Project Mémoire

Morris Murray Smokey/Moe Verge

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Institute Historica-Dominion
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Morris Murray Verge à Halifax, Nouvelle-Écosse, le 27 septembre 2010.
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(...) et il avait dû voir le porte-avion avec tous les avions sur le pont et il a plongé droit dessus. Mais il était tout près, je pouvais le voir dans le cockpit (...)
J’ai rejoint le (NCSM) Orillia, une corvette (vaisseau d’escorte légèrement armé), le K119. De là, suis parti en mission de convoi, à escorter des navires jusque dans les Îles britanniques. Je ne sais pas si c’était au cours du premier ou du deuxième voyage, mais on démarrait et le dôme de l’ASDIC nous a lâché et on ne pouvait pas repérer les sous-marins. Alors il a fallu qu’on aille dans le port le plus proche ; et le port le plus proche c’était l’Islande. Alors on est montés là-haut et on s’est fait réparé ; et on a fait faire les réparations et on y est arrivés et on a rejoint un convoi. Et on est arrivés jusque là-bas sans problème, c’était bien, oui. Pas de problème et ça s’est bien passé pendant le retour et environ deux semaines ici jusqu’à ce que les convois soient formés et puis où que vous soyez, si vous étiez à Halifax et que le convoi partait de là ; et ils prenaient ceux de Sydney et St John à Terre-Neuve et un bon paquet d’autres navires qui faisaient la traversée de l’océan. Ils ont persisté à rester à l’écart des lignes régulières. Je crois que c’est là que, pendant la première partie de la guerre, ils ont coulé tant de navires. Mais quand ils ont changé et sont passés, je crois, un peu plus au nord, là ils ont rencontré plus de sous-marins qu’avant. Les convois qui faisaient la traversée, il faut voir ça pour voir combien de navires il y avait. Vous ne pouviez pas tous les voir, mais vous pouviez en voir beaucoup d’entre eux. Mais ils étaient là. Et quand ils arrivaient aux alentours de l’Irlande, ils se séparaient, en fonction du port où ils se rendaient parce qu’ils ne pouvaient pas tous aller dans le même port. En général ils les envoyaient au sud de l’Angleterre, à l’ouest de l’Angleterre et en Irlande du Nord, Écosse, peu importe. Alors j’ai été affecté au (NCSM) Kitchener, le K225. Alors j’ai passé du temps à son bord jusqu’à ce que je parte de là ; et j’ai été affecté sur le (NCSM) Uganda, pour la guerre dans le Pacifique. Alors en tout cas, on est allés dans le Pacifique et on occupait nos positions ; et on a eu, je dirais, six raids d’avions suicide (Kamikazes japonais). Il y a un jour en particulier dont je me souviens et j’ai pu voir l’avion arriver parce que j’étais sur le pont avec de la visibilité. Et je ne sais pas comment il a réussi à passer à travers les rafales d’obus et tout ça là-bas ; et j’ai vraiment cru que c’était le jour où j’allais être tué. Mais, en tout cas, il est arrivé et il, juste au dessus de notre mât là-bas ; et il avait dû voir le porte-avion avec tous les avions sur le pont et il a plongé droit dessus. Mais il était tout près, je pouvais le voir dans le cockpit, on aurait dit qu’il était plié et tout ça. L’avion a plongé sur la piste d’envol du pont du porte-avion. Et ça a pris feu et ce qu’ils ont fait c’était qu’ils utilisaient leurs tuyaux et ça là-bas, grand jet, et ils les jetaient juste par dessus bord. Ils n’ont rien sauvé, il fallait qu’ils les jettent par dessus bord et retournent en Australie pour le radoub et la réparation des dégâts. Je ne crois pas qu’ils auraient pu faire décoller des avions du pont après ça. Cet avion qui a plongé là-dedans, attaquant ces avions sur le pont, parce qu’on allait partir en raid. Et les avions étaient tous sur le pont. Suis resté là-bas jusqu’à, je crois, jusqu’à ce que les Américains larguent leurs bombes. Je pense qu’ils ont fait passer le mot à notre navire, Canada, vous pouvez rentrer au pays maintenant. Quand on a passé la côte ouest, le Japon avait capitulé.