Project Mémoire

Murray Ginsberg

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Murray Ginsberg
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Unit A, Swing Patrol, base de spectacle de l'armée à Guildford, Surrey, May 1945. Photo provenant du livre de Murray Ginsberg "They Loved to Play: Memories of The Golden Age in Canadian Music" (Toronto: eastend books, 1998).
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Spectacle de l'orchestre de l'armée, février 1943. Photo provenant du livre de Murray Ginsberg "They Loved to Play: Memories of The Golden Age in Canadian Music" (Toronto: eastend books, 1998).
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C’était un spectacle épatant et on avait un orchestre de 40 instruments. Ils avaient des cœurs qui était comparables aux Rockettes de New York.

Non, mes parents venaient d’Europe, ma mère venait d’une ville appelée Bialystok en Russie et mon père d’une petite ville à côté de Vilna appelée Svintsan en Lithuanie. Et de toute façon, mon père était un des quatre garçons et trois filles de la famille. Ma mère avait une autre sœur plus âgée. Ma mère avait 16 ans à l’époque, c’était en 1912, elle avait aussi un frère, qui avait 21 ans ou quelque chose comme ça.

Et ils en ont fait du chemin, je parle de ma mère, ils étaient, comme ils étaient orphelins, ils avaient été élevés par des parents. Alors avec leurs, cousins, tout ça, en 1912, ils traversèrent la Russie et aussi l’Europe et en fin de compte ils sont passés par la Hollande et puis se sont retrouvés à Liverpool où ils sont montés à bord d’un paquebot appelé «Le Titanic », en même temps que 300 autres expatriés ou immigrants quelque soit le nom que vous voulez leur donner. Et ils étaient en attente sur le bateau et le jour juste avant le départ en mer on leur a ordonné de descendre du bateau parce qu’il y avait trop de passagers, et si on ne les avait pas obligés à descendre et bien je ne serais pas là pour vous raconter cette histoire parce qu’on sait tous ce qui est arrivé au Titanic.

Au plus fort de la crise ou au plus profond de la dépression, la Grande Dépression, j’allais à Central Technical School, je me suis enrôlé, le 20 août 1942. Et je suis entré dans l’orchestre du Royal Canadian Ordnance Corps à Kingston dans la, la base de l’armée appelée Barriefield. Et nous avions l’habitude de, vous voyez le Royal Canadian Ordnance Corps ce ne sont pas des combattants, ce sont les électriciens, les mécaniciens et qui, si quelque chose tombe en panne, ils savent réparer le tank , ils savent réparer la voiture, la jeep ou n’importe quoi d’autre. Et je me souviens de la sensation que ça me faisait parce qu’on les accompagnaient en fanfare jusqu’aux ateliers, un peu plus de 2 km jusqu’aux ateliers de réparation à leur jouer des marches. Je n’avais jamais joué de marche militaire avant ça mais je me suis renseigné et j’ai découvert ce que c’était et maintenant encore je me souviens des titres et des mélodies de quelques unes, parce que quand je les jouais ça me donnait la chair de poule. Je voulais partir à la guerre, c’était écrit. C’était excitant.

En tous cas, ça faisait à peu près 3 semaines que j’étais dans l’orchestre et tout à coup, on m’a envoyé à Montréal, dans la caserne de Westmount parce que c’était là que le Royal Canadian Army Show était produit et ils étaient en train de constituer l’orchestre. Et on avait l’habitude de s’exercer avec la fanfare dans les casernes avoisinantes. Mais en tout cas on répétait tout l’après-midi et on se produisait dans l’immeuble Sunlife tous les dimanches dans une émission de variétés qui s’appelait « This is the Army » ou quelque chose comme ça. Et puis le Général Eisenhower, qui était le commandant en chef des armées, a fait une déclaration disant que tous les gens au service de l’armée, hommes et femmes, peu importe l’endroit où ils se trouvaient dans le monde, ils avaient droit aux variétés et aux divertissements pour garder le moral. En conséquence de quoi le Brigadier Mess à Ottawa et Geoffrey Waddington, qui s’épelle avec un G, GEOFFREY, Geoffrey Waddington, ils avaient une émission de variétés à la SRC, ils se sont réunis avec Wayne et Shuster, ceux-là c’était, ces deux là, Johny Wayne et Frank Shuster c’était le top des humoristes . Ils étaient tellement drôles que pendant la durée de leur contrat, ils ont été invité 52 fois à se produire dans l’émission télévisée de Ed Sullivan, plus que n’importe quel autre comique américain. Et je savais que ces gars là, ils étaient très amis, vous voyez. On est devenu comme une grande famille, tous.

Bon en tout cas, le Royal Canadian Army Show était créé et nous avons commencé à répéter. Wayne et Shuster avaient écrit les textes et quelques unes des chansons. Le Capitaine Robert Farnan, qui était directeur musical de l’orchestre canadien de la force expéditionnaire alliée, il avait fait les arrangements. Quand je dis le la force expéditionnaire alliée, Glen Miller dirigeait l’orchestre américain de la force expéditionnaire alliée et le Sergent Major George Melachrino dirigeait l’orchestre britannique.

Et tout cas la revue Royal Canadian Army Show était née. On a répété au théâtre Victoria qui n’existe plus mais le théâtre Victoria si ma mémoire est bonne, se trouvait au coin sud-est du carrefour entre Yonge et Gerard. Et on a répété au théâtre et c’est devenu comme une comédie de Broadway, une comédie musicale de Broadway. C’était un spectacle épatant et on avait un orchestre de 40 instruments. Ils avaient des cœurs qui était comparables aux Rockettes de NewYork. Et Jack Arthur, qui était un producteur de Toronto, et sa femme Midge Arthur, elle avait fait partie des Rockettes, elle était danseuse. Et elle a appris aux filles à danser, elle leur a appris comment danser.

Et c’était un spectacle tellement fantastique que le, qu’il avait tout le temps des critiques élogieuses. Et ça a duré, nous avons traversé le Canada d’un bout à l’autre pour donner des représentations à toute l’armée de terre, les forces aériennes et la navale et aussi pour les Bons de la Victoire et finalement, la compagnie après avoir fini de jouer le spectacle partout, elle s’est retrouvé à Toronto pour les répétitions d’un nouveau spectacle. Et à ce moment là, le Major Victor George, qui était colonel, directeur du Canadian Army Show à ce moment-là, il est monté sur la scène et a mis ses mains en l’air, il a dit, arrêtez la musique. Il a dit qu’il venait de recevoir des nouvelles d’Ottawa et qu’on allait être envoyés en Angleterre avec le spectacle. Et que la compagnie allait être scindée en cinq unités de divertissements, l’unité A, l’unité B, C,D et E. Et les unités A et B, c’était l’orchestre divisé en deux. Et moi j’étais avec l’unité A et l’unité B, ils les ont envoyés en Italie, où ils se sont produits pendant tout le reste de la guerre.

Date de l'entrevue: 8 octobre 2009