Project Mémoire

Oren Foster

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Oren Foster
Oren Foster
Photographie publiée dans un journal non-identifié de Nouvelle-Écoss. Les notations identifiant Oren Foster et Charlie Fleet (son ami) ont été faites par Oren Foster. Légende: Cett photo de 8 des tireurs volontaires avec le West Nova Scotia Regiment a été prise en Angleterre en 1941. Ici sont photographiés: (dernier rang) C. Cameron de Maccan, F. Embree de Springhill, E. Smith de Barrington et W. Wall d'Amherst; et (premier rang) C. Fleet de Corner Brook, B. Gehue de Lawrencetown, H. Weeks de Truruo et Oran Foster de Deep Brook.
Oren Foster
Photo de l'armée canadienne
Photo de l'armée canadienne
Photo publiée dans un journal non-identifié en Nouvelle-Écosse. Légende: En Grande-Bretagne avec le West Nova Scotia Regiment, soldat O.S. Foster, Annapolis, examine la médaille de l'empire britannique, division militaire, qu'il vient de recevoir de sa Majesté le Roi. Avec lui est photographié le soldat J.E. Cook, Bear River.
Photo de l'armée canadienne
Oren Foster
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Oren Foster en uniforme de commissionnaire. Date inconnue.
Oren Foster
Il a attrapé son fusil et l’a dirigé sur moi mais le mien était pointé sur lui, un miracle tout simplement, à une fraction de seconde près c’était la fin pour moi juste là. J’ai épargné sa femme mais je suis sûr qu’il n’aurait pas épargné la mienne.

Je voulais être un soldat spécial et j’ai réussi. Je suis devenu sniper. Dans le West Nova (West Nova Scotia Regiment), il y avait 991 personnes et il y avait huit snipers. J’en étais un. Les instructeurs, c’était des anciens combattant de la Première Guerre mondiale. Et ils nous ont dit quand on a terminé la formation qu’on était dans une escouade suicide. Ils nous disaient qu’on n’avait pas une chance. Il ne restait plus que moi.

Vous étiez solitaire, tout seul, et vous deviez sortir de nuit n’importe où entre nos lignes et les lignes allemandes. Et essayer de faire des prisonniers. Si vous ne les faisiez pas prisonniers vous devez faire autre chose. Bon, vous n’y voyez pas grand-chose la nuit, pendant la journée vous devez cacher votre tête presque tout le temps. L’aube c’est le meilleur moment. Vous devez être bien caché et quelquefois il vous faut rester cacher toute la journée sans faire le moindre mouvement.

Je trouvais que le sniper allemand n’était pas un expert avec un fusil. Il ne devait vraiment pas avoir eu beaucoup d’entraînement sinon je ne serais pas là aujourd’hui. Si vous aviez l’avantage sur lui, les mains en l’air immédiatement. Criez-leur simplement Comrade – ça veut dire se rendre en allemand – juste leur crier ça, Comrade. S’il ne met pas ses mains en l’air, et bien il faut trouver autre chose. Je n’aimais pas liquider un être humain bien sûr. C’est quand même un être humain mais dans quelques cas, j’étais à quelques pas de l’allemand et je le faisais prisonnier. Je n’aime pas ce mot mais je n’aimais pas me sentir dans la peau d’un meurtrier.

Je crois que je peux penser à un. Un prisonnier allemand, il était censé être un des plus importants prisonniers capturé. Il a attrapé son fusil et l’a dirigé sur moi mais le mien était pointé sur lui, un miracle tout simplement, à une fraction de seconde près c’était la fin pour moi juste là. J’ai épargné sa femme mais je suis sûr qu’il n’aurait pas épargné la mienne. Il avait été sur le front russe, il avait été blessé, il avait été conduit sur le front italien et il a donné des informations d’importance. Et j’ai reçu une décoration pour ça. On m’a envoyé au palais de Buckingham pour rencontrer le roi et la famille royale. Et le roi m’a remis la Médaille de l’Empire Britannique. Ça a été le point fort de ma vie, la rencontre avec le roi et la famille royale. Je ne pourrais jamais oublier ça.