Transcription
J’avais dix-neuf ans lorsque j’ai fait mes adieux à mon amoureux alors qu’il partait outre-mer pour effectuer des missions au-dessus de l’Allemagne avec la RAF. Je travaillais comme sténographe à London Life à London, en Ontario, et j’écoutais chaque jour les émissions de radio demandant aux femmes, surtout aux jeunes femmes, de s’enrôler dans la Force aérienne, afin que les hommes puissent être libérés pour aller voler. J’avais l’impression que c’était la moindre des choses que je pouvais faire. Je devais le faire, alors je me suis engagée à dix-neuf ans. Ma première affectation était à Camp Borden, qui était une école de pilotage. Là, j’ai fini par remplacer un jeune homme de Toronto qui voulait devenir membre d’équipage d’avion. Le point culminant de ma carrière dans la Force aérienne a sans doute été le fait que, quatre ans plus tard, j’étais dans le Groupe No. 6 (ARC) du Bomber Command de la Royal Air Force, dans le Yorkshire, en Angleterre, lorsque ce même jeune homme a terminé sa période de service en Allemagne et qu’il est venu me remercier de m’être enrôlée pour qu’il puisse devenir membre de l’équipage aérien et faire sa période de service. J’ai servi au quartier général du Groupe No. 6 (ARC) du Bomber Command de la Royal Air Force. Les escadrons étaient tous basés dans le Yorkshire à l’époque. J’étais sergent responsable du bureau de la gestion des transmissions sous le commandement du lieutenant-colonel Knowle Eaton, de la très célèbre famille Eaton. C’était l’un des petits-fils de Timothy, et un officier pour lequel il était agréable de travailler. J’ai été dans la Force aérienne pendant quatre ans, et je suppose que, comme tout le monde, j’ai vécu des expériences effrayantes. L’une d’elles s’est passée dans l’Atlantique Nord. J’étais responsable de cent cinquante aviatrices qui partaient outre-mer sur le vieil Empress of Scotland. La cinquième nuit de sortie, l’alarme a sonné à une heure du matin, et on nous a demandé de nous rendre sur le pont, prêts à abandonner le navire, car un avion non identifié s’approchait de nous. J’avais pour tâche de faire sortir tout le monde sur le pont avec le masque à gaz sur le dos, prêts à abandonner le navire. Cependant, avant que j’aie eu l’occasion de le faire, l’alarme a retenti de nouveau et nous avons été informés que l’avion s’était identifié comme l’un des nôtres, en reconnaissance. Avec un grand soupir de soulagement, nous avons cessé de trembler! Je n’ai pas vraiment fait l’expérience des bombardements, sauf à Londres lorsque je suis partie en permission, et nous nous sentions tellement invulnérables en tant que jeunes gens que le fait que Londres soit bombardée chaque nuit ne nous dérangeait pas. Nous allions à Londres et profitions de tout ce qui s’y passait, et il s’y passait beaucoup de choses, parce que la musique continuait, et le théâtre continuait, et la vie trépidante continuait. Nous adorions Londres.