Project Mémoire

Norman Wrigglesworth (Source primaire)

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Ma prochaine affectation a été sur un porte-avions converti en transport pour les troupes…c’était le grand luxe.


«Ma prochaine affectation a été sur un porte-avions converti en transport pour les troupes…c’était le grand luxe.»

Transcription

Je m’appelle Norman Wrigglesworth. J’ai été matelot breveté dans la Marine royale de 1943 à 1947.

Nous étions toujours à court de nourriture en mer et nous n’avions pas beaucoup de réfrigération. Nos logements étaient très petits. Au petit-déjeuner, nous prenions un thé avec du pain et de la confiture et nous nous passions les pommes de terre – c’est drôle à dire – mais nous pelions chacun une pomme de terre – nous n’avions pas d’eau – et puis le cuisinier du jour les apportaient au gars qui les lavaient, les coupaient et les préparaient pour le souper, vous voyez.

En mer, nous ne pouvions jamais nous payer huit heures de sommeil. Nous étions sur des quarts de travail de quatre heures, alors nous dormions environ trois heures et cinquante minutes. Et, si nous étions appelés à prendre nos stations de combat, eh bien, c’en était tout.

Vers la fin de la guerre, nous étions amarrés à Taranto en Italie et nous sommes allés à un camp de repos à Bari. Il y avait pour la plupart des Australiens, des Britanniques, très peu de Canadiens. Mais, nous avions trois gros repas par jour et nous devions nous rapporter seulement une fois pas jour.

Mon copain and moi, nous avons mis la main sur des chevaux, il n’y avait pas de selle ni d’étriers. Et, nous allions au camp des GI qui était à un demi-mille environ, donner des leçons d’équitation en échange pour une bouteille de vin. C’était mon prix. Je plaçais les mains en guise de support pour le pied d’un GI Joe et je lui disais ‘’Maintenant, mets to pied droit dans mes mains’’. Et je le soulevais sur le dos du cheval, mais faisant face vers l’arrière. Il y avait des centaines de soldats dans un édifice de briques à trois étages tout près qui s’éclataient de rire. Ils appelaient ça ‘’la performance royale’’. Nous avons quand même passé neuf jours à Bari, en partie parce que lorsque la guerre s’est terminée, nous n’arrivions pas à décrocher une place sur le train de retour à Taranto.

Le Jour de la victoire en Europe (VE-Day), les soldats sont devenus complètement fous ! Quelque uns ont pris un coup et ont découpé ma couverture en cinq morceaux et ont mis le feu dans cabane. J’ai averti l’Officier commandant et le responsable a du m’acheter une nouvelle couverture.

Lorsque la guerre s’est terminée, des milliers et des milliers de prisonniers de guerre ont été transférés au sud de l’Italie. Nous avons pu finalement obtenir passage sur un train en direction sud. Le train s’arrêtait à chaque heure pour que les prisonniers puissent faire une pause toilette – il n’y a pas de toilettes sur les wagons. Les troupes australiennes faisaient les sentinelles. Il semblait y avoir tellement de détours et d’arrêts sur notre route.

Lorsque nous sommes parvenus au Royaume-Uni, par la voie de la baie de Biscaye, la mer était houleuse, la moitié de l’équipage avait le mal de mer. Ça semble drôle à dire, parce que nous avions été en mer pendant dix-huit mois. Mais ça été très difficile.

Ma prochaine affectation a été sur un porte-avions converti en transport pour les troupes. Nous avions des lits superposés et même une salle à manger, c’était le grand luxe.

J’ai fait un aller-retour en Australie, un aller-retour au Ceylan, un voyage à Hong Kong et mon dernier voyage, fut en direction du Canada. Le capitaine a annoncé ‘’Nous ne voulons pas de bronchitiques, vous devez agir en tant qu’ambassadeur de la Bretagne…et vous devez vous comporter convenablement au Canada.’’ Alors, j’ai été bon garçon et j’ai abouti au Canada avec une mariée de guerre. Tout ça fut bien intéressant. À nous tous, nous avons ramenés environ 500 mariées de guerre. Tout ça s’est passé en octobre 1946.

Nous avions une entente avec les États-Unis qui interdisait la revente des pièces d’avion que nous avions à bord. Nous les avons envoyées par-dessus bord. On appelait ça une entente de ‘’location et de prêt’’ et le capitaine nous avait bien avertis en lançant ‘’Vous pouvez bien vous servir mais, si les douaniers vous pincent avec du matériel, c’est entièrement votre problème !’’ Alors, je n’ai rien rapporté, surtout que je n’avais pas d’outil. Mais, quel dommage; tous ces avions flambant neufs coulés dans la mer mais, c’était l’entente.

Ensuite, à Norfolk en Virginie, j’ai manqué mon autobus et un officier de la Marine des É-U. nous a donné un lift, à moi et un copain. Je le croyais un peu fou lorsqu’il m’a demandé un dix cents pour le parcomètre. Les parcomètres furent inventés seulement en 1936, et nous étions en 1946. Ça n’existait pas en Angleterre et je n’en avais jamais vu au Canada.

Le prochain choc culturel fut à bord d’un train en direction de New-York. La Marine m’avait dit que je pouvais commander ce que je voulais. J’avais commandé un thé. Et., un homme de couleur m’a apporté une tasse d’eau chaude. Je lui ai dit que j’avais commandé un thé pas une tasse d’eau chaude. Il m’a répondu ‘’Eh, copain, tu vois ce petit sachet ? C’est une poche de thé, tu la mets dans ta tasse et ça fait du thé.’’ Je croyais qu’il se moquait de moi, mais c’était en plein çà.

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 TMP

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