Project Mémoire

Mendel Thrasher

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Mendel Thrasher
Mendel Thrasher
Carte postale envoyée par Mendel THrasher depuis le camp des prisonniers de guerre par la poste des prisonniers, informant ses parents qu'il a effectivement été fait prisonnier par les allemands et qu'il va bien. Daté du 13 janvier 1945.
Mendel Thrasher
Halifax Daily Star
Halifax Daily Star
Article du journal <em>Halifax Daily Star</em> montrant des anciens combattants canadiens sortant du <em>RMS Scythia</em>, le bâteau sur lequel Mendel Thrasher est revenu après quatre ans passés à la guerre, 6 janvier 1946.
Halifax Daily Star
Mendel Thrasher
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Télégramme reçu par les parents de Mendel Thrasher, rapportant que leur fils a disparu en action et qu'il a sans doute été fait prisonnier de guerre, décembre 1944.
Mendel Thrasher
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Plaques d'immatriculation de Mendel Thrasher quand il était prisonnier de guerre.
Mendel Thrasher
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Portrait de Mendel Thrasher en uniforme.
Mendel Thrasher
Et vous entendez la même musique qu’on joue ici, c’était horrible d’imaginer des gens civilisés se battre les uns contre les autres. Mais c’était comme ça.

Quand on a débarqué à Naples, ici le Vésuve crache de la fumée juste de l’autre côté de la baie. On pouvait voir ça. Alors c’était quelque chose. Vous savez, on est entré au pas comme si c’était un déplacement sur route et les allemands nous laisse venir juste là. Et ils n’ont pas tiré un seul coup jusqu’à ce qu’on arrive et après bigre, ça nous tombe tout dessus. Ils nous ont tout simplement arrosé avec tout ce qu’ils avaient, des obus de mortiers et tout le reste.

Et là où j’étais, il y avait une rivière, je suis allé sur la gauche et ici, moi et un autre jeune type, un soldat, et j’avais un mortier de 5cm avec moi et mon fusil et des grenades. On a tout pris, on avait tout quand on partait au combat.

C’était un peu la défaite pour nous ce coup là. Il nous a fallu donner l’ordre de battre en retraite je crois. Je ne suis pas sorti de là avant le soir, je devais… J’avais mon copain avec moi, il était blessé et touché au ventre et mes sangles étaient coupées et j’avais une coupure à l’épaule mais on a pu sortir à reculons malgré tout, retourner sur nos lignes quand ils ont donné l’ordre de venir, pour rentrer. Le major Ogilvie était, c’était le commandant de la compagnie, il a attendu et il nous regardait rentrer et il vous accueillait. Il était major et venait de Montréal et il était avec les Cape Breton Highlanders.

On m’a mis à un poste d’information au bord du canal, un poste d’observation, creusé dans la berge du canal et debout j’atteignais presque le haut. Et je devais faire attention quand je bougeais là dedans parce qu’ils pouvaient me voir, les allemands pouvaient me voir. Ils étaient de l’autre côté du canal en face et vous étiez un cible pour eux si vous ne faisiez pas très attention quand vous bougiez là, et ne vous faites pas prendre par le sommeil, je vous le dis moi.

Quand j’ai été fait prisonnier, il y avait un gros Spandau allemand de l’autre côté quand j’ai jeté un coup d’œil sur la berge pour voir ce qui se passait chez les allemands de l’autre côté, vous savez, il y avait cette mitrailleuse juste en face de moi, j’aurais presque pu lui attraper le tube. Et une grosse bande de cartouches qui attendait en place et deux types derrière le canon, le gars sur la mitrailleuse. Et le copain qui était avec moi il était caporal et j’avais deux grenades à main et j’ai pris les grenades, ma grenade, et j’ai tiré le goupillon et l’ai laissée grésiller dans ma main juste un seconde ou deux et je l’ai lancée en face et je les ai faits sauter sur la berge. Parce qu’ils allaient, si je bougeais, si je sortais de là, laissé mon arme là-haut, ils m’auraient tué de toute façon. Alors c’est ce que j’ai fait. Et je lui ai fait faire la même chose avec sa grenade à main. J’ai dit, comme ça ils ne pourront pas la faire dévier de sa route ou quand elle y va, elle va exploser immédiatement.

Ils ont vu où ça c’était passé et ils sont venus sur la berge et ils nous ont tirés de là. Ils nous ont sortis de là, faits prisonniers. Ils étaient trois ou quatre. Tous les revolvers pointés vers nous avec le cran de sécurité enlevé aussi, ils auraient tiré si on avait bougé le petit doigt, tellement excités, ils disaient ça « rouse, rouse». Ca veut dire dehors, dehors, en allemand.

On m’a emmené, après qu’on ait été interrogés par les allemands, interrogés, c’était le soir de Noël et ici il y avait des chants de Noël, il écoutait une radio, le gars qui s’occupait de l’interrogatoire et il y avait des chants de Noël à la radio, je pouvais les entendre pendant qu’il me posait toutes ces questions. Et vous entendez la même musique qu’on joue ici, c’était horrible d’imaginer des gens civilisés se battre les uns contre les autres. Mais c’était comme ça.

