Project Mémoire

Omer Pinault

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Omer Pinault
Omer Pinault
Les médailles d'Omer Pinault : Médaille des Pays Bas, Étoile de 1939-1945, Étoile France-Allemagne, Médaille de la défense, Médaille canadienne du voluntaire, Médaille de la guerre 1939-1945.
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Photo d'Omer Pinault prise après la guerre.
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Un morceau d'obus façonné en objet d'art.
Omer Pinault
Parce qu’on avait toujours une couverture avec nous autres. C’était notre tombe ça, la couverture. On ne pouvait pas avoir des tombes avec tout le monde qui meurt. Je ne suis pas bien compteux de ça moi. Ce n’est pas des bons souvenirs.
Ce n'est pas des souvenirs à garder. J'ai été cinq ans dans l'armée avec les Fusiliers Mont-Royal. J'ai été trois ans en Angleterre puis la balance du temps, en France, Belgique, Hollande, Allemagne. On s'est parvenu en Angleterre. On montait des patates l'automne, le temps de la récolte. Toutes sortes de choses qu'on faisait. J'ai suivi des cours à Brighton. Chauffeur, repairman (réparateur), des cours d'entraînement. J'avais un camion, j'allais mener les gars dans les tranchées. Moi je montais. Les villages étaient tous rasés tout partout. Ce n'était pas bien beau. Les maisons étaient toutes défaites (démolies), ce qui faisait qu'on se cachait là-dedans nous-autres. Ils ne bombardaient plus celles qui étaient toutes défaites, alors on se cachait là, on couchait là, le soir... dans les caves…partout. J'ai été blessé une fois. Ce n'était pas grand'chose. J'étais touché à un bras. Je n'ai même pas été évacué. J'ai été reporté blessé pareil. C'était sur la Gazette. Mes parents ont vu ça sur la Gazette aussi et ils ont gardé le morceau de la Gazette où j'étais reporté blessé. C'était un arbre qui était tombé dans le chemin puis il y avait deux civils avec moi. Il y en a un qui s'est fait tuer dans le temps que j'ai ôté l'arbre. Parce que ça bombardait. Il y avait des arbres tombés. Ils bombardaient bien fort. Fallait que je passe moi. Fallait que j'amène les rations. Fallait que j'aille jusqu'au colonel. Il y avait toujours des chaînes sur le devant de nos « truck ». Je l'ai tiré avec mon « truck ». On l'enlève du chemin et puis on part. Puis j'enterrais des morts. J'enterrais mes copains, mes chums. Quand je montais sur le front avec mon camion, s'il y avait des morts, c'est moi qui les emmenais. On les enterrait le long du chemin puis c'était ramassé après. On les enveloppait dans leur couverture, c'est tout. Parce qu'on avait toujours une couverture avec nous autres. C'était notre tombe ça, la couverture. On ne pouvait pas avoir des tombes avec tout le monde qui meurt. Je ne suis pas bien compteux (conteur) de ça moi. Ce n'est pas des bons souvenirs.