La Première Force de Service spécial est venue pour trouver des volontaires, et je me suis porté volontaire, principalement parce que c’était une unité de parachutistes. Et le lendemain, ils sont arrivés avec des véhicules pour nous emmener dans le Montana. Quand ils m’ont appelé, je me suis approché pour monter dans le camion et ils ont dit : « Non monsieur, il faudra attendre jusqu’à ce que tu aies atteint l’âge. » Donc, fini pour moi cette fois-là. Mais finalement en partant outre-mer avec les renforts du Loyal Edmonton Regiment, je suis allé en Sicile, et en Italie jusqu’au-delà d’Ortona. Et puis, en mai 1944, on est partis en repos et récupération et là j’ai attrapé – je me suis retrouvé avec la malaria et j’ai passé une semaine à l’hôpital, je crois. Et pendant que j’attendais de retourner dans mon régiment, la Première Force de Service spécial s’est présentée encore une fois pour trouver des volontaires, alors je me suis porté volontaire à nouveau, tout en sachant qu’il nous faudrait peut-être sauter sans y avoir été préparés si besoin était. Et on recevait une solde de parachutiste et j’ai passé six mois avec la Première Force de Service spécial, et quand elle été démantelée je suis retourné dans le nord de l’Italie retrouver le Loyal Edmonton Regiment.
On traversait la ville de Leonforte [Sicile]. Évidemment, c’était la nuit, tout était dans l’obscurité, vous ne pouvez pas voir très loin dans ces conditions et on s’est retrouvés près d’une gare ferroviaire. Et on avait pour objectif de prendre la colline sur le côté gauche de la ville. Et on s’est butés à ce mur qui faisait partie de la gare, et, avec le Lieutenant Swan je pense, on est allés jusqu’au mur et on a essayé de trouver une ouverture dans le mur pour que le reste de la compagnie passe par là pour aller jusqu’à l’objectif. On est arrivé au bout du mur et l’officier m’a demandé, il a dit : « Tu restes ici et je vais retourner là-bas pour voir si je trouve un autre endroit et je reviendrai te chercher. » Bon, il n’est pas revenu me chercher. À ce moment-là, les Allemands, je pouvais les entendre murmurer, ça montre à quel point ils étaient près. Ils se préparaient à contre-attaquer. Alors j’ai pensé qu’il vaudrait mieux que je dégage de là. Et dès que j’ai commencé à bouger, ils ont lancé des fusées éclairantes et bien sûr quand une fusée éclairante monte en l’air, il faut vous mettre à couvert et rester planqué jusqu’à ce que la fusée s’éteigne. Et c’était très traumatisant. J’ai même dit à ma mère à haute voix : « Maman, aide-moi s’il te plait! » Bon, vous faites des trucs comme ça. Je suis certain que c’est pareil pour chaque soldat, faire ça ou le même genre de choses.
Bon Ortona – et je sais que vous savez ce qui s’est passé. On a traversé la ville en perçant des trous dans les murs pour passer d’une pièce à l’autre. Les rues étaient remplies de tas de gravats qui étaient presque aussi hauts que les maisons. Alors c’était le moyen qu’on utilisait pour passer à travers et je pense qu’une majorité des soldats du Loyal Edmonton Regiment étaient des fermiers, des gars de la ferme. Et un gars de la ferme ne se laisse jamais abattre et il trouve toujours un moyen pour s’en sortir. C’était comme ça qu’on a procédé pour capturer Ortona, on est passé de pièce en pièce pour traverser. Vous perciez un trou pour entrer dans la pièce. La plupart du temps, l’explosion tuait ou anéantissait en grande partie l’ennemi qui se trouvait dans la pièce, et ensuite vous passiez à la pièce suivante. Il y avait toujours une autre pièce.
[Les Allemands étaient] c’était d’excellents soldats. Ça ne fait aucun doute. Ils étaient très bien formés, et les plus jeunes d’entre eux, les adolescents, il y en avait vraiment beaucoup, c’était des fanatiques. De fait, à Ortona, une mitrailleuse allemande, sur son tas de gravats en plein milieu de la rue, il tirait avec sa mitrailleuse. Et ses yeux – il avait été touché au visage – et ses globes oculaires pendaient le long de ses joues, et un de nos gars, Squires, parlait allemand et il a braillé, il lui a dit : « Pourquoi ne laisses-tu pas tomber ? » Il a répondu : « Venez me chercher, espèce de fils de p… » Et il ne pouvait pas voir ce qu’il faisait. Mais ils étaient comme ça.
On s’est entrainés, en fait, à faire des débarquements amphibies. Et tout notre entrainement s’était passé dans le sud de l’Italie et toujours de nuit, alors on grimpait sur des flancs de montagnes raides et il faisait tellement sombre qu’on ne pouvait pas vraiment savoir à quel point c’était abrupt. En tout cas le moment venu, ma compagnie est allée sur l’île de Port-Cros, on a capturé l’île de Port-Cros. Et pour y aller – bon, moi j’aurais dit que ça avait duré toute la nuit. Quand on est descendus du destroyer, on a roulé jusqu’à Port-Cros et alors qu’on approchait de l’île, je croyais que ça faisait partie de l’île, mais en fait il s’est avéré que c’était un destroyer allemand. Mais quand vous ne voyez que les contours, parce que c’était la nuit et qu’il faisait sombre, mais ça n’a pas eu de répercussion sur notre débarquement ou quoi que ce soit. On a marché – bon, ce n’était pas une très grande île, mais vous savez on a avancé en rampant très lentement pendant toute la nuit et quand le jour s’est levé on était juste au pied d’un grand fort et c’est là qu’on a passé une grande partie des deux ou trois jours qui ont suivi. Je ne me souviens pas combien de jours ça a pris avant que – avant que les Allemands se rendent, mais de là nous nous sommes rendus sur le continent dans le sud de la France.