brûlé un trou là juste à travers ma couverture.
Ouais, vous sortez la nuit, oh seigneur tout puissant. Il y avait un gars là-bas, j’avais passé une partie de la journée dehors. Mais voyez, certains gars étaient tellement fatigués qu’ils s’endormaient dans un camion en mouvement. Accrochés à un poteau. Le camion s’arrêtait et ils tenaient toujours leur poteau. Il fallait les réveiller.
On était là-dedans, on a emménagé là de nuit pour que les allemands ne nous voient pas et on a creusé nos tranchées étroites et on a tout mis dans des sacs de sable et emporté plus loin pour qu’il y ait, et le camouflage qu’on installait. La même chose avec les trous pour les canons et tout ça. Et c’était l’endroit où on est restés pendant un mois environ, en se préparant pour cette poussée à ce moment-là. Et le 5 ou le 6 avril (pendant la bataille de Monte Cassino entre janvier et mai 1944), à 11 heures du soir cette nuit-là, la campagne a commencé et on a eu, j’ai lu, 1550 canons qui ont fait feu simultanément, tous d’un coup. Ça a illuminé tout le ciel. Vous pouviez lire le journal.
Et tout le monde a commencé à arriver, l’infanterie est passée devant nous et tout le reste. Et on s’est fait prendre. Le chauffeur et moi-même avons suivi les lignes de téléphone, le téléphone était pris, coupé. Il fallait qu’on sorte et vous ne pouvez que conduire sans lumières sur la jeep ou quoi que ce soit parce qu’on était trop près (de la ligne de front). Et les chars ont commencé à sortir des bois là-bas et tout le reste, les chars Sherman et tous les autres. Et nous on était là avec la jeep et on ne pouvait pas les voir, la poussière et tout le reste. Oh, on a eu une sacrée trouille cette fois-là. (rire)
Alors en tout cas, on s’est finalement débrouillés. On avait la trouille. Tous les deux, vous savez, un char de 50 tonnes peut vous écraser assez facilement, une petite jeep. Mais en tout cas, on est rentrés, on a réparé la ligne de téléphone, on est rentrés. Alors après ça, la campagne a commencé le jour suivant ou à peu près, on a commencé l’avancée, ils ont pris Monte Cassino. Et Cassino est l’un des endroits dans le monde où la nature offre une fortification naturelle des plus imposantes.
J’ai monté un peu la garde au pont de Nimègue (aux Pays-Bas, pendant la campagne d’Europe du nord-ouest en 1945), c’est le pont à une seule travée le plus long d’Europe qui traverse le Rhin. Et les allemands essayaient de, avec des hommes grenouilles et tout ça, de le faire sauter et le détruire pour empêcher toutes nos communications. Mais ça (le pont) c’était sur le chemin pour aller en Allemagne, voyez. Et sur ce fleuve, on avait ces énormes projecteurs dont ils se servaient pour les avions dans le ciel et on les faisait refléter l’eau du fleuve pour pouvoir repérer n’importe quoi sur le fleuve, un tronc d’arbre ou n’importe quoi sur le fleuve. Donc il n’y avait pas, le moindre mouvement ou quoi que ce soit, vous tiriez dessus et ne preniez pas le moindre risque.