Project Mémoire

Neil Moore

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Neil Moore
Neil Moore
Carnet de bord de Neil Moore.
Neil Moore
Neil Moore
Neil Moore
Avion en Arabie Saoudite, décembre 1942.
Neil Moore
Neil Moore
Neil Moore
Neil Moore à Murree, Inde, le 22 septembre 1943.
Neil Moore
Neil Moore
Neil Moore
Cessna Crane, Brandon, Manitoba, septembre 1941.
Neil Moore
Neil Moore
Neil Moore
Médailles de Neil Moore (de gauche à droite): Étoile de Birmanie; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de la Défense; Étoile 1939-45; Médaille de guerre (1939-45).
Neil Moore
« Dès qu’ils ont touché le sol, ils se sont mis à l’œuvre et ont amorcé leur mission de sabotage. »

J’ai dû commencer l’entraînement pour parachuter des hommes en Birmanie, des hommes qui venaient du Népal, les Gurkhas. On appelait ça des vols de familiarisation, et vol de familiarisation ça voulait dire qu’ils allaient voler pour la première fois comme ça ils pourraient avoir une idée de ce qui se passait et on leur donnait à tous un sac en papier et je faisais en sorte qu’ils s’en servent en faisant quelques tours dans l’avion qui devraient leur mettre l’estomac sans dessus dessous. Mais ils ont fini par s’habituer à ce que c’était, à être malade et toutes ces choses, et apprendre à vivre avec. C’était la chose essentielle. Donc on faisait l’entraînement de cette manière-là.

Et ils ne recevaient pas tant d’entraînement que ça, ensuite on les redescendait et ce sergent anglais les prenait en charge et il y avait en général six hommes et ils les faisaient sauter dans une petite clairière dans la jungle. De nombreuses fois, très près des japonais, et il y avait quelqu’un en bas avec une lampe électrique ou quelque chose comme ça. Le navigateur devait être très bon pour faire ça. Et ils prenaient le plus petit avion du genre du Hudson et ils ont essayé le Liberator ; qui est un quadrimoteur, mais ils étaient peu pratiques, et puis il y avait une chaîne de petites montagnes en Birmanie qui faisait que quand on traversait au dessus de la jungle pour parachuter ces hommes, vous deviez faire quelques manœuvres rapides pour rebrousser chemin ou alors vous arriviez droit dans cette chaîne de montagnes qui longeait la côte.

Et alors les Liberator n’étaient pas pratiques et ils faisaient demi-tour pour s’en aller et c’st là que la plupart d’entre eux se sont fait descendre, pas sous le feu de l’ennemi. En fait, il y avait un raid aérien qui partait en avant, peut-être un vingtaine à l’avance pour capter leur attention pendant qu’on se faufilait au dessus de l’eau, c’est d’habitude à une centaine de pieds et c’est pour ça qu’on faisait ça au clair de lune parce que la lune se réfléchissait sur les vagues et vous pouviez juger de votre hauteur au dessus de l’eau parce qu’on ne se servait jamais des phares d’atterrissage ou quoique ce soit de ce genre.

Dès qu’on approchait du rivage, la ligne côtière, on montait à 500 pieds, et on parachutait les hommes de cette hauteur et bien-sûr, on se servait d’une sangle d’ouverture automatique de parachute. Et quand ils sautaient, le parachute s’ouvrait tout seul et ils commençaient leur descente et c’est là qu’ils touchaient la terre ferme. Alors c’était tout prévu, et c’était comme ça que ça se passait. Donc ces hommes-là n’avaient même pas besoin de penser à quoi que ce soit. Une fois qu’ils arrivaient sur le sol, ils devaient aller remplir leur mission de sabotage.

On transportait un officier de Delhi là haut dans le nord du pays. C’est ce qu’on a fait de nombreuses fois, quand ce n’était plus la saison des entraînements, en d’autres termes, pendant la période d’arrêt, on transportait des gens dans tout le pays et c’était des officiers et ainsi de suite. Alors ce jour-là, je devais faire le voyage de Delhi, dans le nord de l’Inde, jusqu’à Bangalore, qui se trouve au sud de l’Inde et le temps était à la tempête et tout ça, mais on devait descendre à travers ces nuages pour rejoindre l’aéroport. Et le navigateur s’était écarté d’environ 8 kilomètres de son plan de vol alors quand j’ai commencé ma descente, évidemment, je vole avec les instruments mais il se trouve que j’ai levé les yeux et j’ai vu la forme en V, la forme de V à l’envers du sommet d’une montagne, juste devant nous. Alors j’ai repris les commandes et tourné vers la droite et l’avion, les deux hélices ont touché cette montagne et il y avait de la terre dessus. Et quand vous faites des vols comme ceux qu’on faisait, on n’avait pas de système antibuée ou quoique ce soit de ce genre, alors on devait laisser nos petites fenêtres sur le côté, de chaque côté légèrement entrouvertes, autrement, elles auraient été pleines de buée, un peu comme dans une voiture quand vous ouvrez la ventilation, de nos jours ils mettraient en route le climatiseur, mais autrefois, vous deviez ouvrir une aération pour faire partir la buée pour éviter d’être complètement embué.

Elles étaient ouvertes, alors cette boue est entrée par les fenêtres et a atterri sur nos genoux. Bon, aussitôt après avoir dépassé le pic montagneux je me suis retrouvé pris dans le courant ascendant là où l’air remonte le long du flanc de la montagne, et l’avion a commencé à monter. Et bien qu’ayant le nez de l’appareil pointé vers le sol, on était toujours en train de grimper. Et puis tout à coup, on est sorti du courant ascendant et on a été pris par le courant descendant. Et on a commencé à descendre comme ça et je ne pouvais rien y faire, alors j’avais le navigateur cette fois-là qui était en bas dans le nez de l’appareil et j’ai dû lui crier de monter, il y avait toujours une deuxième tourelle de commande dans l’avion. Et alors il a fallu que le pilote vienne et on a tous les deux mis nos pieds en l’air sur le tableau de bord et on tirait sur le manche. Et on s’en est sorti juste à la dernière minute, mais l’avion vibrait tellement c’était dingue parce que les quinze centimètres du bout des hélices étaient relevées.

Donc, et puis quand on est arrivés à Bangalore, l’aéroport était à demi caché par une pluie torrentielle et on ne pouvait rien voir à travers, alors on a dû atterrir avec le vent, non pas dans le vent, comme on le fait toujours. Et on a touché le sol et l’ambulance une fois de plus est arrivée à toute allure, a embarqué cet officier et il avait eu une côte cassée et la valise qu’il avait avec lui, elle lui est tombée dessus et a atterri sur les côtes et lui en a cassé une. Donc comme il avait mal ils étaient venus le chercher. C’était une sacrée expérience en soi, mais encore une fois, on a survécu.