Origène Poulin (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Origène Poulin (source primaire)

Origène Poulin était un soldat franco-canadien qui était conscrit et envoyé aux îles Aléoutiennes avec une expédition américaine et canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir débarqué sur l'île de Kiska, il est resté pendant sept mois où il a fait face aux conditions extrêmes telles que le vent, la neige, le brouillard et la pluie. Écoutez à Poulin expliquer les conditions sur Kiska et son entraînement.

Pour le témoignage complet de M. Poulin, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

M. Origiène Poulin.
M. Origiène Poulin.
M. Origiène Poulin.<br>(Avec la permission du Projet Mémoire/Origène Poulin)
Soldat Origène Poulin, Le Régiment de Hull.
Soldat Origène Poulin, Le Régiment de Hull.
Avec la permission de Origène Poulin
Les soldats canadiens débarquent à Kiska. Août 1943.
Les soldats canadiens débarquent à Kiska. Août 1943.
Avec la permission de Origène Poulin
En Colombie-Britannique.
En Colombie-Britannique.
Avec la permission de Origène Poulin
Des soldats du Régiment de Hull posant sur l'île de Kiska. À noter que les militaires canadiens sont équipés avec du matériel américain et l'organisation régimentaire de l'époque reposait également sur celle de l'armée américaine.
Des soldats du Régiment de Hull posant sur l'île de Kiska. À noter que les militaires canadiens sont équipés avec du matériel américain et l'organisation régimentaire de l'époque reposait également sur celle de l'armée américaine.
Avec la permission de Origène Poulin

Transcription

Mon père retirait un petit peu de secours direct (une aide financière de l’État afin de soulager la misère des plus démunis). Ils appelaient le secours direct dans le temps (pendant la dépression économique des années 1930). Il ne pouvait pas aller travailler et dans ce temps-là il fallait qu’ils travaillent les gens. C’était moi qui allais travailler à sa place. En (19)39 je travaillais en camion. On travaillait en camion, on charroyait (transportait) la crème à Québec. Des charges (convois) dans ce temps-là pour les magasins qu’il y avait ici, à Saint-Martin (Saint-Martin-de-Beauce). Ensuite de ça il y avait les chantiers de Breakey (la compagnie Breakey) et les magasins qui dépendaient de ça également. Ensuite de ça, on charroyait du bois. Chargé des chars de pulpe. Ce n’était pas bien bien drôle dans ce temps-là. Tout se faisait à la main. Des billots on faisait ça à la main.

On a été appelé, ils appelaient des gens. Ils avaient fait enregistrer le monde (dans le cadre du service militaire obligatoire). Pis moi ils m’avaient fait enregistrer comme les jeunes de seize, dix-sept ans. Quand j’ai eu vingt-et-un ans ou vingt ans j’ai été appelé, il a fallu que j’ai été me rapporter à Mégantic (Lac-Mégantic, Québec), au camp militaire. C’est là que j’ai fait mon basic training (entraînement préliminaire). J’ai été là deux mois ensuite j’ai été transféré à Valcartier (Québec). Ils m’ont envoyé à Valcartier pour suivre notre entraînement. De là, au bout d’un an et demi à peu près ils m’ont envoyé en Colombie-Britannique sur l’île (de) Vancouver. J’ai passé une couple d’années, je pense bien, avant qu’ils m'envoient dans les (îles) Aléoutiennes (Océan Pacifique). À Mégantic c’était un camp général, je n’étais pas dans une unité. Mais à Valcarier, on était entraînés par des soldats et des officiers de fusiliers Mont-Royal (Les Fusiliers Mont-Royal) ou de Maisonneuve (Le Régiment de Maisonneuve) ou du 22 (Le Royal 22eRégiment). C’était de l’entraînement plus dur que Mégantic comme de raison. C’était beaucoup de marche ils appelaient ça desskeem, des pratiques, différentes pratiques. Là, ils m’ont envoyé sur l’île de Vancouver. Là, c’était encore pareil, on continuait encore à faire de l’entraînement et puis de l’entraînement. En 1943, c’est là qu’ils nous ont envoyés à Kiska dans les Aléoutiennes avec les Américains (dans le contexte de la reprise de l’île de Kiska par les forces canado-américaines le 15 août 1943). Les Américains avaient eu une grosse bataille à Attu (île d’Attu). Moi j’étais à Kiska, mais l’île voisine c’était à Attu, ils appelaient ça. Il y avait une grosse bataille avant qu’on y aille. On était allé en renfort avec les Américains. J’ai été là à peu près sept mois, je pense ben. Mais ça a été dur, ça a été dur là-bas, la température.

J’ai eu une lettre de mon régiment. Je l’ai ici quelque part, je ne sais pas où. Jamais un régiment de l’armée canadienne n’avait fait face à une telle température. La température c’était toujours de la brume, de la pluie ou de la neige. Du vent, beaucoup de vent. On était dans des tentes et puis les tentes en dernier là. Ils avaient bâti un grosshelter (abri) Les tentes écrasaient toutes au vent, même si on était calés profond dans la terre, quatre-cinq pieds. On voyait juste un petit bout pointu qui sortait. Au commencement on couchait dehors. On avait des petites pop tent (tentes militaires). Il fallait être deux pour bâtir notre tente. C’était en deux morceaux ça. Pour coucher, on couchait sur une toile, une espèce de toile. Ils appelaient uneground sheet. Comme de raison que l’eau rentrait en dessous de ça. Le premier mois qu’on a été là il a plu, je dirais 24 heures par jour. On était mouillé. L’eau nous coulait sur le corps partout. L’entraînement, il y avait eu de l’entraînement là-bas aussi, c’était assez dur. Les officiers du Maisonneuve, il y avait Ménard (le lieutenant-colonel Dollar Ménard), lui qui avait fait le débarquement de Dieppe (en Normandie, le 19 août 1942). Ils étaient deux ou trois officiers des fusiliers Mont-Royal. On était plusieurs sur le bateau que j’étais. Il y avait eu une conférence en s’en allant. Il (Ménard) nous avait dit : « Préparez-vous, ça va être dur ici. » Moi, il dit : « Je sais que je vais mourir. Je voudrais que tous vous autres vous vous en reveniez sans perdre la vie. Il ne voulait pas que personne de nous autres ne perde la vie, mais il dit : « Moi je suis sûr de mourir. » Ça nous avait impressionnés. On s’en va dans une méchante place là.

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