Ils nous ont faits partir du nord de l’Italie et ils nous ont mis dans des wagons de marchandise. Comme tous les prisonniers qu’ils avaient, pas seulement les nôtres, des prisonniers qui venaient d’un autre endroit, et ils nous ont faits passer par le col du Brenner et on est allés et ils nous ont emmenés en Allemagne. Et je n’oublierai jamais ça, alors qu’on passait à travers un tunnel, et ici les américains nous ont repérés, les allemands rapportaient des wagons réservoirs de carburant dans la cargaison. Ils les avaient attachés derrière nos wagons avec la Croix Rouge dessus pour leur montrer que c’était des prisonniers. Et ils avaient attachés ces réservoirs et essayaient des les rapporter en douce en Allemagne tellement ils manquaient de carburant pour leur front, pour leurs hommes, les machines qui étaient au front aussi.

Juste au moment où on passait dans le tunnel ici, les américains, l’avion américain B25 nous a repéré remorquant ces réservoirs à pétrole, il ne savait pas, je ne pense pas qu’il savait qu’il y avait des prisonniers ici et il a coupé la voie ferrée juste au moment où on entrait dans le tunnel, coupé la voie devant, l’a fait sauter devant et sauter derrière nous. Et nous on est restés dans ce tunnel sept jours et sept nuits. Ils ouvraient la porte et vous donnait un verre d’eau par jour et un petit morceau de fromage ou quelque chose comme ça. Il n’y avait pas de sandwiches ou autre chose et je vous dis, et il y avait un vieux wagon dans le… Il y avait des américains dedans, deux américains là, on était tous mélangés. Des prisonniers qui venaient d’Inde. Donc on était tous, on faisait tous partie de la 8ème armée, vraiment. On se battait avec la 8ème armée.

Bon, après avoir réparé la voie, on est alors partis pour l’Allemagne et ensuite on, c’est là où on était dans le stalag VIIA, emmenés dans un petit endroit qu’ils appelaient, je crois que c’était Ettrigen, E-T-T-R-I-G-E-N, Ettrigen et ils étaient internés dans un camp de prisonniers. Et c’était des conditions horribles, horribles conditions. Il n’y avait pas de nourriture en Allemagne, ils ne partageaient rien avec nous non plus, pas tellement. Et les colis de la Croix-Rouge, quand il y en avait un, vous le partagiez entre, six pour un, six personne pour un colis. C’était censé être pour un seul homme. Et ensuite ils ont commencé à les partager en quatre, ils ont eu un peu plus de colis de la Croix-Rouge, et c’est comme ça que ça s’est passé. Mais on a jamais, jamais eu plus, jamais rien eu. Et on nous emmenait à Munich pour nettoyer les décombres après que nos gars aient bombardé la ville par avion, bombardée, vous savez, les allemands.

Et vous pouviez voir ces pauvre gars là-haut aussi, des avions étaient touchés, vous savez, par les tirs antiaériens, ils les appelaient les ack-ack. Et on pouvait les voir sauter en parachute, quelques-uns d’entre eux là-haut. Ils essayaient de retourner de notre côté mais bon sang, c’était terrible de voir toutes ces choses qui se passaient pendant la guerre.

Quand on a débarqué à Naples, ici le Vésuve crache de la fumée juste de l’autre côté de la baie. On pouvait voir ça. Alors c’était quelque chose. Vous savez, on est entré au pas comme si c’était un déplacement sur route et les allemands nous laisse venir juste là. Et ils n’ont pas tiré un seul coup jusqu’à ce qu’on arrive et après bigre, ça nous tombe tout dessus. Ils nous ont tout simplement arrosé avec tout ce qu’ils avaient, des obus de mortiers et tout le reste.

Et là où j’étais, il y avait une rivière, je suis allé sur la gauche et ici, moi et un autre jeune type, un soldat, et j’avais un mortier de 5cm avec moi et mon fusil et des grenades. On a tout pris, on avait tout quand on partait au combat.

C’était un peu la défaite pour nous ce coup là. Il nous a fallu donner l’ordre de battre en retraite je crois. Je ne suis pas sorti de là avant le soir, je devais… J’avais mon copain avec moi, il était blessé et touché au ventre et mes sangles étaient coupées et j’avais une coupure à l’épaule mais on a pu sortir à reculons malgré tout, retourner sur nos lignes quand ils ont donné l’ordre de venir, pour rentrer. Le major Ogilvie était, c’était le commandant de la compagnie, il a attendu et il nous regardait rentrer et il vous accueillait. Il était major et venait de Montréal et il était avec les Cape Breton Highlanders.

On m’a mis à un poste d’information au bord du canal, un poste d’observation, creusé dans la berge du canal et debout j’atteignais presque le haut. Et je devais faire attention quand je bougeais là dedans parce qu’ils pouvaient me voir, les allemands pouvaient me voir. Ils étaient de l’autre côté du canal en face et vous étiez un cible pour eux si vous ne faisiez pas très attention quand vous bougiez là, et ne vous faites pas prendre par le sommeil, je vous le dis moi.

