Project Mémoire

Owen Rowe

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Owen Rowe
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Owen Rowe, ex-Royal Canadian Air Force Flying Officer, dépose une couronne au Monument commémoratif de guerre des Forces de l'Air du Canada à Ottawa en 2000 le jour du Souvenir, en hommage aux citoyens des Antilles qui ont quitté la maison pour s'enrôler dans l'armée canadienne.
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La première réunion à Montréal, des anciens combattants antillais de la Seconde Guerre mondiale, accueilli par M. Owen Rowe - commisssaire des Caraïbes orientales pour le Canada, le 24 avril 1964.
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M. Owen Rowe en Nanimo, 1943.
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L'auteur Pat Burns (assis) signe un autographe d'une copie de son livre "Ils étaient si jeunes" ("They Where So Young") pour Owen Rowe (debout). Rowe est profilé des pages 21 à 27 du livre.
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Owen Rowe, photographié ici dans son uniforme de Royal Canadian Air Force en 1945. Rowe a participé à la Force aérienne et l'Armée de terre.
Owen Rowe
« J’aimerais saluer la fin de la guerre et je participe maintenant à ce que j’appelle la conquête de la paix. »

Transcription

Je m’appelle Owen Rowe et je suis originaire de la Barbade, dans les Antilles. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sous-marins allemands naviguaient dans nos voies maritimes dans les Caraïbes, où ils ont coulé un grand nombre de navires. Leur stratégie, bien entendu, était de tenter de couler tous les navires qui approvisionnaient les Alliés en nourriture et en matériel de guerre, afin de leur couper l’herbe sous le pied. Nous avons donc pensé que, pour faire notre part, nous irions suivre notre instruction à l’étranger. Normalement, nous serions allés en Angleterre ou en Grande-Bretagne, qu’on appelait à l’époque… La Mère Patrie. Mais c’est à ce moment que l’occasion de venir au Canada s’est présentée. J’ai quitté la Barbade le 14 mai 1942. Quoi qu’il en soit, nous avons débarqué dans le port de New York. Et nous y avons vu la Statue de la Liberté. C’est en contemplant ce spectacle grandiose que j’ai compris que c’est pour cela que nous nous battions. Vous vous battez pour la liberté et vous êtes prêt à donner votre vie pour la liberté dans le monde entier. Par après, nous avons pris le train pour Montréal et puis nous nous sommes enrôlés officiellement dans l’armée. Nous avons suivi notre instruction de base dans un endroit appelé Huntington, au Québec. C’est là que nous avons rencontré les McCoys avec qui nous nous sommes liés d’amitié. Margaret McCoy et son mari m’ont invitée, ainsi que d’autres soldats, à les visiter chez eux, sachant que nous serions seuls. Nous avons développé une chimie les uns pour les autres et, encore à ce jour, les McCoys et moi sommes toujours en contact. Quoi qu’il en soit, c’est à Kingston que j’ai suivi un cours d’instruction pour devenir radiotélégraphiste. J’ai ensuite reçu mon congé d’embarquement pour partir outre-mer. Et, ô surprise, le jour où ils nous ont appelés pour le départ, lors de l’appel nominal, mon nom n’a pas été prononcé. Et j’ai commencé à paniquer. J’ai demandé : « Que se passe-t-il? » Et ils m’ont répondu : « Nous ne sommes pas certains. En effet, vous deviez partir, mais nous ne savons pas pourquoi vous n’avez pas été nommée. Nous ne pouvons pas retenir tous ces hommes juste pour vous. » Et je me suis mise à pleurer. Je me suis écroulée. J’étais submergée par mes émotions. Tous les hommes avec qui j’avais fait mon entraînement et… c’est comme si on m’avait arraché le cœur. Toujours est-il qu’ils sont partis et par la suite, je me suis retrouvée à nouveau en liste pour partir à l’étranger – je pense que j’étais affligé d’un mauvais sort – : « Tous ceux du bloc 28, retournez. Vous demeurerez confinés dans vos casernes pendant 30 jours, l’un de vos hommes a la scarlatine. » Je ne suis donc pas partie. Par après, quand j’ai constaté que je ne serais pas déployée à l’étranger, j’ai demandé à être transférée à la force aérienne. L’armée m’a répondu : « Si vous réussissez l’examen de la force aérienne, très certainement, nous vous laisserons partir. » J’ai donc passé l’examen et j’ai joint l’armée de l’air, où j’ai assez bien réussi. Et j’ai fini par devenir lieutenant d’aviation. Pas en tant que pilote, mais j’étais… radiotélégraphiste et mitrailleur de bord. Mon premier grade était celui de sous-lieutenant d’aviation. J’ai ensuite été promue lieutenant. Lorsque l’entraînement dans l’armée de l’air a pris fin, ils ont dit : « Vous pouvez dire adieu à l’idée d’aller outre-mer parce que les Américains ont sorti la bombe atomique. La guerre tire à sa fin. Il est inutile de vous envoyer à l’étranger. » C’était ma dernière chance d’y aller. Et l’occasion ne s’est tout simplement jamais présentée. Néanmoins, j’étais dans l’armée et dans l’aviation. Nous avons tous fait notre devoir et personne ne devrait jamais avoir l’impression d’avoir failli à son devoir parce qu’il n’a pas été déployé outre-mer. Parce que gagner la guerre était un effort d’équipe auquel ont participé ceux qui sont restés au pays pour former les autres. Les infirmières… C’est une bénédiction que la guerre soit terminée. Je me consacre maintenant à ce que j’appelle « gagner la paix ». Et cela signifie que nous devons vivre de manière à éviter les situations qui engendrent la haine et les guerres.