Project Mémoire

Merriott "Roy" McKee

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L’Equipage à bord du SS Louisbourg Park à Auckland en Nouvelle-Zélande pendant l’été 1945. Roy McKee est le cinquième à droite sur la rangée de devant.
Un compte-rendu des avances sur salaire de Roy McKee dans différents ports durant son premier voyage.
Certificat de réforme daté du 4 septembre 1945.
Roy McKee
Roy McKee
Un Deuxième-Lieutenant soulevant Roy McKee sur le pont du SS Louiburg Park, été 1945.
Roy McKee
Roy McKee
Roy McKee
Consignes concernant la paie.
Roy McKee
Et vous êtes tout le temps nerveux. Vous êtes dans un convoi, vous ne savez jamais qui va être frapper, si quelqu’un va être frappé par une torpille ou quelque chose comme ça.
Je ne me suis pas réellement enrôlé. En fait j’ai été recruté par le gouvernement pendant que je poursuivais ma formation d’officier radio au Radio College of Canada. Le gouvernement nous a recrutés. Ils avaient besoin de gens pour les navires qu’ils étaient en train de faire construire et ils n’avaient pas assez de gens pour constituer les équipages. Alors j’ai suivi pour… On signait pour deux ans, ils remboursaient notre scolarité et on était payés à partir du moment où on signait jusqu’à ce qu’ils nous affectent à un navire. Alors voilà c’est comme ça que je me suis retrouvé dans la marine marchande. J’étais officier radio et on était trois sur le bateau avec ce poste ; et on était en service 24 heures sur 24, sept jours sur sept. On travaillait par postes de huit heures, assis, à ne rien faire, assis sur une chaise avec des écouteurs sur les oreilles. Ils appelaient ça BAMS (transmission aux navires de la marine marchande alliée), transmission de message de l’Amirauté britannique aux navires marchands. Les ordres et tout le reste passaient par l’Amirauté britannique, et étaient captés sur des radios à onde courtes ; et vous gardiez vos écouteurs au cas où on reçoive un message pour notre navire, s’il y avait des changements en ce qui concernait notre destination ou autre chose de ce genre. J’ai fait trois voyages différents avec, à bord du (SS) Louisburg. Et c’était chaque fois une destination différente. Alors la première destination, on est partis de Vancouver et en route pour Bombay en Inde. On était seuls, sans escorte, quelque part au milieu du Pacifique. C’était un peu effrayant. Il y avait des sous-marins dans le coin, mais on n’avait pas d’escorte à cette époque. Et il y avait quelques, on avait sur ce navire, c’était plutôt intéressant, on avait 2, 60 mètres de cargaison en pontée. La cargaison en pontée était empilée sur 2,60 mètres de hauteur sur tout l’espace disponible au dessus des écoutilles et partout ailleurs. Et à côté de ça, on avait deux remorqueurs, de 75 tonnes, boulonnés et enchaînés à l’écoutille n°2 et l’écoutille n°4 sur le bateau. Et on devait les livrer pour être utilisées dans le port de Bombay pour servir de remorqueurs pour déplacer les bateaux et ainsi de suite. Mais on a rencontré une tempête très violente, et je ne sais pas si on peut appeler ça une tornade ou quoi. C’était juste, oh, à la fin du mois de mars, on avait pris la mer le 12 février ; et on a croisé une violente tempête. Une partie de la cargaison a commencé à changer de place et même les remorqueurs ont commencé à bouger un peu, et on était très inquiets à ce sujet. Le capitaine surtout, et tout le monde aussi, parce que si la cargaison avait bougé un peu trop passant d’un côté à l’autre, on aurait chaviré. Mais ça ne s’est pas produit malgré tout ; heureusement, on a réussi à sortir de tout ça. Mais, à ce moment précis, j’ai moi-même dû aller vérifier notre antenne à l’arrière du navire et il fallait que je passe par l’endroit où était la cargaison en pontée et ainsi de suite ; et j’ai fait une mauvaise chute et j’ai été projeté en arrière sur le pont sur le couvercle de l’écoutille, là où se mettait le couvercle, il y avait ce, j’ai été projeté contre ça et je me suis fait mal au cou et au dos. Et bien sûr, sur ces navires, on n’avait pas d’équipement médical. Notre commissaire de bord était censé être notre secouriste et c’était tout. Vous aviez droit à de l’aspirine et du baume et c’était tout. Il n’y avait pas de… En tout cas, j’ai survécu à mes blessures et ça n’a empiré que plus tard. Oui, la seule fois où j’ai reçu un message c’était juste après avoir quitté Fremantle. On était sur le chemin de Bombay. Et j’ai reçu un message pendant mon poste – un message codé disant qu’on ne devait pas se rendre à Bombay, mais qu’on devait changer de cap et aller à Colombo, Ceylan, qui est aujourd’hui le Sri Lanka. On nous a envoyés là-bas parce qu’il y avait eu une grosse explosion dans le port. Un navire de munitions avait explosé dans le port de Bombay et rasé un bon morceau de la ville ; et il y avait des milliers de victimes et ça n’a jamais été rapporté, dans aucun journal nulle part, ça n’a pas été dévoilé. Je pense qu’ils ne voulaient pas que quiconque soit au courant de ça. Alors il a fallu qu’on remonte là-haut. On est restés là-bas pendant quelques temps ; et finalement, on a réussi à arrimer notre bateau et décharger notre cargaison. Mais, une autre petite histoire très étrange. Ils ont déchargé un des remorqueurs du pont par dessus bord et l’ont descendu dans la mer le long du navire, et il a commencé à prendre l’eau et en fait il a coulé juste là. Après qu’on l’ait transporté depuis Vancouver. J’ai reçu du courrier de chez moi et j’ai compris ou on m’a dit que mon frère avait été atteint d’un coup de feu au combat là-bas en France. Il était blessé, et avait été envoyé à l’hôpital général canadien n°4 à Aldershot, juste en dehors de Londres. Alors pendant qu’on était à Grimsby en Angleterre, c’est là où on était à quai sur la côte Est anglaise et je suis descendu en train et j’ai logé dans un hôtel bar un endroit de ce genre à côté de l’hôpital et j’ai passé du temps avec mon frère pendant son séjour à l’hôpital. Quand je suis entré, il était au bord de la crise. Il ne savait que j’allais venir ou à quel endroit je me trouvais, ou ce que je faisais. Et ça a été quelque chose d’à part et assez intéressant lors de ce voyage là. À part ça, c’était vraiment sans histoires à l’exception, vous savez, de faire partie d’un convoi. Et vous êtes tout le temps nerveux. Vous êtes dans un convoi, vous ne savez jamais qui va être frapper, si quelqu’un va être frappé par une torpille ou quelque chose comme ça. On a fêté le jour de la Victoire en Europe et le jour de la Victoire au Japon dans le Pacifique. Je crois qu’on n’a même pas eu de grog ; on n’a pas eu ce rhum dont les gens parlent tout le temps à propos des marins. Je pense que le seul qui avait de l’alcool c’était le capitaine. (rire)