Quand j’ai été fait prisonnier, il y avait un gros Spandau allemand de l’autre côté quand j’ai jeté un coup d’œil sur la berge pour voir ce qui se passait chez les allemands de l’autre côté, vous savez, il y avait cette mitrailleuse juste en face de moi, j’aurais presque pu lui attraper le tube. Et une grosse bande de cartouches qui attendait en place et deux types derrière le canon, le gars sur la mitrailleuse. Et le copain qui était avec moi il était caporal et j’avais deux grenades à main et j’ai pris les grenades, ma grenade, et j’ai tiré le goupillon et l’ai laissée grésiller dans ma main juste un seconde ou deux et je l’ai lancée en face et je les ai faits sauter sur la berge. Parce qu’ils allaient, si je bougeais, si je sortais de là, laissé mon arme là-haut, ils m’auraient tué de toute façon. Alors c’est ce que j’ai fait. Et je lui ai fait faire la même chose avec sa grenade à main. J’ai dit, comme ça ils ne pourront pas la faire dévier de sa route ou quand elle y va, elle va exploser immédiatement.

Ils ont vu où ça c’était passé et ils sont venus sur la berge et ils nous ont tirés de là. Ils nous ont sortis de là, faits prisonniers. Ils étaient trois ou quatre. Tous les revolvers pointés vers nous avec le cran de sécurité enlevé aussi, ils auraient tiré si on avait bougé le petit doigt, tellement excités, ils disaient ça « rouse, rouse». Ca veut dire dehors, dehors, en allemand.

On m’a emmené, après qu’on ait été interrogés par les allemands, interrogés, c’était le soir de Noël et ici il y avait des chants de Noël, il écoutait une radio, le gars qui s’occupait de l’interrogatoire et il y avait des chants de Noël à la radio, je pouvais les entendre pendant qu’il me posait toutes ces questions. Et vous entendez la même musique qu’on joue ici, c’était horrible d’imaginer des gens civilisés se battre les uns contre les autres. Mais c’était comme ça.

Ils nous ont faits partir du nord de l’Italie et ils nous ont mis dans des wagons de marchandise. Comme tous les prisonniers qu’ils avaient, pas seulement les nôtres, des prisonniers qui venaient d’un autre endroit, et ils nous ont faits passer par le col du Brenner et on est allés et ils nous ont emmenés en Allemagne. Et je n’oublierai jamais ça, alors qu’on passait à travers un tunnel, et ici les américains nous ont repérés, les allemands rapportaient des wagons réservoirs de carburant dans la cargaison. Ils les avaient attachés derrière nos wagons avec la Croix Rouge dessus pour leur montrer que c’était des prisonniers. Et ils avaient attachés ces réservoirs et essayaient des les rapporter en douce en Allemagne tellement ils manquaient de carburant pour leur front, pour leurs hommes, les machines qui étaient au front aussi.

Juste au moment où on passait dans le tunnel ici, les américains, l’avion américain B25 nous a repéré remorquant ces réservoirs à pétrole, il ne savait pas, je ne pense pas qu’il savait qu’il y avait des prisonniers ici et il a coupé la voie ferrée juste au moment où on entrait dans le tunnel, coupé la voie devant, l’a fait sauter devant et sauter derrière nous. Et nous on est restés dans ce tunnel sept jours et sept nuits. Ils ouvraient la porte et vous donnait un verre d’eau par jour et un petit morceau de fromage ou quelque chose comme ça. Il n’y avait pas de sandwiches ou autre chose et je vous dis, et il y avait un vieux wagon dans le… Il y avait des américains dedans, deux américains là, on était tous mélangés. Des prisonniers qui venaient d’Inde. Donc on était tous, on faisait tous partie de la 8ème armée, vraiment. On se battait avec la 8ème armée.

Bon, après avoir réparé la voie, on est alors partis pour l’Allemagne et ensuite on, c’est là où on était dans le stalag VIIA, emmenés dans un petit endroit qu’ils appelaient, je crois que c’était Ettrigen, E-T-T-R-I-G-E-N, Ettrigen et ils étaient internés dans un camp de prisonniers. Et c’était des conditions horribles, horribles conditions. Il n’y avait pas de nourriture en Allemagne, ils ne partageaient rien avec nous non plus, pas tellement. Et les colis de la Croix-Rouge, quand il y en avait un, vous le partagiez entre, six pour un, six personne pour un colis. C’était censé être pour un seul homme. Et ensuite ils ont commencé à les partager en quatre, ils ont eu un peu plus de colis de la Croix-Rouge, et c’est comme ça que ça s’est passé. Mais on a jamais, jamais eu plus, jamais rien eu. Et on nous emmenait à Munich pour nettoyer les décombres après que nos gars aient bombardé la ville par avion, bombardée, vous savez, les allemands.

Et vous pouviez voir ces pauvre gars là-haut aussi, des avions étaient touchés, vous savez, par les tirs antiaériens, ils les appelaient les ack-ack. Et on pouvait les voir sauter en parachute, quelques-uns d’entre eux là-haut. Ils essayaient de retourner de notre côté mais bon sang, c’était terrible de voir toutes ces choses qui se passaient pendant la guerre.