Project Mémoire

Olive Irene Moran Attridge

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Olive Moran
Olive Moran
Photo d'enrôlement d'Olive Moran, 1941.
Olive Moran
Olive Moran
Olive Moran
Vitrine d'Olive Moran (née Attridge) avec ses médailles et les prix qu'elle a reçu: médailles de la Légion à gauche, et médaille de la Défense et médaille de Guerre (1939-45) à droite.
Olive Moran
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Olive Moran (née Attridge) à London, Ontario, 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Je pense à quand vous voyez les avions monter dans le ciel, disons une dizaine d’avions montent, disons que sept ou huit reviennent.
Mais j’étais chef d’îlot à l’époque et j’aidais les gens à aller dans les abris antiaériens. C’est ce que je faisais pendant la guerre. Au début de la guerre, je faisais ça. Et ensuite je me suis engagée dans l’armée de l’air (le service féminin de l’armée de l’air). Ma première affectation c’était à Chelmsford, avec les bombardiers (Avro) Lancaster. Je m’occupais des réparations des ceintures de sauvetage gonflables et de l’équipement, peinture, camions, des petits travaux. Vous voulez entendre des choses amusantes ? Alors que j’étais sur un avion sur la planche, à vérifier leur équipement, et une sirène s’est déclenchée à Chelmsford. Quand la sirène retentit, les pilotes doivent courir jusqu’à leur avion. Donc je descends de cet avion. Donc je suis en train de descendre la planche en courant et les aviateurs eux sont en train de monter. Non, ne descends pas, viens dans l’avion avec nous. J’ai répondu, pas question (rire), et je suis partie. Maintenant, je vais vous raconter une autre histoire mais elle est courte. Je mettais de la peinture de camouflage sur des camions. Je portais une salopette, un grand truc sur la tête, j’avais de la peinture sur la figure, partout. Je ne ressemblais pas du tout à une fille. D’autres soldats sont venus pour m’aider. Quoiqu’il en soit, quand la cloche s’est mise à sonner, ils ne savaient pas que j’étais une fille. Quand la cloche s’est mise à sonner, j’ai enlevé mon chapeau, mes cheveux roux sont retombés sur mes épaules. Ils m’ont regardée et ils ont dit, oh, c’est une fille ; et ils m’ont pourchassée. J’ai couru comme si ma vie en dépendait. C’était des américains. (rire) C’était un bon travail, mais alors quand ils partaient faire un raid, certains rentraient, d’autres ne rentraient pas. Et quand ils quittaient leurs avions, vous pouviez voir sur leurs visages s’ils avaient perdu un copain ou quelqu’un. Ils allaient tout droit au NAFFI (Institutions de l’armée de l’air et de la marine, des établissements récréatifs pour le personnel militaire). Le NAFFI c’était là où ils allaient boire une bière et vous ne pouvez pas leur parler parce qu’ils allaient là juste pour s’asseoir et réfléchir. Vous pouviez toujours le voir quand ils avaient perdu un pilote ou quelque chose. Il y a des bonnes et des mauvaises choses, ça arrive. Je pense à quand vous voyez les avions monter dans le ciel, disons une dizaine d’avions montent, disons que sept ou huit reviennent ; et vous êtes là, et vous regardez, et c’est une vision horrible vraiment quand vous y pensez – combien sont partis et combien reviennent. Il y a beaucoup d’émotion. Vous essayez tout simplement d’éviter de parler de ça ou bien vous en parlez avec humour ou quelque chose comme ça. Beaucoup de gens se vantent, mais moi je n’aime pas me vanter ? J’ai fait ceci, j’ai fait cela. On ne fait pas ça quand on parle aux gens. On essaye de faire de son mieux pour que la conversation soit plaisante, entre autres choses. Vous voyez beaucoup de choses pendant le raid aérien, particulièrement des corps démantelés et des choses comme ça, mais vous n’en parlez pas trop. Ça vous brise trop le cœur. Oui. Je viens d’une famille de six enfants. J’avais un frère et il était motard, et il est parti dans l’armée, il a été frappé de plein fouet. De plein fouet. Quand je suis allée à l’hôpital pour le voir, on ne pouvait voir que ses yeux. J’avais un autre frère. Il était dans l’armée néo-zélandaise. On était tous éparpillés. Et ça vous donne à penser, même si… Je suis la seule qui reste de toute ma famille, ça doit être l’air du Canada. Vous voyez, les anglais ont le sens de l’humour. (rire)