Project Mémoire

Moir Neil Simpson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Des armuriers de la Royal Air Force inspectent les 16 bombes de 250 livres avant de les installer à l'intérieur du bombardier Short Stirling (photo) N6101 de l'escadron No. 1651 Heavy Conversion Unit, à Waterbeach (Cambridgeshire). Ce bombardier fut parmi les premiers à être construit par la firme Short and Harland à Belfast. Source: Collection de l'Imperial War Museum (domaine public). Mr. Moir Simpson vola dans ce type de bombardier à l'époque de son service dans le Bomber Command.
Bon, j’ai eu de la chance de rentrer. (...) dans le Bomber Command de la RAF, vos chances de survie en restant en un seul morceau sans être blessé ou fait prisonnier ou tout simplement disparaître, sont de une sur deux.
Moir, M-O-I-R est mon premier prénom. Mon deuxième prénom c’est Neil, N-E-I-L. Et mon nom de famille c’est Simpson, S-I-M-P-S-O-N. La plupart de mes amis d’école, peut-être pas la plupart mais un grand nombre d’entre eux s’étaient déjà engagés et mon père ne voulait pas que je m’enrôle. Il disait, bon, tu sais, la guerre ne va peut-être pas durer bien longtemps et tu risques d’être envoyé là-bas et de te faire tuer pour rien. Et malgré tout, j’en voulais plus, pour l’aventure et pour le patriotisme, je crois. Et entre temps ça m’intéressait de devenir géomètre. Et j’ai pris des cours par correspondance sur l’arpentage et les cartes et le dessin de plans et tous ces trucs. Et j’avais réussi à travailler un peu avec un géomètre du quartier et ensuite j’ai trouvé du travail avec un ingénieur du génie civil qui dirigeait la construction du Rainbow Bridge à Niagara Falls côté canadien alors je me suis débrouillé pour avoir de l’expérience en tant qu’arpenteur géomètre. Et alors j’ai décidé de m’engager dans une unité de l’armée de terre qui avait des géomètres, comme l’artillerie et le génie royal canadien, dans les deux il y avait des arpenteurs géomètres. Mais chaque fois que je me présentais pour m’enrôler, au moment où j’arrivais, ils avaient déjà leurs quotas et ils me disaient toujours, bon, pourquoi n’essayes-tu pas la force aérienne, tu as un diplôme d’études collégiales et tu pourrais entrer dans l’armée de l’air très facilement. Alors c’est ce que j’ai fait. Et c’est comme ça que j’en suis arrivé à être dans l’armée de l’air au lieu de l’armée de terre. Deux fois parmi les quatre ou cinq raids aériens auxquels j’ai participé, on a été touché par les tirs de DCA mais rien de bien sérieux. Mais pendant l’un des vols où on apportait du ravitaillement aux Forces françaises de l’intérieur (la résistance), on a été attaqués par un chasseur de nuit allemand de type Junker 88. Et on a été salement touché et notre navigateur était blessé, pas grièvement mais on avait perdu un des moteurs qui avait pris feu et finalement cessé de fonctionner. Il y avait un trou énorme dans l’aile gauche. Et aussi la trappe d’évacuation située au dessus du siège du pilote avait explosé et on était en mars et il faisait plutôt froid. On ne savait pas si le pilote allait pouvoir résister à ça, alors certains d’entre nous ont enlevé leur combinaison de vol et je les ai bourrées autour de ses épaules et tout ça, pour le maintenir au chaud. Et mon boulot sur le Sterling c’était, j’étais une sorte de pilote de rechange. Je prenais le siège de droite, le commandant celui de gauche. Et j’étais entraîné à prendre le contrôle de l’avion et à utiliser les instruments si nécessaire, ce que j’ai fait quelquefois. C’était un job très intéressant. Oh oui. On a réussi à ramener l’avion et à atterrir sans encombre à la base et mon pilote a reçu la Distinguished Flying Cross grâce à ce vol en particulier. Bon, j’ai eu de la chance de rentrer, vous savez. Dans le Bomber Command de la RAF, vos chances de survie en restant en un seul morceau sans être blessé ou fait prisonnier ou tout simplement disparaître, sont de une sur deux. Il y avait 50% de pertes. Alors cette partie là, vous étiez tout le temps en danger mais vous savez, on était jeunes et ceux qui n’en revenait pas, à moins d’être très proche d’eux, vous ne pensiez plus à eux du tout.