Project Mémoire

Marjorie Barton

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Page du livre de service de Marjorie Barton.
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Pamphlet du Gouvernement canadien pour les mariées de guerre voyageant de Pier 21, Halifax, Nouvelle Écosse, jusqu'à leur destination.
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Photo de Marjorie Carton prise à Ludlow Shropshire en 1943. Elle stationnait à Clee Shrops Hill et venait juste de recevoir une promotion de Leading Aircraft Woman Radar.
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Photo de Mme Barton devant un système de radar moderne en Angleterre.
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Broche de bérêt portée au centre de son chapeau qui a été remis à Marjorie Barton au début de son service.
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« Pour l’un de nos concerts, nous devions nous rendre là-bas, et c’était tout une aventure. Nous y donnions notre spectacle, nous faisions nos propres costumes et c’était très amusant. »
La ville de Hull (Angleterre) était bombardée sans cesse. Et finalement, mon père et ma mère, nos fenêtres avaient été soufflées deux ou trois fois et on était dans l’abri chaque nuit et ça devanait très inconfortable. Alors mon père et ma mère ont décidé de retourner à Nottingham. C’était là où ils étaient nés et avaient grandi tous les deux. Et moi je ne voulais pas aller à Nottingham, alors ma meilleure amie qui avait été évacuée elle aussi, son père était un marchand de poisson. Et on l’avait transféré de l’autre côté du pays avec l’entreprise de poisson, près de Blackpool, Fleetwood. Donc je suis allée là-bas et j’ai été dans le premier groupe d’appelées dans les 19, 20 les premières femmes à être appelées sous les drapeaux. Ma meilleure amie, avec qui j’habitais à ce moment-là, son frère était dans l’armée de l’air (RAF) et il était dans un équipage. Et il s’est trouvé qu’il était chez lui en permission quand j’allais m’engager (dans les auxiliaires féminins de l’armée de l’air). Et il a dit, bon dis-leur que tu veux être traceuse. Il a dit, comme ça tu ne seras pas du côté de l’administration ou de la cuisine ou de la conduite des véhicules. Tu sais, c’est bien mieux comme travail. Alors dis-leur ça. Donc quand je me suis engagée, j’ai dit, vous savez, je voudrais travailler comme traceuse. Alors elle a dit, bon laissez-moi, vous savez, vous faire passer quelques tests. Alors elle m’a dit, c’était d’ailleurs des plus marrant parce que j’étais vraiment mauvaise en arithmétique, ça a toujours été comme ça, encore aujourd’hui et elle a dit, pouvez-vous me montrer comment on trace une perpendiculaire. Et c’est la seule chose dont je me souvenais en géométrie, alors je lui ai montré comment on fait ça. Et elle a dit, maintenant épelez-moi le mot parallèle. Et je savais comme épeler ça parce que mon professeur d’anglais avait toujours dit, rappelez-vous du « all » au milieu du mot « parallel ». Donc j’ai épelé parallèle et elle a dit, oh ! Vous êtes exactement la personne qu’on cherche. On commence ce nouveau métier, dans les radars – c’était tout nouveau à l’époque – voulez-vous devenir opérateur radar. Alors j’ai dit oui. À un moment, j’ai attrapé la diphtérie là-bas et j’ai passé trois mois dans un hôpital civil avec ça et je m’étais débarrassée de la diphtérie mais j’étais porteuse de la maladie. Donc je devais, vous savez, continuer à faire des analyses et je devais avoir trois tests négatifs d’affilé avant de pouvoir sortir. Donc ça a pris un certain temps avant que je sorte de là. C’était assez dur parce que j’étais à la base de Grimsby, qui était de l’autre côté de la rivière Humber par rapport à Hull, là où ma famille se trouvait, ils étaient revenus à Hull. Et vous pouviez voir Hull se faire bombarder presque toutes les nuits parce que les avions allemands, s’ils allaient bombarder autre part et bien ils prenaient la rivière Humber comme repère en quelque sorte. Et quand il leur restaient des bombes il les larguaient sur Hull. Alors c’était, vous savez, dur de voir ça se passer sous vos yeux depuis la rive opposée de la rivière. Et normalement, il y avait un ferry qui faisait la traversée mais ils ne marchaient pas parce que tous les ferries servaient au déminage. Alors ça faisait un sacré détour d’aller à Hull par le train. Donc c’était la seule chose que je n’aimais pas quand j’étais dans cette base. On était reliés par casque tout le temps. On était ce qu’on appelait une station maîtresse et on était une sorte de centrale et puis il y avait ce qu’on appelait des stations asservies c’étaient quatre stations qu’on avait tout là-haut en Écosse je pense. Et l’une d’entre elles était située à l’extrême pointe nord-ouest de l’Écosse et ils considéraient que c’était trop isolé pour qu’il y ait des filles là-bas, alors il n’y avait que des hommes. Donc évidemment, on était au téléphone toute la nuit avec ces hommes, vous savez, en alternance toutes les demi-heures, et ça finissait par être vraiment amical et vous, vous savez. Alors pour une de nos soirées spectacle on est monté là-bas et ça faisait un sacré trajet et on a fait le spectacle là-bas, vous savez, on a fait nos propres costumes et on s’est bien amusés à faire ça, oui. Je me souviens qu’un des thèmes c’était une danse hawaïenne et pour faire les pagnes on avait pris les roseaux qui poussaient dans la lande. Et on avait fabriqué ces pagnes et petit à petit ils sont devenus de plus en plus secs, alors après le deuxième spectacle, ils nous rentraient dans la peau. Et on avait une fille, elle était cuisinière et elle chantait vraiment bien. Et je sais qu’elle chantait des choses du genre Boogie Woogie Bugle Boy of Company B. Mais elle était vraiment bonne. Et on avait un sergent gallois qui avait une très belle voix et qui chantait Jerusalem pour un oui pour un non. Mais il était bon. Et des choses comme ça, des sketchs qu’on inventait. Oh ! Et moi je faisais des claquettes, parce que toute ma vie j’avais fait des claquettes depuis toujours. Et je n’avais pas de costume, vous voyez, alors j’ai piqué un des rideaux de la NAAFI. Bon, la NAAFI c’était, je ne me souviens plus à quoi correspondent ces initiales, Marine et…(Navy, Army and Air Force institutes, une cantine qui servait des repas aux soldats anglais) En tout cas, vous pouviez avoir des sandwiches et du thé là-bas, et ils avaient des NAAFI partout dans le pays pour toutes les troupes mais ça ne faisait pas partie de l’armée et on payait pour le thé et le sandwich et tout le reste. Et ce qu’on gagnait avec les NAFFI ça servait surtout à acheter de la bière pour les fêtes. Mais j’ai volé les rideaux de la NAAFI et fabriqué les costumes qu’on portait avec. Et ils n’ont pas eu l’air d’avoir manqué à qui que ce soit.