Project Mémoire

Minto Maxwell

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Minto Maxwell à un événement pour le Projet Mémoire à Corner Brook à Terre-Neuve en 11 août 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Quando i tedeschi erano qui, hanno preso loro tutti.
J’étais chauffeur, le numéro deux. Il y avait deux chauffeurs ; et je conduisais un Quadruped (véhicule tractant un canon de 25 livres). On tirait un canon, ça s’appelle une pièce de 25 livres (canon de campagne). On avait deux chauffeurs, au cas où l’un des gars se fasse tuer, l’autre gars prenait le relai. Donc j’étais le chauffeur. Et il y avait un sergent et cinq artilleurs. Ils étaient sur le haut avec les canons et nous on transportait les munitions. Il y avait le canon. Il était en deux parties : l’une c’était un avant-train ; et vous aviez une centaine de cartouches. Quand vous êtes pris dans l’action vous aviez une centaine de coups à votre disposition. Puis ils retournaient au dépôt de munitions et prenaient de la cordite, et l’apportait, et rechargeait les munitions. Vous étiez toujours là-haut sur la ligne de front presque tout le temps quand vous faisiez le transport des munitions. Quand vos soldats mouraient, vous les preniez, vous les enveloppiez dans deux couvertures. C’était des couvertures, pas des cercueils ou quoi que ce soit de ce genre ; ce qui était très commun ; et vous les attachiez avec du fil de fer et vous leur mettiez une plaque d’identité sur eux. Vous envoyiez la deuxième plaque d’identité chez lui à ses parents, disant qu’il était mort. Bon, on remontait à ce moment-là et on creusait ; et on est tombé sur cet allemand. Il avait sa chemise sur le dos, et ils étaient dans une grotte. Ils amenaient leurs canons dehors, tiraient et rentraient à nouveau dans la grotte. Et beaucoup de chaussures de femmes ; je suppose que beaucoup de femmes y allaient, je ne sais pas. En tout cas, il ne portait pas de pantalon, seulement sa chemise, alors on a pris un morceau de (tissu) et on l’a enroulé dedans ; et on l’a enterré juste là. Et voilà. L’eau lui tombait dessus, pas sur lui, il était allongé dans l’eau. Il était allemand, alors je me souviens d’un gars avec nous qui venait de Grand Falls, il avait des larmes qui lui coulaient le long des joues. Il disait, c’est le fils d’une mère. Je me souviens de lui en train de dire ça. Il disait, c’est le fils d’une mère. C’est ce qu’il disait. Ouais. On faisait toujours un petit brin de cuisine nous mêmes dans le stationnement. On avait toujours, généralement, un sac d’oignons, un sac de pommes de terre, tout les légumes qu’on pouvait récupérer. On les piquait chez les italiens, dans leurs jardins. Alors une fois, je crois qu’on a eu du poulet. On avait deux poulets, mais on n’en avait pas assez, en tout cas. Ce gars, Da, il a dit, donne-moi ma mitraillette Thompson maintenant ; et il a dit, je vais aller voir si je peux prendre quelque chose d’autre. Alors il y est allé. Il revient. Non, il a dit, je n’ai rien pu trouver. Ça allait. J’ai dit, donne-moi la mitraillette, je vais y aller. Il dit, d’accord. Alors quand je suis allé dans cette vigne, il y avait un vigneron qui travaillait là sur sa vigne. Alors j’ai pris le même chemin pour aller. (Il m’a dit,) Quando i tedeschi erano qui, hanno preso loro tutti (quand les allemands étaient ici, ils ont tout pris avec eux). Alors non, je retourne. Rien. Alors en repassant à travers la vigne, il y avait un endroit, un petit ruisseau. Vous ne pouviez pas voir le ruisseau, toute l’herbe était comme ceci, comme si elle grandissait juste par dessus. J’allais sauter par dessus le ruisseau, il y a cinq gros canards blancs qui arrivent. Alors j’en ai attrapé un par le cou comme ceci, et je l’ai pris par derrière, et je l’ai amené là-bas. Je l’ai mis dans le quad. J’ai ouvert la porte et il n’y avait personne qui passait par là, droit à travers, alors je le mets dedans. Et au bout d’un moment, cet italien est revenu à la recherche de son canard. On a dit, on n’a pas de canard, on n’a rien. Juste au moment où j’ai dit ça, le canard se fait entendre, dans le siège du chauffeur, coin, coin, coin, coin, juste comme s’il disait, je suis là mon maitre, je suis ici, vous savez. Or, c’est vrai, je vous le dis. Et il dit, io, io, c’était le sien. C’est mon canard. Il dit, il veut aller voir le capitaine. Il va, capitano. Il dit, il va aller voir le capitano. Alors pendant qu’il était parti, on a tué le canard et on l’a enterré. Très vite, le capitaine est venu et le gars (le fermier). Le capitaine ne parlait pas italien. Alors on a eu notre viande. Donc on a invité le sergent-major à dîner, et il n’a jamais récupéré son canard.