Mieczyslaw Mike Kalaska (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Mieczyslaw Mike Kalaska (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

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Transcription

Mon père est dans un camp de prisonniers de guerre, ma mère, j’ai su plus tard qu’un grand nombre de gens étaient déportés en Sibérie par les russes. Elle s’est finalement retrouvée en Sibérie, alors j’étais tout seul. Et je pensais que je devrais faire quelque chose, apporter ma contribution, parce qu’il y avait beaucoup de jeunes comme moi. On est partis à Budapest et le gouvernement polonais avait pris des dispositions pour nous aider. Alors nous sommes allés de Budapest en Hongrie, on est allés en Yougoslavie, c’est la Croatie aujourd’hui, c’était un petit port, Split, Spalato en italien, ils l’appellent Split. Et il y avait un bateau polonais, un vieux cargo, un cargo de 5000 tonnes qui s’appelait le (SS) Warszawa, en plus. Ils nous ont emmenés en Syrie, toutes ces recrues, des volontaires. Et en fait, ce n’était pas en Syrie, c’était au Liban à Beyrouth. Et à Beyrouth c’était une unité de l’armée polonaise qui prenait des nouvelles recrues et je me suis engagé là. Quand j’étais à Monte Cassino, quand la dernière attaque a eu lieu, la dernière attaque importante qu’il y a eu, celle qu’on a gagnée en fait, on a eu ça. Notre compagnie avait une sorte de plan pour notre compagnie, notre bataillon était au combat à un autre endroit, la colline du monastère. Et c’était la 1ère compagnie, la 2ème et la 3ème, quatre compagnies, l’une après l’autre. Et notre compagnie était sur la ligne de front un mois avant que l’offensive commence. Alors on nous a mis en dernier. Et pas seulement qu’ils nous ont mis en dernier mais on nous a placés là où il y avait toutes les munitions et tout le reste. Et les allemands avaient déjà tout compris, comment détruire les choses parce qu’ils savaient où on pouvait se cacher. Alors quand les trois premières compagnies sont parties à l’attaque, notre compagnie était, s’est retrouvée sous un barrage d’artillerie. Autrement dit, les balles étaient, les obus tombaient de tous les côtés. Donc des deux compagnies, la dernière et celle juste avant, des 200 il ne restait plus que 50, qui pouvait faire le travail. Tous les autres étaient soit morts soit blessés. Donc il y avait le projet qu’on aille, on ne pouvait aller nulle part. Il fallait rester, attendre notre tour, et notre tour n’est jamais venu parce que les autres compagnies étaient arrêtés par les, les allemands, la défense était tout simplement trop forte pour eux ; ils ne pouvaient rien faire. Ils étaient juste coincés là. Et ils ont été anéantis ; deux compagnies pratiquement anéanties par un barrage d’artillerie. Tous les officiers y compris le commandant de la compagnie, l’opérateur radio, tous ils ont été tués. Je pensais, je ne veux pas être blessé ; et je ne veux pas me faire tuer avant d’avoir accompli quelque chose. Vous savez, quelque chose qui se remarque. Je ne voulais pas être là tout simplement et c’est tout. Je veux faire quelque chose, dans mon esprit, il fallait que je fasse quelque chose. Et c’est ce qui m’a fait tenir. Et une autre chose qui s’est produite une fois, juste avant qu’on se prépare à la dernière offensive, une fille de l’école… la fille avec qui j’allais à l’école, elle venait de Russie, elle était libérée de la Russie et elle savait dans quelle unité j’étais, elle m’a envoyé une lettre pour me donner du courage sur le front. Et j’ai reçu la lettre, je suis content que quelqu’un sache si le diable m’emporte, que quelqu’un, mon père ou ma mère sache où je suis. Et naturellement, je vais dire effrayé, je ne sais pas. Bien sûr effrayé, parce que vous ne voulez pas mourir, mais je veux dire, quand vous êtes dans une position comme ça, vous acceptez en quelque sorte que ce soit comme ça. Le pire dans tout ceci ça a été quand on a découvert que l’Angleterre n’allait pas nous donner un pays libre, ce qu’ils avaient promis après la guerre, votre pays va être un pays libre. On s’est battus pendant six ans, en donnant tout ce qu’on avait et à la fin, on découvre que leur situation est telle que ça ne va pas marcher. Ils ne peuvent pas honorer leurs paroles. On nous a offert, de retourner en Pologne comme simple soldat, on s’est figuré vous allez marcher à nouveau sur la Pologne. Ça ne marchait pas parce que Staline n’était pas d’accord. Alors je pouvais retourner en Pologne ; et j’étais proche de la Russie, mais j’ai entendu dire par tous ces gars qui venaient de Russie, comment c’était, alors la Russie ce n’était pas pour moi. L’autre possibilité c’est de prendre la nationalité britannique et comme je n’étais pas sûr d’être capable de m’intégrer en Angleterre après la déception suite au tournant qu’avaient pris les événements. Moi, je ne sais pas comment les gens ont réussi à s’en sortir, mais pour moi, c’était une décision difficile à prendre. Et la troisième possibilité c’était les anglais ou les canadiens nous offraient de travailler dans une ferme pendant deux ans sous contrat pour gagner le statut de résident permanent. Et j’ai pris celle-là parce que c’était la plus acceptable. Retourner en Pologne, absolument pas, l’Angleterre, plus ou moins déplaisant, mais le Canada c’était un bon choix. Et je suis content d’avoir pris cette décision parce que c’était la seule, j’étais avec des unités canadiennes sur le front très souvent, côte à côte. Alors pour moi, c’était des gens normaux. Ils avaient des ancêtres polonais, les soldats canadiens. On les retrouvait dans les bars et autre. Alors pour moi, c’était ce qu’il y avait de mieux.