Patrick Doucet servit dans la Marine Royale du Canada et participa activement à la bataille de l'Atlantique et à la chasse aux sous-marins allemands.
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Transcription
Lundi le 16 avril 2012. Patrick C. Doucet, un matelot d’autrefois. Je me suis enrôlé le 24 juin 1943, au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale, à la base de Donnacona, à Montréal. Comme premier-maitre mécanicien, j’avais alors vingt ans. J’avais des connaissances et de l’expérience comme machiniste, j’avais aussi en poche des permis de mécanicien de machine fixe de troisième classe en vapeur et moteur diesel. J’ai été transféré à la base de Stadacona à Halifax pour mon entrainement de base et pour suivre un cours en M.T.E. en ingénierie marine (Marine Technical Engineering). Après mon cours, j’ai servi quatre mois comme formateur et traducteur de l’anglais au français à l’école M.T.E. pour former des mécaniciens de la marine marchande des Grands Lacs qui voulaient rejoindre la RCNVR comme nous (Royal Canadian Naval Volunteer Reserve, une force de réserve de la Marine royale du Canada). Pendant mes deux années et demie de service, j’ai eu la chance de changer de navire et de territoire. J’ai connu la fermeture du fleuve Saint-Laurent en (19)43 (dans le contexte de la lutte aux sous-marins allemands). J’ai connu le convoyage de Saint-Jean de Terre-Neuve à Londonderry en Irlande du Nord et Scapa Flow. J’ai navigué sur un ancien contre-torpilleur, un destroyer américain prêt et équipé au complet à Halifax en Nouvelle-Écosse et baptisé sous le nom de Columbia I-49 pour les traversées du Grand Nord. En juin 1944, j’ai été transféré sur le balayeur de mines Fort Williams J-311 du type Bangor qui avait été récemment rénové pour aider au convoyage des cargos américains des côtes de New York et Boston via Terre-Neuve pour rejoindre Londonderry entre autres. Le 28 décembre 1944, j’ai été réquisitionné pour travailler avec douze autres membres mécaniciens afin d’opérer le dépôt de carburant au quartier nord-est de la base Avalon à Saint-Jean de Terre-Neuve. Cette base très importante, car il y avait beaucoup de trafic maritime, et ce, à cause de la préparation des convois qui passaient dans cette région pour traverser l’Atlantique Nord sans être trop près du « trou noir ». Le trou noir est une zone ou cent à cent cinquante sous-marins allemands se plaçaient pour nous torpiller. Le champ était libre pour les Allemands, car les avions (alliés) chargés de nous protéger n’avaient pas assez d’autonomie pour se rendre au-dessus de cette zone. J’ai aussi travaillé sur les petits chasseurs de sous-marins soit le Q-056 (le Fairmile Motor Gunboat, un petit vaisseau militaire) à Halifax en Nouvelle-Écosse et le Q-095 à Saint-Jean de Terre-Neuve. Le 8 mai 1945, c’est la fin de la guerre de (19)39-(19)45. Nous avons gagné la guerre. Le 14 mai à bord Q-095, notre mission a été d’aller chercher le sous-marin allemand U-boat 190 qui avait été donné à la marine canadienne après la signature de la reddition du capitaine Erwin Reith (Oberleutnant zur See Hans-Erwin Reith), Allemand, et du capitaine L. A. Hickey (le capitaine Lester Alton Hickey), qui lui était Canadien et en charge de la frégate Victoriaville K684. Le même soir, il y avait un navire prêt pour Halifax et Bowmanville, Ontario, où l’équipage allemand a été emmené pour ensuite prendre le train jusqu'à la prison de guerre. Dimanche, le 20 mai 1945, nous avons livré le sous-marin U-190 à Bay of Bulls via Saint-Jean de Terre-Neuve en attente des sous-mariniers de la RN (Royal Navy, marine de guerre britannique), qui eux allaient prendre en charge le navire sous-marin. À la fin de la guerre, j’ai été réquisitionné sur l’Aristocrat Z-46 à Halifax, Nouvelle-Écosse, un remorqueur de marchandise pour le déchargement du matériel et des munitions des navires de guerre canadiens en provenance de l’Europe, où plusieurs pays étaient impliqués par la démobilisation. J’ai quitté officiellement la marine le 20 novembre 1945. Mon travail était fini. Juste avant ma démission, on m’a demandé de rester dans la marine RCN permanente (la force régulière de la Marine royale du Canada), comme sous-lieutenant officier pour aller suivre un cours d’ingénieur sous-marinier en Angleterre, mais j’ai refusé, car je ne voulais pas être loin de ma famille. Après la marine, j’ai continué mes études. Je suis diplômé de la Canadian Institute of Science and Technology de Toronto, Ontario, en génie de maintenance générale. J’ai été chercher mon permis de la classe A1 de mécanicien de machine fixe, ce qui m’a permis de travailler chez Merck Canada à Valleyfield durant dix ans ainsi qu’à l’hôpital St. Marys à Montréal pendant dix ans et à l’hôpital de Valleyfield comme contremaître pendant vingt-trois ans. J’ai pris ma retraite à l’âge de soixante-quatre ans. Je suis membre de la Légion (royale) canadienne 62 depuis soixante-sept ans. Je suis maintenant le « doyen » du club. Je suis aussi membre de l’Association royale canadienne de la marine depuis vingt-neuf ans. Merci de m’avoir écouté parler. À la prochaine.