Project Mémoire

Neil Mosher Sturgeon (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Neil Mosher Sturgeon a servi la Deuxième Guerre mondiale. Vous pouvez lire et écouter son témoignage ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Inventaire des effets personnels de Neil Sturgeon, 15 mars 1945.
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Photo du peloton de Nail Sturgeon après l'attaque sur la rivière Lamone. Neil Sturgeon est le 3ème à gauche au 1er rang.
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Sturgeon avait 17 ans quand il s'est engagé dans l'armée.
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Télégramme rapportant que Neil Sturgeon est porté disparu, le 26 décembre 1944.
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux
Télégraphe rapportant que Neil Sturgeon a été fait prisonnier de guerre au camp Stalag, Allemagne.
Neil Mosher Sturgeon/ Jason Lemieux

Transcription

Je n’oublierai jamais, c’était le vendredi 13 décembre 1944. Notre peloton avait reçu l’ordre d’avancer pour franchir des canaux et établir une tête de pont (poste défensif) avant la rivière. Nous avons donc avancé dans ces champs gorgés d’eau dans ce qui devait être une attaque-surprise. Mais nous ne savions pas à ce moment-là que les Allemands nous attendaient. Tout le régiment de mitrailleuses allemandes se trouvait sur le canal. Nous avancions à travers les champs et ils ont ouvert le feu avec leurs mitrailleuses en direction des champs. Nous étions à peu près à mi-chemin du champ de bataille lorsque mon peloton s’est retrouvé prisonnier du feu nourri des mitrailleuses allemandes.

Je me souviens qu’au fur et à mesure que nous avancions, mes camarades tombaient autour de moi et, bien sûr, dans l’armée, le réflexe est de se coucher au sol. Je me suis couché et les balles me sont passées dessus. J’ai eu de la chance parce que je suis arrivé dans un petit fossé d’une profondeur de 25 à 50 cm, probablement pour l’irrigation. J’ai pu continuer à ramper dans ce fossé alors que les balles passaient juste au-dessus de moi. J’ai pu me rendre au canal; je me souviens que nous nous battions à bout portant avec les Allemands et que nous avons traversé le canal. Nous sommes parvenus à une ferme de l’autre côté. Nous sommes entrés dans la ferme accompagnés d’autres personnes. Il y avait peut-être huit ou dix d’entre nous. Nous étions dans la ferme à riposter en vain. Ils avaient visé juste avec toute la puissance de feu des mortiers et de l’artillerie. En fait, ils ont tout démoli, tout était en feu.

À l’époque, en Italie, les granges étaient rattachées à la ferme, et j’étais dans la grange. Je me souviens d’une grosse vache juste à côté de moi. Quoi qu’il en soit, ils nous ont finalement encerclés et nous ont crié, en anglais, de sortir avec les mains en l’air. Ils nous disaient qu’ils nous avaient encerclés et si nous ne sortions pas, ce serait la fin pour nous.

Nous sommes donc sortis, nous étions environ quatre ou cinq à avoir réussi à sortir vivants de cette maison. De là, ils nous ont ramenés derrière les lignes et nous avons été amenés dans une pièce très éclairée. C’était l’endroit en Allemagne où ils avaient leur quartier général, je suppose. Je me souviens qu’il y avait environ quatre colosses allemands assis derrière une table et on m’a fait entrer. Deux soldats allemands avec leurs fusils de chaque côté de moi se sont levés devant eux et ils ont commencé à me crier après. La seule chose à faire, nous avait-on dit, c’était de donner notre nom, notre grade, notre numéro de matricule et le nom de notre régiment. Mais ils se sont mis en colère, ils voulaient savoir quel régiment était où. Je ne leur ai donné aucune de ces informations, et je n’en savais pas beaucoup plus qu’eux de toute façon. Je me souviens encore de l’officier en chef qui a dit de nous faire sortir et mentionné qu’ils nous fusilleraient le lendemain matin parce que nous refusions de coopérer. Les gardes m’ont donc fait sortir et m’ont mis dans une petite pièce avec de la paille sur le sol pour la nuit, mais le matin, Dieu merci, ils ne m’ont pas tiré dessus. Nous étions quatre prisonniers et ils ont commencé à nous faire marcher au pas derrière les lignes. Je pense que nous avons marché au pas pendant une journée entière au moins, ou presque.

Le 29 avril 1945, nous avons entendu des obus et des bombardements qui ont duré quelques heures. Ce fut le début de notre libération. C’était le général George S. Patton, de la 14e division blindée de la 99e division des États-Unis. Ils sont entrés dans le camp et l’ont sécurisé vers 14 h. Je n’oublierai jamais le général Patton qui arrive au volant d’un convoi de jeeps et qui entre dans le camp. Il s’est levé à l’arrière de la jeep et a prononcé un bref discours. Il n’a pas mâché ses mots, il a beaucoup blasphémé. Il a déclaré qu’ils avaient fait fuir les Allemands et qu’ils allaient les faire reculer jusqu’en Russie. C’était un véritable spectacle que de voir le général Patton debout avec ses deux revolvers au manche de perle et tout le monde qui l’acclamait. Puis les États-Uniens ont apporté de la nourriture, notamment du pain blanc, et j’ai savouré la miche que j’ai reçue.