Project Mémoire

Louis Ralph Brochet

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Louis Brochet débarquant du navire hôpital canadien HMCS <em>Lady Nelson </em>à la ville de Québec, Québec, en novembre 1945.
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Louis Brochet (à droite) et deux camarades à Hindhead, Angleterre, 1944.
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Carte d'amarrage remise à Louis Brochet pour son voyage d'Halifax jusqu'en grande-Bretagne à bord du RMS <em>Queen Elizabeth</em>, 1943.
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Formulaire de qualification professionnel du soldat Louis Brochet dans l'armée canadienne, certifiant son service actif pendant la guerre en tant que trieur postal dans le corps postal royal canadien.
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Personnel du bureau de poste du corps postal royal canadien à l'hôpital de campagne no. 22, à Hindhead, Angleterre, 1944. De gauche à droite au dernier rang: Norman Charlton, Paul Richard et Louis Brochet. De gauche à droite au premier rang: personne inconnue, sergent inconnu et Kenneth Fulcher.
Louis Ralph Brochet
Il y avait une quantité astronomique de lettres qui arrivaient et elles devaient pratiquement toutes être réacheminées parce que le temps que les lettres arrivent, les gens étaient partis, les lettres étaient ailleurs.
Je m’appelle Louis Ralph Brochet. J’ai commencé avec le Corps postal royal de l’armée canadienne. En 1939, je pêchais la morue pour un demi-centime la livre. Je travaillais dans les mines cet hiver-là, l’hiver 1941, et au printemps, sur le chemin du retour, je me suis arrêté à Montréal et j’ai décidé de m’engager dans la marine. Je suis allé au local de la marine pour offrir mes services; et ils m’ont demandé ce que j’avais fait jusque-là. Alors j’ai tourné les talons et je suis parti. Je suppose qu’ils ne voulaient pas de moi. Mais ça s’est terminé là. Je crois que la plupart des recrues étaient plus jeunes que moi, et j’avais dans les, j’avais 23 ans ou quelque chose comme ça. Je leur ai dit que j’avais (été) capitaine de bateau à moteur, vous savez, et je pense qu’ils voulaient que leurs recrues soient sans expérience, et ils voulaient les former à leur manière. Ils ne voulaient pas d’un gars comme moi avec des idées préconçues, ou peu importe. (rire) Vous savez, ce qui s’est passé c’est que j’avais de très bons rapports avec l’école, avec l’institutrice en poste; et à ce moment-là, elle a reçu une affiche à mettre sur le mur il leur fallait des volontaires de toute urgence, quelque chose qui disait que le Corps postal canadien avait un besoin urgent de volontaires. Le navire était trop grand pour accoster et on est descendus à terre à Cowes, ou quelque chose comme ça. Et puis on a pris le train là-bas pour redescendre sur Aldershot, en Angleterre (quartier général de l’armée canadienne). Et je regardais dehors et j’ai vu des femmes avec des habits de travail en caoutchouc qui travaillaient sur la voie avec des pioches et des pelles. Oh, j’ai dit, mon Dieu, c’est la guerre par ici, vous savez. Avant ça au Canada, on ne savait pas qu’il y avait une guerre en cours. Comment diable quelques petits dérangements là-bas qu’on avait avec le rationnement, et ce genre de choses. On avait suffisamment à manger de toute façon. Mais là-bas, j’ai réalisé que c’était bien la guerre quand j’ai vu ce que ces femmes faisaient en Angleterre. L’armée canadienne ou le Corps postal avait un système qui marchait par unité. On n’en savait pas très long au début quand on arrivait là-bas et puis tout était articulé autour de la distribution. Si vous saviez comment marchait la distribution, bon, vous pouviez prendre un paquet de lettres et les distribuer. Mais si vous ne saviez pas comment fonctionnait la distribution, vous ne pouviez rien faire du tout. Alors je me suis dit, que diable, je vais apprendre comment distribuer le courrier. Et je l’ai fait, et en deux semaines à peu près, j’ai appris à distribuer le courrier. Il y avait un peu plus de mille unités dans l’armée de terre canadienne et, bien sûr, quelquefois vous deviez rechercher quelque chose, mais en règle générale vous saviez quand une lettre était adressée à l’unité, que cette unité soit, que ce soit la Première armée canadienne ou le 1er Corps canadien ou alors le Static Canadian (Office N°) 6 ou (N°) 10 (bureaux de l’administration et de la formation à des endroits fixes, pas rattachés à des unités particulières de l’armée de terre), ou autre, vous savez. Alors j’ai appris à distribuer le courrier. Il y avait une quantité astronomique de lettres qui arrivaient et elles devaient pratiquement toutes être réacheminées parce que le temps que les lettres arrivent, les gens étaient partis, les lettres étaient ailleurs. Alors il fallait qu’on cherche dans nos dossiers et qu’on réachemine le courrier. Les lettres provenaient pour la plupart de leurs familles au Canada, vous voyez, qui avaient été adressées, les avaient suivis partout, en essayant de les rattraper. Voilà c’est à peu près tout. Le gros truc c’était l’expédition des cigarettes, des cartouches de 300. Jusqu’à, quand j’étais à la poste là-bas à un certain moment, ils ont changé le règlement et ils ont construit une base outre-mer avec des cigarettes canadiennes détaxées et les soldats pouvaient les commander dans cette base. À un moment donné, ça faisait un an ou plus que je n’avais pas vu l’océan et ça me rendait dingue. Après l’ouverture du deuxième front – on allait passer quelques mois là-bas – ils nous ont accordé des permissions. Alors on m’avait donné une dizaine de jours ou à peu près, et je suis descendu à Brighton, me suis procuré une barque et une fille; et j’ai ramé tout autour du port. (rire) Bon, il y a une chose que j’ai, une remarque que je voudrais faire. Je suppose qu’il est un peu tard, c’est trop tard pour la plupart d’entre nous maintenant parce qu’on est presque tous passés de l’autre côté. Nous sommes pratiquement tous trépassés et enterrés, mais il devrait y avoir une sorte de programme pour enseigner aux jeunes quelque chose au sujet des guerres, quelque chose pour leur faire réaliser qu’ils ont leur liberté et qu’ils ne l’ont pas eu pour rien, vous savez.