Project Mémoire

Nora Carrington Oliver Watson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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Nora Oliver, Mars 2010.
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Nora Oliver
Nora Oliver
Portrait de Nora Oliver après son enrôlement dans le Service des Femmes de la Marine Royale (WRNS) en décembre 1943.
Nora Oliver
« Les sirènes ont retenti et les projecteurs se sont allumés, éclairant un bombardier allemand qui a largué sa bombe directement sur la station où nous nous trouvions. J’ai été blessée par une bombe à bille à la jambe et au côté droit du dos. »

J’habitais en Inde et quand j’ai quitté l’école, à l’âge de 16 ans, la guerre a éclaté et je n’ai pas pu retourner chez mes parents en Inde. Donc, il fallait que je fasse quelque chose parce que les militaires avaient réquisitionné tous les avions et tous les bateaux. Donc, je ne pouvais pas rejoindre mes parents en Inde. J’ai décidé d’aller dans une école de secrétariat [en Angleterre] et de faire une formation pour m’occuper jusqu’à ce que je puisse repartir [en Inde]. Bon, bien sûr la guerre s’est prolongée et je me suis dit que j’aimerais m’engager dans le Wrens [WRNS – Women’s Royal Naval Service : Service féminin de la Marine royale]. Je ne voulais pas m’enrôler dans l’Armée de terre ou l’ATS [Auxiliary Territorial Service : Service territorial auxiliaire]. Il y avait des antécédents de service dans la marine dans ma famille et c’est ce qui m’a décidé à entrer dans le Wrens.

J’ai d’abord dû faire une formation de six semaines parce que je suis entrée comme sténographe et c’est ce dont ils avaient besoin. Donc j’y suis allée et j’ai fait six semaines de formation et j’ai eu la chance d’être affectée au quartier général de Lord Louis Mountbatten à Londres où il était le Chef des opérations combinées. Je suis restée là-bas jusqu’à ce qu’il devienne Commandant en chef des forces alliées en Asie du Sud-Est et qu’on déménage en Inde. Je trouvais que c’était une excellente occasion, je pourrais revoir mes parents.

Mais la nuit où je devais rejoindre mes camarades du Wrens, parce que tous les mouvements de troupe se faisaient la nuit, on était allé à Liverpool pour prendre le bateau, j’avais fait mes adieux à ma grand-mère avec qui j’avais habité en Angleterre jusque-là. Les sirènes ont retenti et les projecteurs ont repéré un bombardier allemand qui a largué une bombe précisément dans la station où j’étais. J’ai eu des blessures par shrapnel dans la jambe et dans le côté droit du dos.

Trois mois plus tard, je suis allée en Inde parce que même si je devais avoir un autre examen médical, je leur ai dit que ma mère et mon père me prendraient en charge là-bas s’il y avait des problèmes. Donc, c’est dans ces conditions que je me suis jointe à d’autres employées du Wrens. On était à Delhi, le quartier général là-bas et sitôt installé [Lord Louis] Mountbatten a vu que les Japonais prévoyaient d’envahir alors on est parti en bas à Ceylan comme cela s’appelait à l’époque et qui est maintenant Sri Lanka.

J’ai rencontré mon futur mari, je devrais l’appeler, en 1940, alors que je n’étais qu’une civile en Angleterre. On a correspondu pendant cinq ans et on s’est marié de chez moi en Inde, en 1945. Il était officier comptable à Bombay [maintenant Mumbai]. Tout à coup, le quartier général canadien s’est aperçu qu’il avait été outre-mer beaucoup plus longtemps qu’il n’aurait dû et ils lui ont demandé de rentrer tout de suite. Donc j’ai fait une demande de démobilisation en Inde pour pouvoir retourner sur le même bateau que lui. Une fois arrivée à Londres, j’ai dû me présenter à Sackville House [40 Piccadilly, quartier général de la Section de rapatriement civil du bureau des épouses de guerre] pour m’inscrire sur la liste des épouses de guerre qui attendaient leur tour. Je suis finalement allée au Canada en 1946.