Project Mémoire

Nathan "Sonny" Isaacs

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Nathan Isaacs
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Les plaques d'identité de Nathan Isaacs. À l'époque son nom de famille était Isaacovitch. À noter que sa religion est inscrite dessus, HEB pour hébreu. Ce était source d'inquiétude, si jamais il lui arrivait d'être touché en territoire ennemi.
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Portrait de Nathan Issacs pris à Toronto, Ontario en 1943, peu de tenos après qu'il ait atteint le grade d'AVC.
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Photo prise à la base de Leeming, Yorkshire, Angleterre. Le sous-Lieutenant d’aviation Nathan Isaacs (Escadron Lion n°427 de la RCAF) pose devant un bombardier Handley Page Halifax bomber et plusieurs bombes de 500 livres.
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Carte d'opérations de bombardement établissant les cibles atteignables depuis la base de Leeming, RCAF, Escadron Lion n°427 à Yorkshire, Angleterre.
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Photo prise lors du repas marquant le début de la Pâque juive (Pessah) dans le restaurant d'Isow à Londres en Angleterre en mars 1945. Nathan Isaacs, à l'arrière plan de la photo à gauche, célébrait la fête juive avec le Rabin Elsen et des amis de Winnipeg, Manitoba.
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Je crois que c’était à Brême en Allemagne où on a vraiment été attaqués par des chasseurs et je ne suis pas pratiquant mais je me souviens avoir prié Dieu et dire, s’il vous plait, faites-moi juste sortir de là et je ne demanderai plus jamais rien.

Lieutenant d’aviation Nathan Isaacovitch, israélite. J38327. Quand j’ai commencé dans l’armée de l’air, ils faisaient l’appel au moins 30 fois par jour et ils faisaient l’appel pour tout. Alors chaque fois que le caporal devait appeler mon nom, c’était, Isa, je veux dire, il bégayait, bégayait, bégayait, alors pour finir je suis allé trouver l’avocat militaire et j’ai dit, vous savez, j’ai des problèmes avec mon nom, est-ce que je peux le modifier en Isaacs. Il a dit, non, vous êtes trop jeune. Il a dit, tu dois avoir 21 ans pour changer de nom. C’était OK de se battre pour l’armée de l’air mais j’étais trop jeune pour faire changer mon nom.

C’était étrange parce qu’il y avait tellement d’aviateur qui se faisaient descendre lors de leur première opération, alors la première c’était toujours une mauvaise, vous savez. Mais on s’en est bien sortis. Et puis la seconde, la troisième, la quatrième et la treizième c’est toujours une mauvaise naturellement. Comme il s’agissait de bombardements de nuit, et personne n’avait le droit de montrer la moindre lumière, alors vous ne pouviez pas regarder dehors en poussant le rideau sur le côté parce que la lumière allait se voir, alors on ne voyait que très rarement ce qui était autour de nous. Le seul moment où on voyait ce qu’il y avait aux alentours, c’est quand il y avait un tir réussi et que l’avion explosait et disparaissait.

Je crois que c’était à Brême en Allemagne où on a vraiment été attaqués par des chasseurs et je ne suis pas pratiquant mais je me souviens avoir prié Dieu et dire, s’il vous plait, faites-moi juste sortir de là et je ne demanderai plus jamais rien. Et ça a marché, on a perdu 33 avions au cours de cette mission.

Bon, on avait un excellent pilote. Il venait de Mitchell en Ontario et était fermier, il ne buvait pas, ne fumait pas, je veux, vous savez, dans les équipages on utilise pas mal de jurons. Le pire qu’il ait jamais utilisé c’était « mince alors ». Il était extraordinaire. Alors je pense que ça avait bien à voir avec le fait d’être un bon pilote.

Bon, ce qui m’inquiétait c’était mon nom Isaacovitch. Mes plaques d’identité disaient, Lieutenant d’aviation Nathan Isaacovitch, israélite. Vos plaques d’identité faisaient mention de votre religion si jamais on avait à vous enterrer, ils voulaient savoir comment vous enterrer. Mais si on sautait au dessus de l’Allemagne ou de la Belgique ou de la Hollande, n’importe quel endroit où il y avait des allemands, j’avais toujours peur qu’il faille sauter, quelles pourraient bien être mes chances de survie, même si je réussissais à atterrir sur le sol là-bas. Mais j’ai appris plus tard, comme vous le savez sûrement, qu’il y a eu un certain nombre de juifs faits prisonniers qui ont été traités comme n’importe qui d’autre.

C’était toujours la guerre quand on a fini notre trente-cinquième vol. On m’a envoyé chez moi au Canada en permission et pendant ma permission, la guerre s’est terminée (8 mai 1945). Et c’était fini. Je, je ne suis pas d’accord avec toutes les émissions de télévision qu’ils ont eues, vous savez, qui condamnent le Bomber Command pour avoir tué tous les allemands et tout ça, en bombardant les villes. Mais je sais de fait que pour mes 35 missions, quand on allait dans la salle des briefings, ils n’ont jamais de la vie dit bombardez les civils. On avait toujours une cible : c’était un dépôt de rails, une usine de produits chimiques, ou presque toujours dans la Ruhr là où se trouvaient toutes les aciéries ou tout le reste. On ne nous a jamais demandé de bombarder des civils. Mais hé, vous larguez des bombes à 21 000 pieds d’altitude ; vous ne pouvez pas frapper en plein dans le mille tout le temps.