Project Mémoire

Merve Sneddon

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Mervyn Sneddon
Mervyn Sneddon
Mervyn Sneddon
Mervyn Sneddon
Mervyn Sneddon
(G à D) Sam Moran, Alfred Brass, prénom inconnu Plante, Mervyn Sneddon, R. X. Hayes, prises en Corée, en 1953. Les soldats ont servi avec le 1er Bataillon, Princess Patricia Canadian Light Infantry.
Mervyn Sneddon
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Mervyn Sneddon au Hotel Grand Pacific, Victoria, C.-B., Novembre 2011.
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La première nuit que j’ai passée sur les lignes, quelque part derrière nous il y avait un canon de 17 livres. Et ils font un boucan du tonnerre, en particulier la nuit. Et vous ne vous y attendez pas, vous entendez ce truc claquer. Et je crois que je n’ai jamais été aussi effrayé, qu’en entendant cette chose, je ne savais pas trop si ça nous arrivait dessus ou autre.
On est partis en Corée alors, de fait, j’ai pris la mer à Seattle le jour de mon dix-neuvième anniversaire, le 22 avril (1952). Mais j’en ai appris beaucoup sur les Américains à bord de ce bateau, ou je devrais dire navire. Il y avait un certain nombre de gars qui étaient cuisiniers ou des gens dans ce secteur qui partaient là-bas et ils avaient peur d’être enrôlés dans l’infanterie si jamais l’infanterie manquait d’hommes au moment de leur arrivée et ça ne leur faisait pas envie du tout. C’était une des choses qui les inquiétaient le plus. Je veux dire, bien sûr ils avaient de l’entraînement, mais pas tant que ça. Par exemple quand moi je suis parti là-bas, j’avais suivi un entraînement d’un an et demi avec l’infanterie et tous les problèmes avec le temps. Alors pour ce qui était de l’entraînement je ne me faisais pas trop de souci, et tout ce qu’il fallait que je fasse c’était de me rappeler de garder la tête baissée, c’était tout. Les gens qui m’ont surpris là-bas, parce que peu importe où vous étiez, à part les lignes de front dans le sud, mais si vous étiez de retour à l’arrière dans un des échelons, il y avait toujours des Coréens qui gravitaient autour des poubelles, pour essayer de récupérer de la nourriture, ils s’en fichaient de quand elle datait ou ce que c’était, pourvu qu’ils puissent mettre la main dessus, et ils rapportaient ça à leur famille. Et en général c’était des enfants. Alors, ce que je faisais, quand j’étais de retour là-bas, je m’assurais quand je rentrais pour jeter les restes dans mes gamelles, que j’avais de la bonne nourriture de la cantine et je n’allais pas la mettre dans la poubelle, j’essayais de la donner directement aux gamins. J’ai perdu deux gamelles de cette façon, mais vous savez, c’est la vie. Je ne leur en veux pas pour autant d’être partis en courant avec. La première nuit que j’ai passée sur les lignes, quelque part derrière nous il y avait un canon de 17 livres (canon antichar Ordnance QF 17). Et ils font un boucan du tonnerre, en particulier la nuit. Et vous ne vous y attendez pas, vous entendez ce truc claquer. Et je crois que je n’ai jamais été aussi effrayé, qu’en entendant cette chose, je ne savais pas trop si ça nous arrivait dessus ou autre. Alors, je n’ai rien dit à ce sujet jusqu’après qu’on nous ait dit cette nuit-là que oui, c’était un de nos canons de 17 livres. Les Chinois étaient très forts avec leurs mortiers et ils avaient l’habitude de viser nos véhicules qui se déplaçaient. Et alors, chaque fois que vous repartiez derrière les lignes quelle qu’en soit l’occasion, vous n’aimiez pas l’idée de rentrer à bord d’un véhicule. Ils avaient différents endroits particuliers sur la route parce qu’ils avaient déjà utilisé ce terrain-là, alors ils connaissaient les coins où, où vous deviez ralentir et leurs mortiers étaient placés à ces coins là, et ils vous attendaient, et voilà les mortiers qui arrivaient. Et c’est là qu’on a perdu quelques-uns de nos gars. Bon, la (colline) 355 (le 23 octobre 1952 ; à la suite d’importants bombardements sur les compagnies A, B et E, 1er bataillon du Royal Canadian Régiment, les Chinois ont lancé une attaque, coupant la route à la compagnie B, une contre-attaque par 10 à 12 pelotons de la compagnie E ont aidé à repousser les forces chinoises) ça a été une nuit d’enfer. Les Chinois ont attaqué et on s’est pris quelques-uns de leurs coups aussi bien à côté d’eux, mais ce n’était pas aussi épouvantable que ce que le RCR (1er bataillon du Royal Canadian Régiment) s’est pris. Mais vous ne pouvez pas, on voulait aider le RCR autant qu’on pouvait, mais vous savez, il fait sombre et vous voyez des gens se déplacer et vous ne savez pas si ce sont des Chinois ou des gars du RCR, alors vous n’osez pas tirer sur eux. Et vous restez là à attendre. Quand ils ont finalement réussi à les empêcher d’avancer, et on les a vus quitter plus ou moins le secteur, c’est là qu’on a vraiment pu les viser. On a laissé ce calibre 50 (mitrailleuse Browning M2 calibre 50) se décharger, et c’est vraiment une bonne arme, vous ne descendez pas un homme à la fois, vous en descendez une dizaine si vous arrivez à les aligner. Je ne sais pas ce qui était pire, de l’ennemi ou des rats. Parce qu’il y avait énormément de rats. Je veux dire, pas mal de nourriture qui se trouve là que quelqu’un pourrait manger, une partie de, on avait des rations en conserve là-bas alors vous ouvrez une boite et vous n’aimez pas forcément ce qu’il y a dedans, donc vous la balancez de l’autre côté, vous n’en voulez pas. Et les rats étaient ravis de s’en régaler évidemment et alors il y avait beaucoup de rats. Et il fallait faire très attention à, vous ne laissiez pas trainer votre main pour savoir ce qu’il y avait par là. Vous ne voulez pas qu’ils vous mordent. On a fini par monter dans le train du Québec, qui venait de Lethridge en Alberta, et on est repartis à Lethridge en Alberta, et je suis descendu du train à Lethbridge en Alberta, et si je ne m’étais pas arrêté et Fort MacLeod (Alberta) et appelé ma mère au téléphone, donc mon père et ma mère sont venus me chercher, mais c’était tout. Et puis une semaine après, un gars du journal voulait venir pour m’interviewer, je ne vais pas vous raconter ce que je lui ai dit. J’ai dit : « Hé, pourquoi vous n’êtes pas venu me voir au moment où j’arrivais ? »