Quand j’y suis allé, il a dit qu’il y avait un officier, il vient vers moi et dis : « Tu vas être avec nous, avec le Régiment de Maisonneuve. Et il m’a expliqué de quoi il retournait. À savoir où c’était exactement, je ne savais rien du tout à ce sujet. Parce que quand vous avez 18 ans et demi, vous ne connaissez rien. Vous ne vous préoccupez que de ce qui se passe autour de vous. Alors on a simplement remplacé. Et quand j’ai remplacé, et je dirais que ça faisait juste deux semaines que j’étais au courant de tout ce qui se passait. Et vous apprenez vite parce que l’autre il ne sait rien lui non plus. C’est ce que je me suis figuré, je vais m’y mettre moi-même. Et l’officier vient et il dit : « Ça fait deux semaines que tu es là et on ne voit aucun problème. » Et il ajoute : « On manque de personnel et on veut que tu prennes en charge un peloton. » J’ai répondu, si j’avais la possibilité de choisir autre chose je choisirais autre chose. Il a dit : « D’accord, tu vas devenir estafette. » À cette époque, être une estafette, vous savez pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas de téléphone portable ou quoi que ce soit de ce genre, alors il dit, c’est ce que tu vas faire. J’ai répondu : « Ça me va. »
Bon, être l’estafette, personne ne savait que j’étais une estafette. L’officier a dit : « Tu ne peux en parler à personne que tu es une estafette, parce que si ça tombe dans l’oreille d’un, ils vont te tuer. » Alors ils ne savent pas que vous êtes une estafette. Alors vous savez, j’ai dit, moi en ce qui me concerne je vais garder ça secret, c’est sûr. Mais il a dit : « Tu te débrouilles bien, a-t-il dit, ne t’en fait pas. » En fait, il dit, juste là j’ai…
Il y avait une colline, disons que la colline démarre ici et ça monte et les chars et tout ça, ils montaient vers le sommet et il y avait des maisons et tout là-bas, jusqu’à ce qu’ils arrivent de l’autre côté. Et c’était bien en haut. Alors il a dit : « Il y a une maison, il y a trois maisons ensemble et il y a une maison au milieu qui nous cause des problèmes, c’est sur le côté droit. Il a dit, vas-y pour dire au gars, le char était à l’extrémité, et ensuite monte en haut de la colline. Et il dit : « Tu y vas et tu lui dis qu’on a un problème avec ça. » Alors, et je cours, on ne marche pas ou quoi que ce soit, on court. Il le fallait.
Alors je vais là-bas et je cours et le gars, j’étais seulement à mi-chemin et il a dit : « Qu’est-ce qui se passe ? » Il criait. Alors je lui ai dit, je dis, écoute, je n’entends rien alors je vais me rapprocher. Bon, parce que je ne voulais pas montrer que j’étais un messager. Et quand je suis arrivé là-bas, j’ai dit au gars, j’ai dit : « La troisième maison sur la droite nous cause des problèmes. Il a dit : « D’accord j’ai compris. Il a dit, toi continue. » Et il a dit, quand je cours, vous voyez, ils ne pouvaient pas me voir parce que je suis de l’autre côté de la colline, la colline monte, alors moi j’étais à l’autre bout. Alors quand je suis arrivé à peu près à mi-chemin, j’entends boum, boum, boum, les trois maisons, parties. Il y a une chose à propos de ça, c’est qu’ils vous demandent. Si j’avais eu l’âge, pas l’âge que j’ai maintenant, mais si j’avais eu dans les quarante ans, j’aurais eu peur. Mais je n’avais pas peur parce que tout avait l’air de bien se passer.
Il y en a une autre, quand on est allé à, on a traversé tout ça et puis on remplissait les pelotons, et c’était à Groesbeek (Hollande). On était là pour refaire le plein d’hommes dans les pelotons. Et on n’allait pas partout chercher les gars, ils nous retrouvaient là-bas. Et pendant que j’étais là-bas, j’ai dit à l’officier, j’ai dit : « Il faut que j’aille à la cantine. » Il a répondu : « Tu sais, ça fait un bout de chemin jusqu’à la cantine. Et on est toujours en guerre. » Et j’étais avec un ami et il a dit : « Voilà l’idée c’est que tu mets ton casque parce qu’on est toujours en guerre. » En tout cas, j’ai dit au gars, j’ai dit : « Va chercher ton casque et on va aller à la cantine. » Alors il est parti le chercher et il l’a mis et on est sortis et on a commencé à parler parce qu’on devait cacher l’endroit de la cantine. Donc je savais que c’était sur la droite.
Quand j’étais là-bas, j’étais juste à la même distance qu’avec vous ici et j’étais en train de lui parler. Et mon casque, j’ai un filet sur le dessus et j’avais du pansement de combat qui prenait dans les trois centimètres sur le côté. Et une balle a frappé mon casque sur le pansement. Et mon casque s’est mis de travers et j’ai pensé, mais ça allait. Et alors mon ami était là, et qu’elle a eu parcouru la distance entre lui et moi, elle a touché, la balle l’a touché et la balle était de biais quand elle l’a atteint, de travers, elle n’était pas droite sinon elle serait rentrée. Alors de biais et il crie aïe et j’ai su immédiatement, j’ai dit : « C’est une balle qui vient de te toucher. » Il a dit : Oh mon Dieu, est-ce que ça m’a blessé. » J’ai dit : « Ouvre-le et regarde. » C’était tout rouge. J’ai dit : « Ça va tu as de la chance parce que la balle vient juste de toucher mon casque. » Il a dit : « Bon sang, on a une de ces veines. » J’ai dit : « Oui, elle est là et je n’en veux pas. » Et un moment plus tard, je suis juste là debout et j’ai dit : « Tu sais quoi, je vais retourner au camp, je ne vais pas descendre à la cantine, au diable la cantine. » C’était peut-être un tireur embusqué ou bien ça pouvait aussi être un ricochet.