Project Mémoire

Marie Beatrice Bea Venne

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
De gauche à droite: Beatrice Venne; Marcella; Flora; Mary.
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
"Nous sommes allées à un rodeo à Regina, SK. Quatre d'entre nous sont debout dans la rue. Mon amie Marcella est monté sur un cheval. Elle n'avait jamais été à un rodeo parce qu'ils venaient du Nouveau Brunswick".
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
Beatrice Venne est debout à droite.
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
Beatrice M. Venne
Beatrice Venne en uniforme, Ottawa, 1942 ou 1943.
Beatrice M. Venne
Personne ne vous traitait différemment parce que vous étiez une femme ou n’insinuait que vous n’étiez pas à votre place. Pas du tout. Chacun avait ses tâches à accomplir.

Transcription

Je m’appelle Beatrice Venne et je suis née à Leask, Saskatchewan, en 1925. Je voulais y aller. Quelqu’un m’a mise au défi. On m’a dit, oh, on ne t’acceptera jamais, et j’ai dit, on verra ça. À l’instruction élémentaire, nous devions courir, marcher, obéir aux règles. Nous n’avions pas le droit de sortir après, il y avait un couvre-feu qui nous obligeait à être dans les casernes à une certaine heure et voilà. Ça ne me dérangeait pas du tout parce qu’on était toujours en train de courir partout de toute façon. Vous savez, comme quand vous êtes à la ferme, vous êtes toujours en mouvement, vous courrez après les vaches et vous êtes habitués aux tâches pénibles. Ce n’est pas comme si vous dormiez, une personne qui ne sait pas ce que c’est de faire des tâches pénibles. J’ai travaillé pour des agriculteurs, ils s’attendaient à ce que vous soyez debout à l’aube et que vous travailliez jusqu’à minuit. On s’habitue donc à travailler fort.

Après avoir terminé notre instruction élémentaire, on nous a demandé ce que nous aimerions faire, une fois que nous aurions terminé. Et j’ai dit, eh bien, je ne sais pas ce qu’il y a d’autre; je crois que j’aimerais faire la cuisine. Et c’est là que j’ai commencé, on nous a envoyés à Guelph, en Ontario, tout comme lorsque vous allez à l’école, on vous emmène là-bas et un jour vous êtes avec la boulangerie et vous cuisinez toute la journée là-bas, on vous montre ce qu’il faut faire et puis chaque jour vous faites quelque chose de différent. Et vous appreniez à cuisiner et vous appreniez à couper la viande et vous appreniez tout sur la cuisine. Et puis il y avait un test à la fin de toute votre formation. Et vous deviez le réussir avant de recevoir vos papiers aussi, ensuite vous receviez une petite augmentation. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était quand même un petit quelque chose, parce que quand on ne travaille que pour 10 dollars par mois, un petit peu plus d’argent, ça aide pas mal. Personne ne nous traitait différemment à l’époque. C’est ce que j’ai dit, comme on ne savait rien d’autre, on suivait le mouvement. Personne ne vous traitait différemment ou, parce que vous êtes une femme, vous ne devriez pas être ici ou autre. Non, ce n’était pas comme ça, tout le monde avait un travail à faire et vous faisiez votre travail.

Ils nous renvoyaient à la [BFC] Rockcliffe, nous cuisinions tout le temps là-bas, après avoir terminé votre cours, vous y retourniez et vous faisiez la cuisine là-bas. Il y a des chauffeurs du transport mécanisé et des pilotes, et de tout dans la Force aérienne. Nous faisions la cuisine pour eux. Il y avait des quarts de travail à toutes les heures, des quarts de 24 heures. Nous faisions la cuisine la nuit, quand les hommes rentraient de leur vol et que nous devions avoir des repas prêts pour eux quand ils rentraient. Donc on était toujours occupés.

Tout le monde avait un travail. Certains jours, vous étiez à la viande, d’autres à la pâtisserie. Un autre jour, vous étiez à la soupe, un autre jour au café. Vous savez, tout, tout le monde avait un travail tel ou tel jour. On vous donnait un certain laps de temps pour faire ce que vous faisiez. Et tout le monde était pareil. Au déjeuner, il y avait toujours des céréales, du pain grillé, du café, des œufs, du bacon, du jambon et différentes sortes de confiture. Comme on le ferait à la maison, le déjeuner typique. Pour le dîner, on avait de la soupe et des sandwichs ou ce qu’ils mettaient au menu, puis on suivait ce menu et on cuisinait comme ça. Et le souper, c’était la même chose : on avait du rôti, des pommes de terre, des légumes et tout.

Alors certains anciens combattants, comme ceux qui étaient outre-mer, n’avaient pas grand-chose parce qu’il n’y avait pas grand-chose outre-mer, mais au Canada, ça allait parce qu’au Canada, les gens avaient beaucoup d’animaux. Je ne sais pas s’ils les donnaient ou s’ils les vendaient, ce n’était pas beaucoup. Mais nous avions toujours beaucoup de viande à l’armée si nous en avions besoin, comme vous savez, des cochons et du porc, et des jambons. On avait toujours de la nourriture. Je ne pense pas que quiconque ait été privé de nourriture, vraiment.

Il y avait des films tout le temps à la base. On n’avait pas le droit d’aller en ville, sauf si c’était pendant notre temps libre, comme pendant un laissez-passer de 48 heures. Mais sinon, on restait sur la base. On allait danser. On avait des soirées dansantes presque tous les soirs et des films tous les soirs. Vous pouviez aller voir un film tous les soirs; il y avait toujours des films à voir. Oh, je me souviens d’être allée voir un tas de films différents, Mrs. Miniver et oh, ne me demandez pas tous les noms des films que nous avons vus, les vieux films. J’aime toujours les regarder. Autant en emporte le vent, des choses comme ça. Nous regardions tous ces vieux films, Fred Astaire et Ginger Rogers, et la danse et tout le reste; nous les regardions tout le temps parce que c’est le seul divertissement que nous avions. Et nous allions faire du patin à roulettes.

Oh, j’ai encore une amie qui vit au Nouveau-Brunswick. L’année dernière, je suis allée la voir au Nouveau-Brunswick. On faisait la cuisine ensemble. Après 60 ans, j’ai dit que j’étais allée la voir l’année dernière. Et Mary Tibbits. Elle s’appelait autrefois Mary Demerchant. De bons souvenirs. Je ne dirais pas que c’était de mauvais souvenirs, non. On avait toujours l’impression que tout… on s’est bien amusées.