Project Mémoire

Murray Quattrocchi

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Crédit: Bibliothèque et Archives Canada / Grant, Donald I., photographe / Numéro Mikan: 3199871.
Crédit: Bibliothèque et Archives Canada / Grant, Donald I., photographe / Numéro Mikan: 3199871.
"Artilleurs du régiment<em> The Cameron Highlanders of Ottawa </em>(M.G.) en action près de Carpiquet, France, le 4 juillet 1944."M. Quattrocchi a également fait partie du régiment <em>The Cameron Highlanders of Ottawa </em>pendant la guerre. Crédit: Bibliothèque et Archives Canada / Grant, Donald I., photographe / Numéro Mikan: 3199871.
Crédit: Bibliothèque et Archives Canada / Grant, Donald I., photographe / Numéro Mikan: 3199871.
Et quelle que soit la couleur de la fumée ce jour-là, les allemands ont commencé immédiatement à tirer cette fumée du jour du côté où on se trouvait et ça ne nous a pas aidés. Ça a été une rude journée.

Je suis né en Sicile en 1914, le 2 avril 1914 en Sicile, à Termini (Imerese) c’est le nom de la ville. C’est près de Palerme, à une trentaine de kilomètres de Palerme. À cette époque, mon père était venu au Canada et quand la Première Guerre mondiale a commencé, il s’est engagé dans l’armée, il s’est engagé dans l’armée italienne au Canada. L’idée à cette époque c’était que n’importe quel pays allié pouvait enrôler ses propres ressortissants. Et après la guerre, s’ils étaient encore en vie, ils pouvaient revenir au Canada et ramener leur famille avec eux.

Ouais, j’en connaissais assez long sur la Première Guerre mondiale parce qu’il avait l’habitude de rentrer en permission à la maison de temps en temps. Et juste en face de notre maison, il y avait un parc. Et sur un des côtés de notre maison il y avait un vieux monastère avec un grand mur très haut. Et il servait de camp de prisonniers de guerre allemands. Et les prisonniers allemands étaient amenés dans le parc pour faire de l’exercice, alors j’avais un peu affaire à eux. Ils avaient l’habitude de jouer avec moi.

Ce dont on parlait, je ne sais pas, de ce dont parle un gamin de trois ou quatre ans. Avec cette maison, je crois que c’est tout. Quoi, je ne sais pas de quoi on parlait. Mais je sais qu’ils jouaient avec moi et qu’ils me donnaient des sous et je m’en souviens.

Je ne me prenais pas pour un italien. J’avais des ancêtres italiens, mais je considérais que j’étais canadien parce que depuis l’âge de six ans on m’avait élevé comme un enfant canadien. On était à Falaise (la Bataille de Falaise Gap) et j’ai repensé tout récemment quand ils ont parlé du tremblement de terre à Haïti, à l’odeur des cadavres. Bon, dans la poche de Falaise, comme vous le savez, les allemands étaient pris au piège et des milliers d’entre eux ont été tués. Alors il y avait des milliers d’allemands morts et des cadavres de chevaux aussi. Et pour faire de la place pour que l’armée puisse avancer, ils ont transformé des chars en bulldozers pour tracer une route dans un sens et il nous a fallu traverser par là et je me souviens très bien, il y avait une sacrée odeur. On devait se mettre nos mouchoirs devant la bouche.

Vous savez que l’armée canadienne a été bombardée par l’armée de l’air. Vous êtes au courant de ça. Bon, ce jour-là, on a fait une attaque, j’étais mitrailleur et on a encore plus mitraillé ce jour-là qu’à Falaise, au bois de Quesnay, c’était la cible ce jour-là. Et les bombardiers sont arrivés, la première vague a atteint la cible en plein dans le mille. On était juste en face du bois de Quesnay de l’autre côté dans un champ. Et puis tout à coup, un groupe de bombardiers, la deuxième escadrille est arrivée et ils ont largués leurs bombes au mauvais endroit. Il n’y avait pas moyen pour quiconque d’arriver à les arrêter parce que c’était le silence radio. Et ils sont descendus à très basse altitude et nous ont mitraillés. Il y avait un escadron de chars polonais dans ce champ et ils sont tous sortis de leurs chars et se sont mis à courir. L’endroit le plus sûr c’était la cible. Alors tout le monde a couru vers la cible. Bon, nous on a couru avec eux. Il n’y avait pas grand-chose qu’on puisse faire à part rester là et subir l’attaque.

Les allemands, quand ils ont compris ce qui se passait, qu’on était en train de bombarder nos propres troupes, ils en ont profité et ils ont utilisé pour se faire ce qu’on appelait la fumée de la couleur du jour. C’était des cartouches avec de la fumée d’une certaine couleur, qui servait de signal. Et quelle que soit la couleur de la fumée ce jour-là, les allemands ont commencé immédiatement à tirer cette fumée du jour du côté où on se trouvait et ça ne nous a pas aidés. Ça a été une rude journée.